Pourtant spécialiste des acquisitions, le moteur de recherche n'avait jamais pris le contrôle d'une société dont la culture lui est aussi étrangère. Si l'opération doit passer le contrôle de la FTC, l'intégration s'annonce compliquée.
Le rachat de Motorola Mobility par Google pour 12,5 milliards de dollars chamboule le marché du mobile. Au-delà de l'importance de l'opération - c'est la plus grosse acquisition, et de loin, jamais réalisée par Google -c'est son caractère imprévu qui a surpris, le rachat d'un constructeur allant à l'encontre de la stratégie jusqu'ici menée par le géant du Web. Pour défier Apple et les fabricants asiatiques Samsung ou HTC, aux parts de marché croissantes, Google devra d'abord relever plusieurs défis de taille.
Le défi de l'intégration
Le défi le plus important pour Google reste l'intégration d'une entreprise de la taille de Motorola alors que, jusqu'ici, il avait essentiellement eu affaire à des start-up, venant du même monde que lui. Tous les rachats n'ont pas forcément été bien gérés par le moteur de recherche, même si les deux plus importantes acquisitions de son histoire, DoubleClick et YouTube, lui ont permis d'asseoir ses positions ou de conquérir de nouveaux marchés. Malgré une séparation de ses activités, censée « fluidifier » les processus, Motorola reste, en revanche, une entreprise hiérarchisée et industrielle dont l'histoire et la culture sont éloignées de celles de Google.
Il devra aussi gérer un parc d'usines, certes largement démantelé depuis quelques années mais qui représenterait encore les deux tiers des employés du groupe. Le coût social pourrait être important. En 2007 déjà, lors du rachat de DoubleClick, seuls 60 % des employés de la régie avaient été conservés. Enfin, si Larry Page a indiqué vouloir conserver la marque, l'indépendance et le management de la société, les analystes misent sur une intégration de plus en plus poussée au fil des années.
La barrière de l'antitrust ?
C'est l'obstacle qui, paradoxalement et au regard des problèmes rencontrés récemment par Google, devrait poser le moins de soucis. La part de marché de Motorola est tombée à 2,4 % dans le monde au deuxième trimestre, selon Gartner. Et, montré du doigt pour sa position sur la recherche en ligne et la publicité, le moteur ne devrait pas être inquiété par le régulateur américain.
La menace la plus sérieuse vient des constructeurs concurrents de Motorola qui sont déjà partenaires de Google pour sa plate-forme Android. Mais, au cas où l'opération ne pourrait aboutir, l'échec ne serait pas neutre pour Google, qui devrait alors verser à Motorola la somme de 2,5 milliards de dollars.
Un changement de modèle
Outre le changement de dimensions, en salariés et en infrastructures, Google devra trancher entre un modèle ouvert, qui a fait le succès d'Android, et la tentation d'utiliser sa plate-forme pour relancer l'activité de Motorola. Avec, dans ce cas, le risque de voir partir les autres constructeurs vers la concurrence, en particulier les Windows Phone de Microsoft. Si les dirigeants de Google ont déjà prévenu qu'ils ne souhaitaient pas faire de Motorola le constructeur exclusif des téléphones sous Android, il faudra néanmoins conserver la confiance des autres constructeurs.
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