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Par Emmanuel Genty, Futura-Sciences
General Motors vient de dévoiler une technologie de détection automatisée basée sur le Wi-Fi Direct, dans le but de réduire les collisions entre les voitures et les piétons et cyclistes. Un ingénieur américain chargé du projet a répondu aux questions de Futura-Sciences.
Depuis plusieurs années, la sécurité des automobiles a énormément progressé. D’abord pour le conducteur et ses passagers avec les renforts latéraux, les zones de déformation, les airbags ou bien encore l’ESP (Electronic Stability Program)
pour éviter les dérapages. Mais aussi pour les piétons comme vient de
le montrer Volvo avec son airbag extérieur destiné à amortir leur chute
éventuelle sur le capot et le parebrise d'une voiture
en cas d’impact. Le mieux, cependant, reste d’éviter cette collision et
que des piétons se fassent faucher par des conducteurs.
Pour cela, plusieurs technologies existent avec des systèmes de vision nocturne
chez BMW, par exemple, ou de freinage automatique, toujours chez Volvo
mais aussi chez Ford et Volkswagen. L’idée de General Motors se
différencie par l'implication directe des piétons eux-mêmes.
Le constructeur américain, propriétaire des marques
Chevrolet, Cadillac et Opel entre autres, travaille en effet sur une
détection anticipée des piétons – et des cyclistes – grâce au Wi-Fi.
L’idée est de signaler au conducteur la présence, à l’approche d’un
carrefour ou d’un passage protégé par exemple, d’un piéton ou d’un
cycliste qu’il n’aurait pas vu en raison d’un angle mort, de mauvaises
conditions de visibilité ou d’une voiture mal garée. Ce signalement
s’effectue par le biais d’un petit boîtier ou du système de navigation GPS
de la voiture, qui peut faire retentir des signaux visuels ou sonores à
l’intention du conducteur. Ce dernier peut alors redoubler de
vigilance, ralentir voire s’arrêter pour éviter un impact.
Le
système de détection des piétons mis au point par General Motors
utilise le Wi-Fi Direct, ce qui permet une connexion automatique entre
le véhicule et le smartphone des passants ou des cyclistes, afin qu’ils soient signalés au conducteur. © General Motors
Le choix du Wi-Fi Direct
Les ingénieurs de General Motors ont choisi d’utiliser le Wi-Fi Direct, un principe de communication sans fil et sans intermédiaire, c'est-à-dire sans routeur ni point d’accès, entre deux appareils compatibles avec cette petite évolution du Wi-Fi. Semblable au Bluetooth,
elle permet de synchroniser et d’échanger des données, de jouer en
réseau, de partager un écran, etc. Surtout, elle est intégrée à la
majorité des appareils Wi-Fi actuels, notamment les smartphones, comme
l’explique à Futura-Sciences Donald Grimm, l’un des ingénieurs de la
division R&D de General Motors chargé du projet : « Tous les smartphones
modernes équipés d’une puce Wi-Fi sont compatibles avec le Wi-Fi
Direct. Pour fonctionner, cela ne demande qu’une petite mise à jour
logicielle du téléphone et l’installation d’une simple application ».
Mais à l’époque où ils ont entamé leurs recherches, les ingénieurs de General Motors avaient envisagé d’autres technologies. « Nous avons travaillé sur la détection automatique des piétons sous diverses formes depuis 2008, avec le DSRC (NDLR : communications dédiées à courte portée, utilisées notamment pour le télépéage), puis le Wi-Fi et enfin le Wi-Fi Direct,
détaille M. Grimm, en précisant que le principal avantage du Wi-Fi
Direct, outre sa portée de 200 m environ, est sa rapidité de connexion. C’est vraiment un atout dans le domaine de la sécurité
automobile, car plus vite un véhicule détecte un autre utilisateur de
Wi-Fi Direct, plus on a de chances d’éviter la collision. » En
l’occurrence, il faut moins d’une seconde à deux appareils compatibles
Wi-Fi Direct qui se détectent pour se connecter entre eux, contre 7 ou 8
pour un système Wi-Fi traditionnel.
Aucune infrastructure nécessaire
L’autre avantage capital du Wi-Fi Direct, c’est
qu’il ne nécessite pas d’infrastructure autour de lui pour fonctionner.
Pas besoin de capter du Wi-Fi, ni pour le véhicule ni pour le piéton
équipé d’un smartphone
ou d’un appareil compatible, c’est directement entre elles que les deux
puces établissent leur liaison. La technologie GM est donc
opérationnelle aussi bien en ville qu’à la campagne. À condition, pour
les piétons et cyclistes qui veulent pouvoir être détectés, d’avoir sur
soi un smartphone Wi-Fi, ce qui n’est pas le cas de la majorité des
personnes, à fortiori chez les enfants et les adolescents, pourtant théoriquement les plus « turbulents » sur les trottoirs.
En attendant peut-être la sortie d’un boîtier Wi-Fi
Direct dédié à cet usage et dont les parents pourraient équiper leurs
enfants, General Motors travaille sur le développement d’applications
dédiées qui préciseraient, de la part de la personne détectée par la voiture,
son « statut » : piéton, cycliste, ouvrier de chantier, etc.
Information qui permettrait au conducteur d’être plus précis dans
l’inflexion à donner à sa conduite.
Quand peut-on espérer voir ce principe en série dans les véhicules ? Donald Grimm annonce : «
L’intégration de ce système dans un véhicule n’est pas difficile et ne
pose pas de problème de coût. Et même si ce projet en est toujours au
stade de la recherche et du développement, il pourrait devenir réalité
sous une forme ou une autre d’ici à la fin de la décennie ». En attendant, General Motors, qui a travaillé seul jusqu’à présent, compte bien se rapprocher des principaux fabricants de puces Wi-Fi pour mieux comprendre et exploiter cette technologie du Wi-Fi Direct, afin de parfaire son système et protéger au maximum les piétons.
Mais aussi, pourquoi pas, de l’améliorer en lui apportant de nouvelles
fonctions, comme le partage de fichiers MP3 entre un smartphone et le
système multimédia du véhicule.
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