A lire sur: http://www.itrnews.com/articles/139579/marche-livre-numerique-connait-france-croissance-exponentielle-interview-michael-dahan-co-fondateur-bookeen.html
Publié le 21 Mars 2013
Alors
que le numérique est l’invité d’honneur du Salon du Livre 2013 de Paris
et en l'absence remarquée d'Amazon pourtant présent l'an passé, Bookeen
confirme son rôle d'acteur incontournable de la lecture numérique en
France et en Europe dans un salon qui accueillera près de 200 000
visiteurs du 22 au 25 mars, Porte de Versailles, à Paris. Bookeen Store
c’est aujourd’hui plus de 100 000 titres disponibles, plus de 700
maisons d’éditions avec leurs milliers d’auteurs. Bookeen est présent au
salon du livre de Paris, stand H13. Michael Dahan, co fondateur de
l'entreprise, fait le point sur l'actualité de la société française et
l'évolution du marché.
ITRnews : Quel est le profil de l'utilisateur de livres numériques ?
Michael Dahan : Le profil-type est celui d’un quadragénaire assez gros lecteur, homme ou femme.
A-t-il évolué au fil des ans ?
Oui. On passe de plus en plus du geek lecteur, capable de trouver les livres qu'il cherche un peu partout sur Internet, à un gros lecteur lambda (pas spécialement féru de technologie).
Le marché devient de plus en plus mass market, ce qui explique également le succès grandissant de la vente de livres numériques (ie fichier). Le lecteur achète désormais ses livres…
Comment pensez-vous élargir votre cible qui semble aujourd'hui marquer le pas ?
Je ne comprends pas bien ce qui marque le pas. En Europe, le marché ne s'est jamais porté aussi bien et on entre dans une phase de croissance exponentielle telle que les Etats-Unis l'ont connue en 2009.
Aux Etats-Unis, certains parlent de freinage de la vente des liseuses mais c’est un « freinage » qui reste à mettre en corrélation avec un taux d'équipement en liseuses égal à celui des tablettes (19% de la population adulte est équipée de liseuses). Nous en sommes encore très très loin en Europe.
La vente de livres numériques quant à elle ne cesse de progresser pour atteindre aujourd' hui près de 20% du marché du livre US. On est à peine à 1% en France (soit l'équivalent de l'année 2008 aux US).
En Europe, la canibalisation des ventes de liseuses par la tablette existe sûrement mais le marché connaît une telle croissance, que nous ne nous en rendons pas compte.
Côté ventes de livres numérique, l'effet liseuse + tablette fait également que les ventes progressent très vite. On devrait atteindre rapidement le seuil du premier % des ventes de livres en France en numérique.
L'usage est plus contraignant (pas de possibilité de prêt de l'ouvrage, nécessité d'une connexion, etc.)?
Oui. ça n'a pas empêché le marché US d'être là où il est aujourd'hui. On notera également que de plus en plus d'éditeurs n'utilisent pas ou plus les DRMs, ce qui lève toutes ces contraintes.
Les prix des e-books peuvent sembler élevés pour un lecteur assidu. Que ce soit pour les nouveautés ou pour les ouvrages déjà sortis en poche. Quelle est selon vous le seuil qui pourrait déclencher un plus vif intérêt de la part des lecteurs ?
Les prix sont très variables dans le numérique. On a du complètement gratuit sur des tas de livres que l'on doit de toute façon acheter en papier (les classiques notamment).
On a pas mal de livres à moins de 5 euros, de l'auto-édité ou des livres de fond de catalogue passés en poche.
On bénéficie également de systèmes de promotions Flash qui respectent le prix unique du livre numérique puisque tous les libraires numériques peuvent changer en même temps leur prix et cela sur une durée très courte, ce qui est quasi-impossible sur du physique.
Par exemple, la dernière offre de l'éditeur Bragelonne a été un véritable succès (300 livres à 0,99 Euros pendant le week-end).
Si on prend les gros titres, le dernier Musso est à 20,80 Euros en papier et à 13,99 Euros en numérique soit -32% de différence, le dernier Marc Lévy est à -25%.
Dans le lot il reste également des incohérences, où l'on trouve des livres numériques plus chers que le papier. Cela arrive souvent lorsque le broché passe au format poche et que le numérique ne suit pas.
De notre point de vue, on a atteint un niveau qui devient vraiment intéressant pour le lecteur en termes de prix. Le problème viendrait plutôt du systématisme de l'offre et de la cohérence des prix lorsque le livre passe du broché au poche.
Un Français sur deux n'envisagerait pas de lire de livres numériques. Un sur quatre seulement l'a déjà fait alors que 50 % des Français ont acheté un livre imprimé en grande surface au cours des douze derniers mois. Comment accélérer le développement du marché des e-books ?
Je dirai qu'aujourd'hui il existe des dynamiques culturelles incontournables. Les anglo-saxons adoptent plus vite le livre numérique que les Allemands ou les Français. Je n'ai pas réellement d'explications.
Ce qui devient sûr c'est que de plus en plus de gens sont équipés d'écrans et lisent sur écrans. Les nouvelles générations voient assez peu la prévalence du papier sur l'écran en termes de lecture.
Je dirai que l'on est entré assez simplement dans un marché de masse et que pour le développer, il faut communiquer de plus en plus.
Le livre numérique n'est-il pas qu'un marché de substitution ? Peut-il évoluer, proposer de nouveaux modes de lectures, de nouvelles habitudes ?
A terme il deviendra un marché de substitution. Aujourd'hui en France on en est encore très loin. Ne nous mentons pas, on ne peut pas croire que quelqu'un qui a acheté Fifty Shades en numérique va également l'acheter en papier.
Par contre il achètera peut être encore plus de livres. Je pense que les ventes de livres au global vont augmenter. L'effet de remplacement devrait se stabiliser à 20 ou 25% du marché. Je ne crois pas à la disparition complète du livre papier.
Techniquement, le Cybook Odyssey HD Frontlight est une liseuse au top de la technologie. Elle dispose même d'un accès Internet, via le Wi-Fi. Pour autant, peut-elle rivaliser avec les tablettes de taille
comparable, proposées à peine plus chères et qui offrent aussi des fonctionnalités de liseuses ? Quel est le positionnement de Bookeen face à la multiplication des tablettes de format 7 ou 8 pouces ?
A court terme la différenciation entre les deux produits est réelle. les gens savent pourquoi ils achètent une liseuse.
Je dirai que le confort de lecture reste très important dans une activité de lecture prolongée. D'autre part, la qualité de l'écran en outdoor est aussi déterminante.
La liseuse en termes de poids, d'encombrement et de fonctionnement est beaucoup plus proche d'un téléphone portable que d'une tablette. Concrètement, vous sortez votre liseuse en faisant la queue à la poste. Pas votre tablette.
Vous retrouvez le comportement d'usage que vous avez avec un livre. Au niveau prix, en absolu on tourne autour des 70 à 100 Euros. A ce prix là, nos clients choisissent plus par la fonction que par le prix.
A moyen terme, nous pensons que les prix vont continuer de chuter sur les produits de base, même si en parallèle de nouvelles innovations vont redonner de la valeur à l'offre (le frontlight en est un bon exmple).
A long terme, les deux produits (tablette-liseuse) vont sûrement se confondre en un seul. Avec un écran couleur très basse consommation et lisible en plein soleil et qui ne coûtera finalement plus grand chose.
Le contenu et les services deviendront clef.
Que peut apporter un service cloud tel que celui développé par Thalia, en collaboration avec Deutsche TeleKom ? Quelles sont les contraintes techniques ? Les avantages pour l'utilisateur ?
Le service cloud est clef dans l'usage de la lecture numérique. Il permet tout d'abord d'accéder à vos ouvrages de n'importe où, donc de réellement transporter votre bibliothèque avec vous (que vous ayez votre liseuse avec vous ou pas).
D'autre part, vous pouvez acheter depuis votre PC et synchroniser votre liseuse par la suite. Ce qui simplifie considérablement l'acte d'achat. L'appareil avec le cloud se comporte quasiment comme un appareil sans. La seule grosse différence est que vous voyez depuis votre appareil toutes vos étagères stockées dans le cloud. Vous pouvez à tout moment télécharger n'importe lequel de vos livres.
Comment se déroule la mise en place du service avec Numilog en France ?
Numilog est pour nous un partenaire historique et stratégique dans le paysage du livre numérique français.
On en est au tout début et tout se déroule très bien.
Quel est le bilan des partenariats en cours et quels sont les nouveaux que vous allez annoncer peut-être à l'occasion du salon du livre ?
Tous nos parteneriats se développent très très bien. Nos partenaires sont ravis de leur résultat en termes de ventes à la fois sur la liseuse mais également sur la librairie (ce qui est le réel enjeu).
Côté nouveau partenariat, on en a effectivement de nouveaux en cours. Ils ne seront pas encore annoncés pour le Salon.
ITRnews : Quel est le profil de l'utilisateur de livres numériques ?
Michael Dahan : Le profil-type est celui d’un quadragénaire assez gros lecteur, homme ou femme.
A-t-il évolué au fil des ans ?
Oui. On passe de plus en plus du geek lecteur, capable de trouver les livres qu'il cherche un peu partout sur Internet, à un gros lecteur lambda (pas spécialement féru de technologie).
Le marché devient de plus en plus mass market, ce qui explique également le succès grandissant de la vente de livres numériques (ie fichier). Le lecteur achète désormais ses livres…
Comment pensez-vous élargir votre cible qui semble aujourd'hui marquer le pas ?
Je ne comprends pas bien ce qui marque le pas. En Europe, le marché ne s'est jamais porté aussi bien et on entre dans une phase de croissance exponentielle telle que les Etats-Unis l'ont connue en 2009.
Aux Etats-Unis, certains parlent de freinage de la vente des liseuses mais c’est un « freinage » qui reste à mettre en corrélation avec un taux d'équipement en liseuses égal à celui des tablettes (19% de la population adulte est équipée de liseuses). Nous en sommes encore très très loin en Europe.
La vente de livres numériques quant à elle ne cesse de progresser pour atteindre aujourd' hui près de 20% du marché du livre US. On est à peine à 1% en France (soit l'équivalent de l'année 2008 aux US).
En Europe, la canibalisation des ventes de liseuses par la tablette existe sûrement mais le marché connaît une telle croissance, que nous ne nous en rendons pas compte.
Côté ventes de livres numérique, l'effet liseuse + tablette fait également que les ventes progressent très vite. On devrait atteindre rapidement le seuil du premier % des ventes de livres en France en numérique.
L'usage est plus contraignant (pas de possibilité de prêt de l'ouvrage, nécessité d'une connexion, etc.)?
Oui. ça n'a pas empêché le marché US d'être là où il est aujourd'hui. On notera également que de plus en plus d'éditeurs n'utilisent pas ou plus les DRMs, ce qui lève toutes ces contraintes.
Les prix des e-books peuvent sembler élevés pour un lecteur assidu. Que ce soit pour les nouveautés ou pour les ouvrages déjà sortis en poche. Quelle est selon vous le seuil qui pourrait déclencher un plus vif intérêt de la part des lecteurs ?
Les prix sont très variables dans le numérique. On a du complètement gratuit sur des tas de livres que l'on doit de toute façon acheter en papier (les classiques notamment).
On a pas mal de livres à moins de 5 euros, de l'auto-édité ou des livres de fond de catalogue passés en poche.
On bénéficie également de systèmes de promotions Flash qui respectent le prix unique du livre numérique puisque tous les libraires numériques peuvent changer en même temps leur prix et cela sur une durée très courte, ce qui est quasi-impossible sur du physique.
Par exemple, la dernière offre de l'éditeur Bragelonne a été un véritable succès (300 livres à 0,99 Euros pendant le week-end).
Si on prend les gros titres, le dernier Musso est à 20,80 Euros en papier et à 13,99 Euros en numérique soit -32% de différence, le dernier Marc Lévy est à -25%.
Dans le lot il reste également des incohérences, où l'on trouve des livres numériques plus chers que le papier. Cela arrive souvent lorsque le broché passe au format poche et que le numérique ne suit pas.
De notre point de vue, on a atteint un niveau qui devient vraiment intéressant pour le lecteur en termes de prix. Le problème viendrait plutôt du systématisme de l'offre et de la cohérence des prix lorsque le livre passe du broché au poche.
Un Français sur deux n'envisagerait pas de lire de livres numériques. Un sur quatre seulement l'a déjà fait alors que 50 % des Français ont acheté un livre imprimé en grande surface au cours des douze derniers mois. Comment accélérer le développement du marché des e-books ?
Je dirai qu'aujourd'hui il existe des dynamiques culturelles incontournables. Les anglo-saxons adoptent plus vite le livre numérique que les Allemands ou les Français. Je n'ai pas réellement d'explications.
Ce qui devient sûr c'est que de plus en plus de gens sont équipés d'écrans et lisent sur écrans. Les nouvelles générations voient assez peu la prévalence du papier sur l'écran en termes de lecture.
Je dirai que l'on est entré assez simplement dans un marché de masse et que pour le développer, il faut communiquer de plus en plus.
Le livre numérique n'est-il pas qu'un marché de substitution ? Peut-il évoluer, proposer de nouveaux modes de lectures, de nouvelles habitudes ?
A terme il deviendra un marché de substitution. Aujourd'hui en France on en est encore très loin. Ne nous mentons pas, on ne peut pas croire que quelqu'un qui a acheté Fifty Shades en numérique va également l'acheter en papier.
Par contre il achètera peut être encore plus de livres. Je pense que les ventes de livres au global vont augmenter. L'effet de remplacement devrait se stabiliser à 20 ou 25% du marché. Je ne crois pas à la disparition complète du livre papier.
Techniquement, le Cybook Odyssey HD Frontlight est une liseuse au top de la technologie. Elle dispose même d'un accès Internet, via le Wi-Fi. Pour autant, peut-elle rivaliser avec les tablettes de taille
comparable, proposées à peine plus chères et qui offrent aussi des fonctionnalités de liseuses ? Quel est le positionnement de Bookeen face à la multiplication des tablettes de format 7 ou 8 pouces ?
A court terme la différenciation entre les deux produits est réelle. les gens savent pourquoi ils achètent une liseuse.
Je dirai que le confort de lecture reste très important dans une activité de lecture prolongée. D'autre part, la qualité de l'écran en outdoor est aussi déterminante.
La liseuse en termes de poids, d'encombrement et de fonctionnement est beaucoup plus proche d'un téléphone portable que d'une tablette. Concrètement, vous sortez votre liseuse en faisant la queue à la poste. Pas votre tablette.
Vous retrouvez le comportement d'usage que vous avez avec un livre. Au niveau prix, en absolu on tourne autour des 70 à 100 Euros. A ce prix là, nos clients choisissent plus par la fonction que par le prix.
A moyen terme, nous pensons que les prix vont continuer de chuter sur les produits de base, même si en parallèle de nouvelles innovations vont redonner de la valeur à l'offre (le frontlight en est un bon exmple).
A long terme, les deux produits (tablette-liseuse) vont sûrement se confondre en un seul. Avec un écran couleur très basse consommation et lisible en plein soleil et qui ne coûtera finalement plus grand chose.
Le contenu et les services deviendront clef.
Que peut apporter un service cloud tel que celui développé par Thalia, en collaboration avec Deutsche TeleKom ? Quelles sont les contraintes techniques ? Les avantages pour l'utilisateur ?
Le service cloud est clef dans l'usage de la lecture numérique. Il permet tout d'abord d'accéder à vos ouvrages de n'importe où, donc de réellement transporter votre bibliothèque avec vous (que vous ayez votre liseuse avec vous ou pas).
D'autre part, vous pouvez acheter depuis votre PC et synchroniser votre liseuse par la suite. Ce qui simplifie considérablement l'acte d'achat. L'appareil avec le cloud se comporte quasiment comme un appareil sans. La seule grosse différence est que vous voyez depuis votre appareil toutes vos étagères stockées dans le cloud. Vous pouvez à tout moment télécharger n'importe lequel de vos livres.
Comment se déroule la mise en place du service avec Numilog en France ?
Numilog est pour nous un partenaire historique et stratégique dans le paysage du livre numérique français.
On en est au tout début et tout se déroule très bien.
Quel est le bilan des partenariats en cours et quels sont les nouveaux que vous allez annoncer peut-être à l'occasion du salon du livre ?
Tous nos parteneriats se développent très très bien. Nos partenaires sont ravis de leur résultat en termes de ventes à la fois sur la liseuse mais également sur la librairie (ce qui est le réel enjeu).
Côté nouveau partenariat, on en a effectivement de nouveaux en cours. Ils ne seront pas encore annoncés pour le Salon.
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