mardi 13 septembre 2011

Pourquoi Facebook réalise un test d’Opt-out ?

Facebook ne risque-t-il pas de faire face à un "tsunami" d’opt-out ? Les utilisateurs ont-ils envie de pub sur un espace que la majorité d’entre eux considère comme privé, voire intime?
(07/09/2011)

On apprenait il y a quelques jours que Facebook réalisait un test d'opt-out publicitaire.
L'utilisateur aurait la possibilité de stopper l'affichage des bannières en cliquant sur une croix directement présente sur la publicité affichée. Cette action entrainerait l'arrêt de la diffusion de toute publicité ou des publicités du même type.

Personne ne sait si ce test sera extrapolé. Ce qui est intéressant, c'est le fait même que le leader des plateformes sociales réalise ce test. En effet, on sait que Mark Zuckerberg n'a jamais réellement porté la publicité dans son cœur. Pour autant, à quelques mois d'une éventuelle introduction en Bourse, ce test est un message en soi !
Le fait est que le taux de clic sur les bannières de Facebook est particulièrement bas : entre 0,01% et 0,05% ! Ce taux n'incite guère les annonceurs à acheter de l'espace publicitaire. L'objectif de ce test serait donc d'optimiser ce taux de clic en pariant sur le fait que les utilisateurs qui continueront d'accepter l'affichage de bannières sont a priori plus réceptifs à la pub et donc plus enclin à cliquer. Mais rien n'est moins sur et surtout le risque d'un tsunami d'opt-out est très réel !
Plusieurs études ont montré que les utilisateurs de Facebook n'aimaient pas que la pub envahissent leur mur. Pour ceux qui s'en rappellent, la mise en place de la « Do not call registry » en 2007 aux US, l'équivalent de la liste anti-prospection de France Télécom, avait ruiné le télémarketing outre-Atlantique. Puisque 77% des Américains se sont inscrits sur la liste en quelques mois !
L'affichage d'une publicité sur votre mur Facebook n'est certes pas comparable à l'intrusion d'un appel téléphonique commercial chez vous à 21 h, mais il est fort probable que le volume d'inscriptions à l'opt-out ne soit pas négligeable !

Ce qui est étonnant, c'est qu'en voulant optimiser le taux de clic sur ses bannières, Facebook reste sur le modèle publicitaire d'un média « classique ». On profite du trafic pour pusher des messages ! Certes ces messages sont personnalisés en fonction du profil de l'utilisateur mais le modèle est loin de la philosophie du web 2.0...

Quelle serait alors la solution ?


Il y en a plusieurs et tout dépend bien entendu de quel coté l'on se place. Surtout, à quelques mois de l'IPO, il faut bien évidemment garder en tête la nécessité pour Facebook de valider ses sources de revenus !

Si l'on reste sur un modèle publicitaire classique, qui reste malgré tout encore pour l'instant efficace pour l'annonceur ET rémunérateur pour le média, il faut bien évidemment optimiser le taux de clic. Dans ce cas, rien de tel selon moi qu'un meilleur ciblage qui reste le point faible de la plateforme actuelle. Les critères de ciblage sont encore trop simplistes et ne permettent pas de mettre en place de vraies tactiques de target marketing. Attention cependant : les utilisateurs de Facebook surveillent de près les modalités d'exploitation de leurs données personnelles à des fins publicitaires (on se rappelle de la polémique autour de Beacon). Cela limite en définitive considérablement les capacités de qualification et de ciblage de la plateforme.
Coté utilisateurs, la mise en place de véritables outils de permission marketing seraient un plus mais le principal obstacle me semble sociétal : les utilisateurs ont-ils envie de messages publicitaires ciblées sur un espace que la majorité d'entre eux considère comme privé, voire intime ?
Une dernière solution, plus proche des nouveaux modèles orientés web 2.0, serait de faire payer les marques pas tant comme des « annonceurs » mais plutôt en tant qu' « animateurs de communauté » et/ou « propriétaires d'espaces Fan » ou encore « éditeurs et exploitants d'applications ». Il y a quelque mois, Facebook a déjà fait évoluer dans le bon sens ses fanpages. Encore un effort et ces nouveaux espaces plus conversationnels que publicitaires auront une valeur inestimable pour la marque... et donc pour Facebook. Surtout, parce qu'ils « encapsulent » le « fichier » des fans, ces pages apportent à la marque bien plus qu'un espace pub traditionnel, notamment en termes de connaissance des contacts. Reste à Facebook à approfondir cette démarche en prenant exemple sur les best practices du CRM et/ou du SRM.

Dans tout les cas, il est clair que Facebook devra faire évoluer sinon son business model du moins les modalités de se faire rémunérer par les marques. D'autres sources de rémunérations comme les Facebook credits sont également très prometteuses.
En attendant, je serais curieux de connaître les résultats du test en cours : tsunami d'opt-out ou pas ? Augmentation du taux de clic ou pas ?

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