A lire sur: http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/robotique/d/swumanoid-le-robot-capable-de-nager-comme-un-humain_40546/#xtor=EPR-23-[HEBDO]-20120810-[ACTU-swumanoid__le_robot_capable_de_nager_comme_un_humain]
Par Marc Zaffagni, Futura-Sciences
Swumanoid, robot humanoïde mis au point au Japon par le Tokyo Institute of Technology, est capable de reproduire les mouvements
complexes du crawl, du dos crawlé et du papillon. Le but : mesurer
l’efficacité des gestes et l’hydrodynamique pour améliorer la technique
des nageurs. L’un des créateurs a répondu aux questions de
Futura-Sciences.
Trouver le geste parfait pour nager toujours mieux,
toujours plus vite. Telle est la quête des nageurs de haut niveau qui se
sont une fois de plus illustrés lors de ces Jeux olympiques
de Londres. Pour ces athlètes hors norme, la performance se cache dans
les détails et chaque trouvaille peut conférer un avantage décisif sur
la concurrence. Pour cela, la recherche sportive s’appuie
essentiellement sur l’analyse des mouvements grâce à la vidéo. Problème,
cette méthode empirique implique que les nageurs soient capables de
reproduire, dans l'eau, leurs gestes avec précision et constance. Il est par ailleurs très difficile d’effectuer des mesures en utilisant des capteurs qui peuvent gêner l’athlète.
La solution viendra peut-être de Swumanoid, un robot nageur humanoïde conçu par deux chercheurs du Tokyo Institute of Technology, Motomu Nakashima
et Chung Changhyun. Doté de quatre membres articulés mus par 20
minimoteurs électriques étanches, il est capable de reproduire les
mouvements spécifiques de trois nages (le crawl, le dos crawlé et le
papillon) et d’apporter des informations fiables sur la force motrice
générée par les mains, les bras, les jambes ainsi que la résistance du corps dans l’eau.
Swumanoid a été construit à la moitié de l’échelle humaine, mais le
volume et le poids de chacune de ses pièces ont été calculés pour
reproduire les proportions et la gravité. Il pèse au total 5,5 kg pour 900 mm de haut et 270 mm de large. Le corps et les membres du robot ont été réalisés en acrylonitrile butadiène styrène (ABS) – une matière plastique robuste – grâce à une imprimante 3D.
Swumanoid
vu de dos. Il a été réalisé à la moitié de l’échelle humaine en
respectant les proportions et le poids. © Motomu Nakashima et Chung
Changhyun, Tokyo Institute of Technology
L'articulation de Swumanoid
Les minimoteurs électriques ont, quant à eux, été modifiés pour pouvoir loger dans les parties les plus étroites des articulations
(bras, jambes, chevilles). Douze moteurs assurent les mouvements
complexes des bras. Au total, Swumanoid dispose de 21 degrés de liberté :
14 pour les membres supérieurs dont 4 pour les bras et 2 pour chaque
épaule et 7 degrés pour les membres inférieurs. « L’une des
principales difficultés que nous avons rencontrées concerne la grande
variété de mouvements à la jonction de l’épaule. Pour résoudre cela,
nous avons ajouté un joint supplémentaire sur chaque épaule afin de
reproduire la rétraction scapulaire », explique Motomu Nakashima à Futura-Sciences.
L’équipe de chercheurs japonais a utilisé un scanner
3D pour capturer les mouvements effectués par un nageur de compétition
et ensuite s’en servir pour apprendre à nager à Swumanoid. Le robot
n’est pas encore autonome, il est piloté à distance par un ordinateur.
Swumanoid est, certes, loin d’atteindre la fluidité des mouvements
humains, mais le résultat est plutôt impressionnant lorsqu’on le voit
nager le crawl en reproduisant fidèlement les gestes.
La vidéo de présentation de Swumanoid, le robot-nageur mis au point par le Tokyo Institute of Technology. © DigInfo, YouTube
Swumanoid, sauveteur en mer ?
« Avec ce robot,
nous pouvons mesurer les différences entre les forces motrices des
divers mouvements, même si les différences de gestes sont minimes. De
telle sorte que nous pouvons savoir quel geste est efficace pour
maximiser la force motrice », ajoute le professeur Nakashima. Ce dernier envisage de nombreux débouchés pour Swumanoid qui pourrait, un jour, devenir un sauveteur
capable d’aider des nageurs en difficulté. Les progrès réalisés sur le
système d’articulation et les mouvements pourraient aussi ouvrir la voie
à de nouveaux robots sous-marins.
Il reste cependant un long chemin à parcourir. Car
pour le moment, Swumanoid est encore très lent et ne peut fonctionner
que relié à une série de bras de soutien. « Nos objectifs à venir
consistent à réaliser des essais autonomes sans supports et à développer
un algorithme de contrôle de la posture durant la nage
», précise Motomu Nakashima. Selon lui, il faut compter encore 10 à 15
ans avant d’imaginer qu’un tel robot puisse jouer les sauveteurs en mer.
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