Le président et le directeur général de Cdiscount dévoilent leurs ambitions pour "C le Marché", la marketplace lancée le 8 août 2011 par le leader français de l'e-commerce.
Publié le 07/09/2011
JDN. Pourquoi Cdiscount ouvre-t-il une marketplace ?
Olivier Marcheteau. D'une part, elle nous permet de démultiplier immédiatement notre offre et donc de consolider notre position de leader. Fin septembre, le site comportera déjà plusieurs dizaines de milliers de références supplémentaires. C'est donc une opportunité majeure de chiffre d'affaires additionnel. D'autre part, cette initiative est porteuse de rentabilité à moyen terme, puisque nous prenons une commission sur les produits vendus par les marchands tiers, sans prendre de risque en matière de stock ni avoir de frais logistiques ou après-vente.
Nous avons commencé sur deux segments où la largeur d'offre est telle que nous ne sommes pas capables de tout adresser : les produits culturels et les instruments de musique. Mais nous pensons qu'il est intéressant d'enrichir notre offre sur toutes les catégories de produits.
Combien de marchands regroupe actuellement C le Marché et combien voudriez-vous en compter à terme ?
Olivier Marcheteau. Fin août, ils étaient une quinzaine, qui nous ont déjà permis d'augmenter notre offre de 20%. Fin septembre, ils seront quelques dizaines, soit 40% d'offre en plus. Nous pensons atteindre une centaine de marchands à la fin de l'année, ce qui correspondra à une multiplication de l'offre par deux.
L'amélioration de l'offre se perçoit immédiatement. En accueillant Avenue des Jeux en août, le nombre de références jeux sur Cdiscount est instantanément passé de 5000 à 14 000. Avec Milonga, nous avons ajouté 7000 références d'instruments de musique que nous n'aurions probablement pas proposées sinon. Sur les DVD, où Cdiscount est historiquement très fort, nous avons triplé notre offre d'un coup.
Vous dites viser le doublement de votre offre... Quelle part de votre volume d'affaires souhaitez-vous que C le Marché occupe, à terme ?
Olivier Marcheteau. Nous avons de grandes ambitions pour notre galerie marchande mais elle ne constitue pas une fin en soi : nous n'allons pas changer le business model de Cdiscount. La part de l'offre en propre restera majeure et prépondérante dans le chiffre d'affaires. Ceci dit, nous voulons que la marketplace soit suffisamment grosse pour justifier les investissements que nous lui consacrons et le temps qu'y passent nos partenaires.
Pourquoi avoir attendu 2011 pour ouvrir une place de marché ?
Emmanuel Grenier. Entre 2006 et 2008, notre objectif était d'être les plus dynamiques sur les prix. Nous estimions que la meilleure méthode pour cela était de construire notre offre nous-mêmes. C'est ainsi que nous nous sommes lancés dans l'électroménager, la maison, le vin, les bijoux, le textile, les jouets... Nous avons labouré notre offre en propre sur tous les univers, en étant très forts commercialement, jusqu'à atteindre une crédibilité et une masse critique sur toutes ces catégories. Cette première phase de prise de position a duré jusqu'en 2007-2008.
Ensuite, nous avons consolidé tous les fondamentaux de la vente en ligne, par d'importants investissements en matière d'ergonomie du site, de service client, de logistique, de façon de faire les achats... Nous entrons aujourd'hui dans la phase suivante, celle de la diversification de notre modèle, en abordant la deuxième façon de renforcer notre offre : par une galerie marchande.
Olivier Marcheteau. Nous n'excluons pas pour autant de lancer à nouveau, en propre, d'autres univers produits. Mais les grandes idées, nous les avons déjà eues.
Par ailleurs, cette diversification passe d'ailleurs aussi par la monétisation de notre audience : lancée en 2010, notre régie publicitaire emploie désormais 50 collaborateurs.
Combien de personnes travaillent sur C le Marché, chez Cdiscount ?
Emmanuel Grenier. Nous avons une équipe dédiée d'une dizaine de personnes, appelée à grandir rapidement, à laquelle s'ajoutent bien sûr les contributions des autres services. Par exemple, nous avons très tôt associé les achats au projet, pour qu'ils ne perçoivent pas C le Marché comme de la concurrence mais en deviennent au contraire acteurs. Ainsi, ce sont les achats qui ont aidé à identifier les vendeurs intéressants.
Les marchands qui commercialisent leurs produits sur des places de marché suspectent souvent ces dernières de se servir d'eux comme de lièvres, puis de récupérer les produits à meilleure marge. Comment les rassurez-vous ?
Emmanuel Grenier. Nous sommes déjà présents en propre sur toutes les catégories de produits. D'une part, nous ne nous servons pas de la marketplace pour ouvrir des catégories où nous ne sommes pas encore présents et préparer notre propre lancement. D'autre part, la concurrence est partout, permanente. Aux marchands de savoir s'ils veulent bénéficier d'une vitrine complémentaire sur Cdiscount ou non. Maintenant, il est vrai que pour bien vendre sur Cdiscount, il faudra effectivement être bien placé en offre.
Olivier Marcheteau. Et puis franchement, pour suivre l'offre d'un marchand, il n'est pas nécessaire qu'il vende sur votre marketplace...
Qu'est-ce qui différencie C le Marché des galeries marchandes d'Amazon, Rueducommerce, Pixmania, Fnac, maintenant Priceminister... ?
Olivier Marcheteau. Ce qui nous différenciera, ce sera d'abord la taille de Cdiscount et donc la visibilité offerte aux marchands partenaires, ainsi que notre taux de transformation plutôt élevé. Nous mettons également à leur service nos moyens et poussons leurs produits comme nos propres offres. Par ailleurs, nous avons beaucoup investi afin de garantir la fluidité informatique de la galerie marchande, dont nous jugeons primordiale l'efficacité technique. Enfin, nous sortirons plusieurs innovations dans les mois à venir, que nous préférons ne pas dévoiler encore.
Autant de marketplaces concurrentes peuvent-elles cohabiter ?
Olivier Marcheteau. Oui, à partir du moment où elles touchent une audience large, savent rentabiliser la présence de leurs visiteurs, sont bien construites, efficaces, et fournissent aux marchands des outils leur permettant d'analyser leurs ventes. Ensuite, le choix relèvera pour les vendeurs de l'arbitrage de rentabilité : quelles sont les marketplaces qui permettent de toucher les consommateurs pour un prix raisonnable, en comparaison aussi de tous les autres canaux marketing qui existent aujourd'hui, comme Google ou l'affiliation.
Où en est le déploiement de la livraison des commandes Cdiscount en points de retrait ?
Olivier Marcheteau. Nous avons livré plus d'un million de colis avec ce mode de livraison depuis sa création. Fin 2011, nous en serons à 200 points de retrait pour les colis de plus de 30 kilos, dans des magasins Géant, Casino et d'autres gros supermarchés. Nous livrons les colis de moins de 30 kilos dans plus de 1000 magasins Casino et nous déployons aussi ce service sur l'enseigne Franprix en région parisienne. Ce mode de livraison, qui est jugé pratique et économique, rencontre un grand succès.
Nous voulons aussi en faire profiter les magasins. Nous menons des expériences sur des coupons à valoir pour un achat immédiat dans le magasin où le client retire sa commande Cdiscount. Les magasins y voient leur intérêt et c'est un élément de différenciation forte vis-à-vis des clients.
Toujours en matière de synergies multicanales, nous déployons depuis la semaine dernière l'intégration des meilleures offres commerciales de Cdiscount dans les magasins Géant et dans les prospectus de l'enseigne, pour procurer une présence physique à Cdiscount.
Avez-vous totalement renoncé à vos ambitions européennes ?
Olivier Marcheteau. Notre projet est purement français. C'est un marché très dynamique, très concurrentiel, qui mérite que nous lui consacrions tous nos efforts. Et cela nous réussit : la France est le seul marché d'Europe où le leader de l'e-commerce est un acteur local.Olivier Marcheteau, 41 ans, est depuis octobre 2010 directeur des activités e-commerce non alimentaire du groupe Casino et président de Cdiscount. Diplômé d'HEC, il était, depuis 2008, directeur général grand public et Internet du groupe Microsoft France. Depuis 2001 au sein du groupe Microsoft, il a successivement occupé les fonctions de directeur marketing MSN France (2001-2004), directeur MSN/Windows Live Europe (2004-2006), puis directeur général services Internet (2006-2008). Il a, auparavant, été assistant manager puis brand manager chez Procter & Gamble France (1994-1997), avant de rejoindre la direction marketing de Nike (1997-2000) puis de devenir directeur marketing chez Aucland.fr (2000-2001).
Emmanuel Grenier, 40 ans, est depuis mars 2008 directeur général de Cdiscount. Diplômé de l'Ecole Supérieure de Chambéry, il a fait toute sa carrière au sein du groupe Casino où il a travaillé pendant six ans à l'international, en Pologne, à partir de 1996, lors de l'ouverture des marchés en Europe de l'Est. Nommé ensuite directeur général d'Easydis, la filiale logistique du Groupe Casino, il était en charge des flux logistiques à destination des 110 hypermarchés, 450 supermarchés et 6 000 points de proximité du groupe Casino en France.
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