Journaliste
Il aura fallu moins de dix mois pour que Léo Apotheker imprime sa marque chez Hewlett-Packard. Et de quelle manière ! Selon les informations des médias américains citant des sources proches de la société, le patron du géant informatique devait annoncer hier soir, à l'occasion de la publication des résultats du troisième trimestre, l'acquisition de l'éditeur de logiciels Autonomy pour 10 milliards de dollars et, surtout, la scission de son activité de fabrication d'ordinateurs personnels, qui deviendrait dès lors une filiale indépendante.
Un véritable événement pour un groupe considéré comme l'un des pionniers de l'informatique et qui demeure aujourd'hui le premier constructeur de PC dans le monde : au 30 juin, sa part de marché s'élevait à 17,5 %, selon le cabinet Gartner, devant Dell (12,5 %) et Lenovo (12 %). La division PC pèse près de 30 % du chiffre d'affaires du groupe. Mais elle affiche des performances décevantes depuis 2009. A l'issue du trimestre clos le 30 avril, les revenus avaient reculé de 5 %. La rentabilité avait également souffert, avec un taux de marge opérationnelle retombé à 5,7 %, contre 11,3 % pour l'ensemble du groupe. Les chiffres dévoilés hier soir devaient vraisemblablement confirmer cette tendance négative pour la filiale.
Le déclin du marché de la micro-informatique s'accélère depuis début 2011, notamment aux Etats-Unis et en Europe, où HP réalise environ deux tiers de ses activités. D'après les estimations de Gartner, les ventes de PC se seraient écroulées de 19 % sur le Vieux Continent au deuxième trimestre 2011. Outre-Atlantique, la chute est moins sévère (- 5,6 %) mais reste préjudiciable pour le numéro un mondial. Dans les deux régions, HP perd des parts de marché, au profit d'Apple et de Lenovo notamment. La dégradation actuelle de la conjoncture économique laisse penser que la situation ne s'améliorera pas dans les prochains mois. De même que le succès croissant des tablettes, qui viennent directement cannibaliser les ventes de PC.
Réorientation stratégique
La réorientation stratégique du groupe informatique valide en tout cas le choix fait par le conseil d'administration, à l'automne dernier, de nommer l'ex-patron de SAP. Le PDG d'origine allemande a passé l'essentiel de sa carrière dans le monde du logiciel. Sa nomination avait laissé penser que HP accroîtrait sa diversification dans ce sens. C'est désormais confirmé, avec le rachat de Autonomy, la principale entreprise high-tech anglaise, spécialisée dans l'édition de logiciels de moteurs de recherche. Le géant américain réalise ainsi sa plus importante acquisition depuis celle de la société de services informatiques EDS, en 2008, pour 13,9 milliards de dollars.
Cette double opération rappelle étrangement le mouvement opéré par un autre géant informatique, IBM, en 2005. Big Blue avait surpris le secteur en annonçant la cession de sa filiale de PC au chinois Lenovo, devenu le troisième fabricant mondial d'ordinateurs. L'histoire de la high-tech est décidément en train de s'accélérer. Lundi, Google annonçait le rachat de Motorola pour 12,5 milliards de dollars.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire