mardi 30 août 2011

Que va faire Google de ses 49 acquisitions de 2010 ?


© Photomontage/Journal du Net
6 rachats en 2009, huit fois plus en 2010. Avec 49 acquisitions l'année dernière, Google a bien profité de la crise économique pour accélérer sa croissance externe, conformément à sa stratégie annoncée. En rachetant pratiquement une société par semaine, le géant du Web semble avoir établi un record en la matière. Un peu plus de la moitié de ces opérations sont connues. A quoi vont-elles servir ? Si beaucoup ne se révèlent pour Google qu'une méthode alternative de recrutement, d'autres ont un intérêt stratégique évalué à plusieurs centaines de millions de dollars. Technologie, savoir-faire, équipes... Voici, par activité, les raisons de ces rachats.

Leader incontesté des liens sponsorisés, Google se tourne depuis quelques années vers la publicité graphique (display). Le moteur de recherche avait notamment racheté le spécialiste de la publicité en ligne DoubleClick en 2007 pour 3,1 milliards de dollars.

Le rachat d'Invite Media en juin 2010 doit lui permettre d'aller plus loin. Cette société possède une technologie de gestion des campagnes sur les places de marché publicitaires.

A travers DoubleClick, Google possède une place de marché permettant d'un côté aux annonceurs et agences d'acheter des espaces publicitaires, et de l'autre aux éditeurs de sites et régies d'en vendre. Se basant sur cette solution de DoubleClick, il avait lancé la plate-forme AdX fin 2009.

Avec Invite Media, Google veut séduire annonceurs et éditeurs de sites, y compris ceux qui utilisent les places de marché concurrentes d'AdX. Car cette jeune société, née en 2007 et rachetée 81 millions de dollars, fournit une "méta" place de marché. Elle permet en effet d'acheter et de vendre sur les différentes places de marché du secteur, dont celle de Google, Yahoo (Right Media) ou encore Microsoft (AdECN).

Acquisitions de Google dans la publicité en 2010
MoisCibleMontant (millions de dollars)
MaiAdMob681
JuinInvite Media81
Source : Google / JDN



Mais la principale acquisition de Google en 2010 dans la publicité est celle d'AdMob, qui a couté 681 millions de dollars, principalement en actions. Elle permet également au moteur de se renforcer dans le display, mais pas sur le Web. AdMob est une régie publicitaire mobile, à la fois de sites et d'applications. Ce rachat s'inscrit dans le cadre de l'offensive de Google dans le mobile. Le moteur de recherche se positionne ainsi face à l'essor rapide de la navigation web depuis les téléphones portables et de la publicité qui l'accompagne. A noter qu'AdMob n'est pas réservé aux téléphones utilisant le système d'exploitation maison Android.


Le mobile constitue un autre axe de développement important pour Google. La société a pris position dans la publicité mobile avec AdMob, mais s'est également renforcée dans la technologie.

Pour ce faire, Google s'est tourné vers l'Europe. Deux acquisitions ont eu lieu dans ce domaine l'année dernière, l'une au Royaume-Uni et l'autre en Grèce.

En mai, Google rachète Simplify Media, une société britannique qui a développé une solution de synchronisation entre l'ordinateur et le mobile.

Le service et l'application iPhone ont disparu avec le rachat. Mais elle devrait réapparaître prochainement sur Android. L'un des dirigeants de Google a indiqué que la technologie de Simplify Media sera utilisée dans le futur service que le moteur prépare pour concurrencer iTunes. Elle devrait permettre d'accéder sur téléphone portable aux morceaux de musique, photos et vidéos stockées sur ordinateur.

Acquisitions de Google dans le mobile en 2010
DateCibleMontant
MaiSimplify MediaNC
OctobreBlindTypeNC
Source : Google / JDN


Autre rachat dans le domaine du mobile, celui de BlindType en octobre. Cette start-up grecque a mis au point une solution de clavier virtuel pour écran tactile. Contrairement à ses concurrents, cette application autorise l'utilisateur à taper parfois à côté des lettres, et même n'importe où sur l'écran. Car sa technologie analyse la position des doigts les uns par rapport aux autres pour deviner la touche qui était visée.

Mais l'intégration avec Android n'a pas encore eu lieu, et certains observateurs se demandent si l'outil sera un jour disponible. Peut-être qu'il s'agit là d'une acquisition stratégique destinée à éviter que cette technologie tombe dans l'escarcelle d'un concurrent.


Si Google est bien présent dans le Web 2.0 avec par exemple YouTube ou Picasa, sa tentative dans les réseaux sociaux reste un échec. Pour essayer de changer cela, deux sociétés ont été rachetées l'année dernière.

Slide apparaît comme la plus significative. Le géant du Web a dépensé quelque 182 millions de dollars en août pour s'offrir cet éditeur d'applications pour réseaux sociaux créé par le co-fondateur de PayPal Max Levchin. Surtout connu pour ses jeux sur Facebook et MySpace, Slide se présente comme un créateur de communautés virtuelles.

C'est d'ailleurs ce savoir-faire que voulait acquérir Google, davantage que les jeux sociaux, un secteur où il est présent via un investissement dans Zynga.

Acquisitions de Google dans le Web social en 2010
MoisCibleMontant (millions de dollars)
AoûtSlide182
AoûtAngstroNC
Source : Google / JDN


Le rachat d'Angstro relève de la même logique d'acquisition de savoir-faire. Cette société a développé une technologie permettant de trouver des informations sur les réseaux sociaux professionnels.

Mais il semblerait que ce soit surtout le fondateur de la start-up qui intéresserait Google. Ingénieur informaticien et entrepreneur, Rohit Khare a plus de vingt ans d'expérience. Défenseur de réseaux sociaux "ouverts", il rejoint l'équipe que Google a mise en place pour développer des projets dans le Web social, dont GoogleMe.


En 2010, Google a décidé d'étendre son empire sur les jeux, via trois acquisitions.

LabPixies a rejoint la galaxie Google en avril. Cette jeune pousse israélienne développe des jeux pour différents supports. Sur iPhone, elle s'est distinguée avec "Flood it !". Chez Google, elle continuera de créer des jeux pour la page Web personnalisable iGoogle et devrait abandonner l'iPhone au profit d'Android comme plateforme mobile de prédilection.

Les compétences de l'équipe, qui rejoint le centre de recherche et développement de Tel Aviv, permettront plus largement à Google d'améliorer son savoir-faire en matière d'applications Web.

Le montant de l'opération est estimé entre 15 et 25 millions de dollars.

Acquisitions de Google dans les jeux en 2010
MoisCibleMontant (en millions de dollars)
AvrilLabPixies25
AoûtSocialDeckNC
AoûtJambool70
Source : Google / JDN



SocialDeck a un profil similaire à celui de LabPixies. Fondée en 2008, cette société canadienne possède également une solide expérience dans la création de jeux pour plusieurs plateformes, notamment sur mobile.

L'acquisition de Jambool en août relève à la fois de la stratégie de Google dans le jeu et dans les réseaux sociaux, comme d'ailleurs Slide rachetée quelques jours plus tôt. Jambool a mis en place un système de monnaie virtuelle, à destination principalement des éditeurs de jeux et de communautés en ligne. Cette monnaie, concurrente des "crédits" Facebook, est très utilisée pour le micro-paiement à l'intérieur des jeux.

La plate-forme de Jambool inclut la création, la gestion et l'hébergement de la monnaie virtuelle. Google pourrait intégrer cette monnaie virtuelle à son offre de paiement Checkout. Cela lui permettrait de concurrencer davantage PayPal, le principal outil de paiement de l'éditeur de jeux Zynga. Google aurait dépensé 70 millions de dollars pour ce rachat.


Métier historique de Google, le moteur de recherche profite aussi de cette vague d'acquisitions.

Aardvark est un moteur de recherche humaine - ou service de questions / réponses - racheté 50 millions de dollars en février 2010. Il est accessible depuis un site web, via une application iPhone, une messagerie instantanée et par courriel. Les utilisateurs peuvent choisir de faire apparaître les réponses de la communauté Aardvark dans les résultats des moteurs Google, Yahoo et Bing. Google ne semble pas avoir l'intention d'arrêter ce moteur humain mais l'équipe recrutée travaillerait néanmoins à de nouveaux projets.

Google a également racheté Metaweb, un moteur de recherche sémantique ayant mis en place une base de données ouvertes. Baptisée "Freebase", celle-ci fonctionne sur un principe proche de Wikipédia, avec cependant une présentation différente des sujets. Pour l'instant, les intentions de Google avec cette base de données restent inconnues.

Acquisitions de Google dans la recherche en 2010
MoisCibleMontant (millions de dollars)
FévrierAardvark50
AvrilPlinkartNC
JuilletMetawebNC
AoûtLike.com100
Source : Google / JDN



Un autre moteur de recherche a rejoint Google l'année dernière. Like.com applique au commerce en ligne une technologie de recherche visuelle. Le site s'apparente ainsi à un comparateur de prix dans lequel les produits sont regroupés selon leur ressemblance. Google devrait utiliser la technologie de reconnaissance d'images de Like.com pour améliorer son moteur de recherche d'images. La société, qui a déboursé 100 millions de dollars pour cette acquisition, avait lancé son propre outil en 2009.

Quatrième et dernier rachat de Google dans le domaine de la recherche, celui de Plinkart. Cette start-up britannique a développé un outil qui fonctionne également sur la recherche visuelle. Il s'agit d'une application mobile permettant d'identifier une œuvre d'art à partir d'une photo prise par le téléphone.


Avec cinq acquisitions connues, la photo et la vidéo font partie des secteurs dans lesquels Google s'est montré le plus actif.

En début d'année, le géant du Web a finalisé l'acquisition de On2 Technologies, pour laquelle il a payé 123 millions de dollars. Cette société possède une solution de compression des vidéos, adoptée notamment par Skype, Brightcove, Nokia et Adobe. Une solution utilisée à la fois par des applications PC et sur mobile. Elle permettrait d'améliorer la qualité de diffusion des vidéos sur YouTube. La société possèderait par ailleurs de plusieurs brevets intéressants.

Autre acquisition dans la vidéo, celle d'Episodic, une plateforme d'hébergement, de gestion et de diffusion de vidéos en ligne. Jusqu'à présent, ce concurrent de Brightcove n'a pas été intégré dans YouTube comme certains observateurs le prévoyaient.

Dernière opération de Google en 2010, Widevine est une solution d'empreinte numérique, qui permet par exemple d'identifier les violations de droits d'auteur. Elle compte parmi ses clients les studios de production, les chaînes de télévision, et les fabricants de matériel. Ce sont surtout les ayants-droit que viserait Google, avec une technologie de filtrage destinée à YouTube.

Acquisitions de Google dans la photo/vidéo en 2010
MoisCibleMontant (millions de dollars)
FévrierOn2123
MarsPicnik5
AvrilEpisodicNC
SeptembreQuicksee12
DécembreWidevineNC
Source : Google / JDN

Google a poursuivi en 2010 ses efforts pour développer ses outils de bureautique hébergés. La société a ainsi racheté DocVerse pour 25 millions de dollars. Cette start-up a créé un outil de collaboration en ligne qui permet de travailler à plusieurs sur des documents Microsoft Office.

Après l'acquisition, DocVerse change de nom pour devenir "Google Cloud Connect for Microsoft Office". L'objectif est de faciliter le passage des adeptes de Microsoft Office vers des solutions en ligne, pour à terme adopter les outils Google.

Acquisitions de Google dans la bureautique en 2010
MoisCibleMontant (millions de dollars)
MarsDocVerse25
AvrilBumpTop30
SeptembrePlannrNC
Source : Google / JDN


En rachetant BumpTop, Google met la main sur un bureau 3D adapté aux écrans tactiles. Il pourrait donc s'intégrer aux téléphones Android et à une éventuelle tablette.

Dernier outil apparenté à la bureautique, Plannr est une messagerie groupée permettant par exemple à des collègues d'organiser des réunions ou des amis des soirées. Un service qui ne semble pas avoir convaincu Google, qui l'a fermé dès son rachat. L'équipe travaillerait à d'autres projets.





En 2010, le moteur de recherche a également mis la main sur Quicksee, un spécialiste israélien de la vidéo, racheté pour 12 millions de dollars. Sa technologie, qui permet la création de vidéo interactive et localisée, est destinée à être intégrée à Street View.

Une opération a également été réalisée dans le domaine de la photo. Il s'agit du rachat de Picnik, un outil en ligne de retouche photo, qui a coûté 5 millions de dollars à Google en mars. Cet outil devrait être intégré à Picasa, le service d'hébergement et de partage photo maison. Pour l'instant, le site n'a pas disparu.

Google a fait une entrée remarquée dans le domaine du voyage en ligne l'année dernière, via deux rachats de tailles très différentes.

En mai, il acquiert Ruba.com, un site web américain qui publie un guide communautaire de voyages. Un guide auquel participaient auteurs, blogueurs et experts locaux. Comme dans beaucoup d'autres cas, le site a brusquement fermé après l'acquisition et l'équipe dit se consacrer à d'autres projets chez Google.

Acquisitions de Google dans le voyage en 2010
MoisCibleMontant (millions de dollars)
MaiRuba.comNC
JuilletITA700
Source : Google / JDN


La véritable percée du moteur dans le voyage a eu lieu en juillet, avec l'annonce du rachat de ITA Software, qui fournit sa technologie de réservation et de recherche à des voyagistes et compagnies aériennes.

Cette acquisition, la plus importante de Google en 2010, n'est pas encore effective. Une enquête américaine étudie de possibles distorsions de concurrence. Si cette opération est validée, Google pourrait proposer des billets d'avion depuis son moteur. De quoi concurrencer directement les comparateurs de voyages.


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Google a également fait des acquisitions diverses en 2010. Le géant de Mountain View a notamment racheté Instantiations, un outil de développement Java et Ajax, la solution de recherche pour e-mail, ou encore Phonetic Arts, une technologie de transcription d'un texte en voix. En 2011, Google ne semble pas avoir ralenti son rythme, en s'offrant la société allemande Zynamics, un éditeur de logiciels de sécurité, ou encore Fflick, un service d'information cinématographique.

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