mardi 27 septembre 2011

La France à la traîne dans l'économie numérique mondiale

27/09 | 15:34 | mis à jour à 15:37 | Romain Gueugneau

La Business Software Alliance, une organisation qui représente les intérêts des éditeurs de logiciel, pointe dans une étude les déficiences du secteur en terme d'investissements et réclame davantage de soutien de la part des pouvoirs publics.

Ecrit par
Romain GUEUGNEAU
Romain GUEUGNEAU
Journaliste

La France décroche dans la course à l'innovation mondiale. Une étude publiée aujourd'hui par la Business Software Alliance (BSA) révèle que le pays a perdu quatre places au classement mondial de la compétitivité dans les technologies de l'information par rapport à la précédente édition, réalisée en 2009. La France se hisse désormais au 21ème rang des nations -l'index recense 66 pays -loin derrière les Etats-Unis, la Finlande et Singapour, qui composent le trio de tête de ce classement. En Europe, elle arrive onzième, devancée par le Royaume-Uni, la Norvège, l'Allemagne ou encore l'Autriche.

Le classement, élaboré par l'institut d'études de The Economist, analyse la situation des pays et leur attribue des notes selon six critères : la conjoncture économique, l'infrastructure informatique, les ressources humaines, la recherche et développement (R&D), l'environnement juridique et les aides publiques au développement du secteur informatique. La France demeure bien notée dans le domaine des infrastructures, alors que le pays jouit notamment d'un taux d'équipement important dans le haut débit, puisque environ trois quarts des foyers français sont connectés. L'environnement légal s'améliore aussi, avec des avancées dans le domaine de la signature électronique, de la confidentialité des données et de la législation sur la cybercriminalité.

La France accuse en revanche un certain retard par rapport aux autres pays au niveau des investissements en R&D, mais aussi du capital humain. « Le nombre de postes dans l'informatique est relativement stable depuis 2009, remarquent les auteurs de l'étude. Mais pour une population comparable, la France propose nettement moins de postes que sur des marchés similaires comme le Royaume-Uni. » Le déficit de ressources humaines est cité de façon récurrente par les professionnels du secteur, les SSII comme chez les éditeurs de logiciels, comme l'un des freins potentiels à leur développement. Alors que dix mille créations d'emploi sont prévues dans l'informatique en 2011 selon les estimations du Syntec Numérique, les entreprises redoutent depuis le début de l'année de ne pouvoir subvenir à leurs besoins en main d'oeuvre.

« Small Business Act »

Parmi les principaux problèmes relatifs au manque de compétitivité de la France dans l'économie numérique, le BSA pointe la faiblesse du soutien des pouvoirs publics. « Cette étude fait écho aux récentes initiatives gouvernementales dans le cadre des ses investissements d'avenir ou encore le plan numérique 2020 présenté par le ministre Eric Besson. Mais il faut aller plus loin, estime Jean-Sébastien Mariez, avocat du comité de BSA en France. Il s'agit plus que jamais de soutenir les PME innovantes, qui représentent la base de l'industrie des technologies de l'information. » A l'instar d'autres organisations professionnelles comme l'AFDEL ou le Syntec Numérique, le BSA, qui représente les intérêts des principaux éditeurs de logiciels dans l'Hexagone, plaide pour la mise en place d'un « Small Business Act » à la française : le principe, en vigueur aux Etats-Unis, consiste à privilégier les PME lors des appels d'offre réalisés par l'administration pour ses projets informatiques.

Dans le contexte de rigueur budgétaire actuel, et alors que le projet de loi de finances est en préparation, les professionnels craignent en outre une révision des avantages fiscaux accordés aux entreprises du secteur. Si le crédit impôt recherche n'a pas encore été remis en cause, le statut de jeune entreprise innovante, qui octroyait à l'origine des exonérations de charges et d'impôt, a déjà été réformé cette année. « Un nouveau coup de rabot serait très préjudiciable à l'industrie du numérique dans le pays, prévient Jean-Sébastien Mariez. Il faut au contraire élaborer une fiscalité innovante pour le secteur, et cohérente avec les ambitions politiques, si l'on ne veut pas que l'écart se creuse avec nos voisins. »

ROMAIN GUEUGNEAU
Index 2011 de la compétitivité dans les technologies_France

http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/tech-medias/actu/0201663551651-la-france-a-la-traine-dans-l-economie-numerique-mondiale-225038.php?xtor=EPR-1500-[la_une_soir]-20110927-[s=461370_n=3_c=304_]-361033@1

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