samedi 10 septembre 2011

Retour sur la transformation d’HP

jeudi 8 septembre 2011

A l’occasion de la présentation des résultats financiers du troisième trimestre, Leo Apotheker, fraichement nommé CEO d’HP quelques mois auparavant, présentait la nouvelle stratégie de son entreprise et annonçait des décisions majeures engageant fortement l’avenir de la firme de Palo Alto : Arrêt de la commercialisation du Touchpad mis en commercialisation quelques semaines auparavant, examen de l’avenir de la division Personal Systems Group pouvant aller sur la cession totale de l’activité et rachat de l’éditeur britannique de logiciels Autonomy. Autant de décisions qui ont surpris et que Gérald Karsenti (1), Pdg de la filiale française depuis le mois de juin, a tenu à expliquer et à commenter (voir également la Tribune dans la présente lettre) l’ensemble de ces éléments, à l’exception du rachat d’Autonomy qui est un sujet en soi.

« Ce que nous faisons n’est pas nouveau et le mouvement vers des activités apportant de la valeur à nos clients est engagé depuis plusieurs années »précise d’emblée Gérald Karsenti, Pdg d’HP France. Ce mouvement a été accéléré par le rachat d’entreprises et de technologies permettant à HP de gagner du temps dans cette course à un meilleur positionnement. Les principaux rachats ces dernières années sont les suivants :
- Personal Systems Group : Palm et son système d’exploitation WebOS ;
- Imaging and Printing Group : Extream, MPS ;
- Software : Mercury, Opsware, Peregrine, Vertica et tout récemment Autonomy ;
- Services : EDS ;
- Enterprise Storage, Servers and Network : 3PAR, 3com ;

La stratégie technologie qu’HP qualifie de « bout en bout » s’appuie sur deux univers totalement distinct :
- Les solutions technologiques et métiers visant les entreprises
- les utilisateurs, à la fois en entreprise et grand public.

Pour HP, ces deux univers s’appuient sur des gouvernances, des compétences et des modes opératoires différents nécessitant deux profils de fournisseurs. Le premier requiert la capacité à capter les projets clients et à bien identifier les besoins métier. Le second nécessite d’être centré sur les nouveaux usages. D’où la réflexion sur l’avenir de la division PSG qui sera arrêté à la fin de l’année. Et aucune hypothèse n’est exclue : statu quo, possibilité d’une spin off ou cession partielle ou totale.

Trois semaines après l’annonce de Leo Apotheker, l’hypothèse la plus vraisemblable est la constitution d’une filiale indépendante. Presque pas élimination naturelle des deux autres. Le statu quo serait plutôt surprenant car pourquoi faire une telle annonce qui génère de l’incertitude et de la confusion sur les marchés et chez les clients si c’est pour ne rien changer. La cession n’est pas simple car rares sont les entreprises qui pourraient se permettre de racheter la division PSG qui, rappelons-le, est numéro Un mondial du marché des PC avec près de 20 % et un chiffre d’affaires de plus de 40 milliards de dollars.

Les problèmes posés par la situation actuelle sont de deux ordres, indique Gérald Karsenti. D’abord, sur un marché où les technologies évoluent aussi rapidement, PSG pourrait être ralenti par la taille d’HP. Rappelons qu’HP est le numéro Un du secteur informatique devant IBM. Une séparation ne pourrait que permettre à la nouvelle entité d’être plus véloce afin de rester n°1 des PC. Le deuxième inconvénient est que PSG pourrait subir les arbitrages inévitables entre les différentes divisions et même en pâtir. « Il faut donner à la division PSG toutes les chances pour rester n°1 mondial », résume Gérald Karsenti qui affirme que la trentaine de clients avec qui il a été contact depuis l’annonce ont accueilli cette nouvelle de manière positive.

La stratégie d’HP s’appuie sur trois axes :
- La convergence des technologies basée depuis plusieurs années sur ce qu’HP a baptisé de converged infrastructure ;
- La flexibilité apportée désormais par le cloud computing, domaine dans lequel HP entend être un acteur majeur ;
- Et enfin le management de l’information qui justifie selon HP le rachat d’Autonomy.

L’arrêt de la commercialisation du TouchPad, quelques semaines seulement son lancement, ne signifie pas pour HP la fin de WebOS, qui constitue la pépite du rachat de Palm. D’ailleurs, le rattachement à la division Software témoigne de la volonté d’HP de continuer à le développer et à l’utiliser dans d’autres produits comme par exemple les imprimantes.

Le marché de l’IT est devenu extrêmement complexe, poursuit le Pdg France, regroupe désormais deux grandes familles d’acteurs. D’un côté, ceux qui se développent grâce à l’innovation, de l’autre, ceux qualifiés de « traditionnels » qui se concentrent principalement sur les coûts. « Les leaders ne font pas toujours ce que veulent les marchés », conclut-il.


_________
(1) Gérald Karsenti a indiqué lors de sa présentation qu’il n’était pas informé de ces changements majeurs avant de prendre la présidence d’HP France.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire