dimanche 4 septembre 2011

L'e-commerce en Europe : un développement très inégalitaire

Par Gaël LOMBART, 31/08/2011

Selon un rapport remis fin août au Parlement européen, la proportion d'e-acheteurs en Europe a doublé en cinq ans. Une tendance qui profite aux pays d'Europe du nord, Suède et Pays-Bas en tête. Les pays du sud et de l'est sont à la traîne.


Une forte croissance mais des disparités. C'est la principale conclusion du rapport sur l'e-commerce en Europe remis, mardi 30 août, aux députés européens en charge du marché intérieur et des droits des consommateurs. Rédigé par des consultants et une universitaire britanniques, il note une nette progression globale du nombre d'e-acheteurs dans l'Union, dont le nombre a doublé depuis 2005 pour atteindre 40 % en 2010.

Des disparités au sein de l'UE
Mais ce chiffre dissimule de fortes inégalités, dont pâtissent principalement les pays du sud et de l'est du continent. Tandis que leurs homologues du nord, Suède, Pays-Bas, Royaume-Uni et Danemark, caracolent en tête avec plus de deux tiers de consommateurs en ligne, la Roumanie, la Bulgarie, la Lituanie, la Grèce, l'Italie et le Portugal ne comptabilisent pas plus de 15 % d'e-acheteurs. Dans 19 pays sur 27, le nombre d'acheteurs sur Internet est ainsi minoritaire. La France, l'Allemagne, la Finlande et le Luxembourg dépassent quant à eux la barre des 50 %.

Le rapport constate que les pays qui ont connu de fortes croissances ces cinq dernières années sont majoritairement ceux où l'e-commerce était déjà bien implanté en 2005. Mais là encore, il faut distinguer le cas de la Suède, qui a connu une poussée fulgurante sur la période (50 %), à celui de la France qui avait convaincu avant 2005 la majorité de ses e-acheteurs actuels.

Un taux de pénétration d'Internet variable
Si le secteur est à la traîne dans de nombreux pays, c'est d'abord une question de taux de pénétration d'Internet, observe le rapport. Certes 70 % des ménages européens ont accès au Web, ce qui garantit au secteur un fort potentiel de croissance. Mais ce chiffre ne dépasse pas 55 % dans cinq pays : la Bulgarie (dont les habitants ne sont qu'un tiers à se connecter à domicile), la Roumanie, la Grèce, Chypre et le Portugal. Soit, peu ou prou, les mêmes qui affichent de faibles performances en matière d'e-commerce. À l'inverse, 91 % des Néerlandais peuvent utiliser Internet chez eux. Et l'Internet mobile ? Il ne change rien au problème puisque la proportion de Roumains, Bulgares, Chypriotes ou Maltais à y avoir accès ne dépasse pas 20 %.

Le rapport livre quelques données intéressantes sur le comportement des e-acheteurs européens. En 2010, seuls 23 % d'entre eux ont passé commande sur un site marchand implanté dans un autre État membre. Une donnée à mettre en perspective avec la proportion de sites marchands qui proposent la vente à l'étranger sans traduire leur site : 42 %. Le document confirme en outre que les consommateurs en ligne privilégient l'achat de vêtements et de biens et services de voyages aux produits high-tech.

Les consommateurs évoquent constamment les risques associés à l'usage d'Internet, explique aussi le rapport. 63 % d'entre eux pensent qu'il y a un risque supplémentaire de fraude, tandis que 56 % estiment qu'il y a un risque que des tiers aient accès à leurs informations personnelles. Pour contourner ce frein, les auteurs recommandent de lutter contre le commerce illégal et encouragent la création de labels paneuropéens.

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