dimanche 4 septembre 2011

L’acquisition de T-Mobile par AT&T remise en question

jeudi 1 septembre 2011

Le ministère de la Justice américain (DoJ) vient de lancer une procédure judiciaire remettant en cause l’acquisition de l’opérateur mobile T-Mobile par AT&T. Rappelons que c’est en mars dernier qu’AT&T procédait (AT&T rachète T-Mobile)à l’acquisition de T-Mobile, la filiale américaine de Deutsche Telekom spécialisée dans la téléphonie mobile. Le montant de l’opération se monte à 39 milliards de dollars, un des plus élevés dans le secteur des télécom jamais réalisé. Depuis cette date, le secteur de la téléphonie mobile a été bouleversé par le rachat de Motorola Mobility en chute libre par Google.

« Voilà des années qu'il est clair que le secteur des télécoms ne peut maintenir le nombre d'acteurs dont il dispose. Cela allait cependant à l'encontre du sacro-saint principe de la régulation, selon lequel un grand nombre d'acteurs est nécessaire. Tout comme l'avait déjà démontré le secteur du fixe il y a de cela 10 ans, cette stratégie n'est pas viable. Si cette opération est approuvée (les 2 principaux intéressés ne se seraient pas risqués à cette annonce si les probabilités d'obtenir une approbation n'étaient pas très élevées), cela signifiera que les organismes de régulation auront accepté l'idée qu'il existe un compromis entre le nombre d'acteurs et d'autres objectifs (tel que le haut débit en milieu rural), et se seront inclinés sous la pression du marché », expliquait Didier Givert, Directeur PRTM en charge de l’activité Télécoms dans une Tribune publiée dans nos colonnes (Quelles sont les implications de l'acquisition de T-Mobile par AT&T ? Par Didier Givert, Directeurs PRTM en charge de l’activité Télécoms).

« Le secteur se dirige à nouveau vers un duopole (AT&T et Verizon s'imposant comme uniques survivants à long terme sur le marché américain) poursuivait l’analyste. Aucun organisme de régulation n'accepterait cette perspective de nos jours, mais c'est ce vers quoi ils s'achemineront peu à peu ».

Sans préjuger de l’issue de cette procédure engagée par le gouvernement américain, l’opération est donc pour l’instant suspendue. Le ministère de la Justice américain explique cette transaction de 39 milliards de dollars « réduirait significativement la concurrence avec pour conséquence des prix plus élevés, des services de moindre qualité, moins de choix et des produits moins innovants ».

Selon le DoJ (Pour lire le document complet publié par le ministère américain de la Justice), la présence de T-Mobile a joué un rôle important pour maintenir à un niveau élevé la concurrence entre les opérateurs, notamment en proposant des prix agressifs. T-Mobile est aussi un opérateur innovant avec de nombreuses « premières » : terminal sous Android, Blackberry avec le système de messagerie, des accès hotspot et une large gamme d’offres illimitées. T-Mobile a aussi été le premier opérateur à ouvrir un réseau haut débit basé sur la technologie HSPA+.

La téléphonie mobile joue un rôle important dans la vie des Américains dont la quasi-totalité est aujourd’hui équipé d’un mobile, un PC portable, une tablette ou un quelconque terminal. Les quatre principaux opérateurs actuels - AT&T, T-Mobile, Sprint et Verizon – représentent plus de 90 % du marché américain de la téléphonie mobile.

Selon la pliante du DoJ, AT&T et T-Mobile sont en concurrence frontale, notamment sur les 97 zones cellulaires les plus importantes du territoire américain.

Pour le DoJ, il n’est absolument pas prouvé que la fusion apporte les bienfaits que leurs deux parties ont présentés. Au contraire, il considère qu’elle engendre plus d’inconvénients que d’avantages. Elle rappelle au passage que les deux entreprises possèdent leur siège dans l’Etat du Delaware, qui est une sorte de paradis fiscal sur le territoire américain.

Dans un communiqué laconique, AT&T s’estime « surpris et désappointé par cette action alors que nous avons rencontré le DoJ à maintes reprises et que de dernier n’a jamais formulé aucune réserve. Nous demandons un nouvel examen de ce rachat qui permettrait de montrer les bénéfices qu’il apportera (…) Nous sommes décidé à contester vigoureusement cette remise en cause. Parmi les bénéfices apportés par ce rachat :
- Aider à résoudre le problème de la limitation du spectre électromagnétique et améliorer le service ;
- Permettre à AT&T de déployer son réseau 4G LTE à quelques 55 millions d’Américains pour toucher 97 % de la population ;
- autoriser de nouveaux investissements et créer des milliers d’emplois »

On ne peut qu’exprimer des réserves sur le dernier point dans la mesure où généralement les fusions d’entreprises - sous couvert de la fameuse synergie - se soldent en général par des réductions d’emplois.

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