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Revue de presse sur les tendances et évolutions technologiques utiles.
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ENTRETIEN
Bruno Bonnell, président du syndicat Syrobo, réagit à l’annonce, par
Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, du plan France
Robots Initiative, pour développer en France une filière robotique de
service.
L’Usine Nouvelle - Le plan robotique annoncé par Arnaud Montebourg vous satisfait-il ? Bruno Bonnell - Ce plan est fondamental. Que la France
s’affirme dans une des filières d’avenir, c’est le plus important. La
robotique est un gisement de création de valeur d’innovation et
d’emplois. Annoncer vouloir que la France soit leader en 2020, c’est une
volonté politique forte. J’attends ce moment depuis longtemps. Je suis
persuadé que notre formation, notre terroir de start-up va s’exprimer
pleinement via ce plan. Je suis aussi très content car on n’est pas dans
la "subventionite", mais dans la collaboration publique-privé
motivante. Est-il suffisamment ambitieux ?
Le plan va permettre de mobiliser jusqu’à 100 millions d’euros, dont
les 60 millions d’euros du fonds Robolution Capital. Cela suffit
largement pour faire décoller la filière. C’est plus efficace qu’un
grand effet de manche qui aurait consisté à annoncer un plan de 40
millions d’euros dilués dans le temps. Surtout, ce plan a été construit
avec les acteurs, après leur avoir demandé quelles initiatives ils
pouvaient lancer, pour les aider ensuite à faire effet de levier. Le
gouvernement est là pour donner un environnement favorable. Il ne faut
plus croire à l’État providence, ni aux plans lancés sans le soutien de
l’écosystème. Ce n’est pourtant pas le grand plan robotique qui devait la faire entrer dans toutes les écoles ?
Si, ce plan va encourager les écoles à se mobilier. Certaines le font
déjà, comme l’École supérieure de chimie physique électronique de Lyon,
CPE Lyon, qui lance dès cette année une majeure en robotique. L’Insa et
l’École Centrale se mobilisent aussi. Il y a un encouragement. Les
futurs grands défis de recherche prévus dans le plan seront aussi des
leviers pour booster la robotique à l’école. Et puis, en affichant les
perspectives d’emploi, cela va créer des vocations. Quand auront lieux les États généraux annoncés ?
Ils se tiendront à partir de l’année prochaine. Ce sera un moment un
peu officiel où tous les acteurs pourront se réunir et exprimer leurs
positions, leurs objectifs. C’est important de créer ce moment, ce
rendez-vous de partage. C’est en s’organisant pour échanger que l’on
pourra créer une dynamique. Pourquoi le comité prévu n’est-il pas un comité stratégique de filière comme les autres ?
Parce que ce n’est pas une filière comme les autres. Elle va diffuser
dans tous les autres secteurs. Il faut voir la robotique comme
l’internet. Des métiers spécifiques mais aussi un vecteur de révolution
dans tous les métiers, toutes les autres filières. On ne peut pas
l’isoler. Il faut la construire comme une filière poreuse dans laquelle
des métiers, des techniques, des machines vont diffuser. On ne l’a pas
compris à temps avec internet. La robotique ne doit pas répéter les
mêmes erreurs. Un comité, des états généraux, c’est assez concret ?
Il ne faut pas sous-estimer la complexité de l’arbitrage qu’a dû
réaliser le cabinet d’Arnaud Montebourg. Comme il y a un potentiel, tout
le monde veut se l’approprier. Il a fallu discuter avec tous les
ministères, l’Agriculture, la Santé… Et c’est normal. Car la robotique
n’est pas un vecteur de réindustrialisation, mais de
néo-industrialisation. Mais c’est un message qui va prendre du temps à
être digéré, à être intégré.
Ce plan est important parce qu’il affirme une volonté gouvernementale d’y aller, comme avant nous l’ont exprimé la Corée, le Japon
et en 2010 les Etats Unis avec un discours fort de Barack Obama. C’est
ce concept de haut-parleur, d’amplificateur de message qui est
fédérateur. À nous, acteurs de la filière, de continuer de convaincre.
D’ailleurs c’est ce qu’exprime le nom du plan, France Robots Initiative.
Mais c’est un plan sur 10 ans. Là, on a la chance d’avoir un Ministre
qui parle au nom de la France. Je suis sûr que son annonce va inciter
les fonds d’investissement au moins à se poser des questions, à regarder
des dossiers, à en financer. Même si le plan ne sert qu’à ça, ce sera
déjà un super coup ! Et les grandes entreprises françaises, sont-elles vraiment parties prenantes ?
Les grands comptes ont tous compris l’importance de la robotique dans leur structure. EDF, Thales y travaillent. Orange
a créé un fonds Iris. C’est aussi important pour la Défense, le
démantèlement. J’ai personnellement rencontré une vingtaine de grandes
entreprises de différents secteurs. Elles ont toutes des projets, mais
tous ne sont pas publics. La robotique couvre un champ très vaste, ne faudra-t-il pas faire de choix ?
Si, il faudra en faire. Le plan indique déjà les secteurs les plus
porteurs en termes de marché et de développement d’expertise : le
transport -logistique, l’assistance aux personnes et défense-sécurité.
Mais il n’est pas interdit de penser que le Thomas Edison de la
robotique sera français, mais n’est pas encore dévoilé. S’il on ne le
motive pas, il ne naîtra jamais. L’actualité c’est aussi le salon Innorobo 2013. Du nouveau ?
Il sera plus grand avec 150 exposants qui présenteront 300 nouveaux
robots dont 20 n’ont jamais été montrés en France. À voir notamment le
Telenoide, un robot larve imaginé le professeur japonais Hiroshi
Ishiguro, qui pousse la réflexion plus loin sur l’humanoïde. Est aussi
présenté le PR2, qui est programmé par des Français, mais qui n’est
jamais sorti du japon. Il y a aussi le bras chirurgien Rosa, qui opère
le cerveau. Et nous attendons plus de 15 000 visiteurs. En trois ans,
Innorobo s’est imposé comme le premier salon robotique en Europe. Propos recueillis par Aurélie Barbaux
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