A lire sur: http://www.zdnet.fr/actualites/tres-haut-debit-fleur-pellerin-accelere-le-calendrier-mais-leve-le-pied-sur-la-fibre-optique-39782519.htm#xtor=EPR-100
Réseaux - Fleur Pellerin, la ministre en charge de l'Economie numérique fixe à 2022 l'année du "très haut débit pour tous" en pariant sur un mix technologique.
Le déploiement du très haut débit en France semble prendre un nouveau virage sous l'impulsion du nouveau gouvernement. Un nouveau virage qui s'apparente plus à une remise à plat.
Rappelons que le plan national THD mis en place par la précédente majorité prévoyait une couverture de 100% de la population en 2025 en se concentrant presque exclusivement sur un réseau en fibre optique.
Or, il est très vite apparu que si les déploiements en zones denses ne posaient pas de problèmes, la couverture dans les zones peu denses voire rurales relevait du défi économique. Le manque de financement a ainsi très vite été dénoncé par les collectivités et les élus.
Fidèle à la promesse électorale du candidat-président François Hollande, Fleur Pellerin, la ministre en charge de l'Economie numérique, vient d'annoncer une accélération du calendrier. Le très haut débit pour tous est donc désormais fixé à 2022.
Consciente des lacunes du modèle économique autour de la fibre optique (accentué par les difficultés financières des opérateurs), la ministre plaide désormais pour un mix technologique où coexisteront fibre optique, 4G et VDSL2.
Solutions complémentaires
Une vision qui est d'ailleurs validée par l'Arcep, le régulateur des télécoms. "Même si l'accès de tous, à terme, au FTTH doit être notre horizon, il est nécessaire de recourir à des technologies comme à des solutions économiques complémentaires pour répondre au mieux aux besoins variés de chaque territoire. La multiplication des solutions techniques et économiques permettant d'aller vers le très haut débit rend de plus en plus nécessaire une efficace coordination entre les projets de montée en débit et les projets FTTH", a déclaré son président Jean-Ludovic Silicani.
La perspective d'une France fibrée de bout en bout passe donc à la trappe. Réalisme économique ou erreur stratégique ? Limiter la fibre optique aux zones denses et très denses n'apparait-il pas comme un coup d'épée dans l'eau puisque l'ADSL est confortable dans ces zones ? La faiblesse des abonnements FTTH illustre ce constat.
Par ailleurs, les alternatives proposées par le gouvernement pour le reste du territoire risquent de ne pas tenir toutes leurs promesses.
Le déploiement de la 4G prendra également du temps et les opérateurs couvriront d'abord les zones rentables même si les investissements sont inférieurs à ceux pour la fibre. Quant à son adaptation pour l'Internet fixe dans les zones reculées, son efficacité doit être validée. Souvenons-nous de l'échec du WiMax.
Le VDSL2 de son côté présente des atouts mais aussi pas mal de contraintes. Cette technologie est économique car elle permet à moindre coûts de booster le réseau cuivre classique (utilisé pour l'ADSL) et le hisser à 50 Mb/s théoriques en exploitant les infrastructures existantes.
Pour autant, cette technologie n'offre des débits supérieurs à l'ADSL que sur de courtes distances. Au-delà d'un kilomètre entre le NRA et la prise terminale, le gain devient négligeable. Le VDSL2 est donc finalement peu pertinent dans les zones reculées qui seraient pourtant la cible de cette technologie...
Comme l'explique Pierre Col, notre bloggueur spécialisé dans les réseaux : "À mes yeux, la difficulté posée par le VDSL2 pour la France vient de ce que, pour faire simple, c'est une bonne solution pour les villes, mais pas pour les campagnes. L'autorisation du VDSL2 pourrait effectivement permettre aux opérateurs de basculer à moindre coût une bonne partie des clients citadins, pour des investissements faibles.
VDSL2 : une fausse bonne idée ?
Mais alors, une fois le marché du très haut débit ainsi « écrémé », quelle sera la volonté et l'intérêt des grand opérateurs d'aller déployer la fibre en zones rurales ? Et ce même si le VDSL2, qui leur aura coûté moins cher que la fibre pour le développement en zone urbaine, leur procurerait une marge de manœuvre plus importante pour financer en partie un tel investissement ?".
Ainsi, les "défenseurs du très haut débit rural , parmi lesquels les collectivités concernées, s'opposent au VDSL2, et militent pour un changement d'infrastructure avec un passage aussi rapide à la fibre optique plutôt qu'une prolongation de la durée de vie des bonnes vieilles lignes téléphoniques en cuivre".
Les opérateurs plaident évidemment pour une montée en puissance du VDSL2 bien moins douloureuse pour leur bilan. Reste un dernier problème : le VDSL2 n'est toujours pas autorisé et les retards s'accumulent.
Rappelons que l'Arcep a confié, depuis 2002, à un comité d'experts indépendants, le soin d'émettre des avis sur les technologies nouvelles demandées par les opérateurs, notamment le VDSL2.
Le régulateur précise donc qu'"à l'issue de l'ensemble de ces travaux, le comité sera amené à rendre librement un avis sur l'introduction du VDSL 2 et pourrait accompagner cet avis des prescriptions techniques appropriées. Les travaux du comité doivent donc se poursuivre sereinement et sans précipitation, afin de s'assurer que cette nouvelle technologie ne va pas détériorer les services existants".
"L'achèvement des études en cours sur le VDSL dépendra de la nature des problèmes qui pourront être rencontrés au cours des expérimentations. Nous pouvons simplement espérer que ces travaux seront conclus début 2013. Cette étape franchie, et sous réserve que l'avis du comité soit positif, France Télécom disposera alors d'un délai de 6 mois pour autoriser l'utilisation de cette nouvelle technologie par les opérateurs dégroupeurs. Le rendez-vous est donc au début de l'automne 2013", explique Jean-Ludovic Silicani.
Les communes proposent d'autres solutions
Enfin, la vision du gouvernement semble s'opposer à celle des communes qui plaident pour un passage à la fibre. Yves Rome, président de l'Avicca, l'Association des Villes et Collectivités pour les Communications électroniques et l’Audiovisuel en appelle à l'Etat et aux opérateurs.
"Je ne sous-estime pas la difficulté qu’il y a pour chacun à réunir le financement de ces investissements. Mais il ne s’agit pas d’un puits sans fond. Toutes les études récentes ont montré qu’investir dans les réseaux de communications électroniques était porteur de développement et d’activité", explique-t-il.
Et d'avancer d'autres solutions pour parvenir à boucler le financement des investissements. "Il faut organiser les flux pour financer cette transition, les mutualiser. De nombreux mécanismes sont possibles pour cela. Il suffit d’un euro sur chaque abonnement mensuel, en moyenne, soit 4% de la facture actuelle, pour construire le réseau du XXIe siècle. Qui peut penser que c’est trop, que c’est impossible ?"
Et d'ajouter : "Comme pour l’électricité, nous devrions instaurer une contribution au service public des communications électroniques, et pas seulement pour le Très haut débit, pour pallier les carences de déploiement du mobile aussi."
Autres pistes proposées par l'Avicca, la mise en place d’offres activées communes aux réseaux d’initiative publique (RIP), ou un mécanisme d’extinction du cuivre qui constitue la solution la plus radicale mais peut-être la plus efficace pour faire émerger une vraie France du très haut débit.
Réseaux - Fleur Pellerin, la ministre en charge de l'Economie numérique fixe à 2022 l'année du "très haut débit pour tous" en pariant sur un mix technologique.
Le déploiement du très haut débit en France semble prendre un nouveau virage sous l'impulsion du nouveau gouvernement. Un nouveau virage qui s'apparente plus à une remise à plat.
Rappelons que le plan national THD mis en place par la précédente majorité prévoyait une couverture de 100% de la population en 2025 en se concentrant presque exclusivement sur un réseau en fibre optique.
Or, il est très vite apparu que si les déploiements en zones denses ne posaient pas de problèmes, la couverture dans les zones peu denses voire rurales relevait du défi économique. Le manque de financement a ainsi très vite été dénoncé par les collectivités et les élus.
Fidèle à la promesse électorale du candidat-président François Hollande, Fleur Pellerin, la ministre en charge de l'Economie numérique, vient d'annoncer une accélération du calendrier. Le très haut débit pour tous est donc désormais fixé à 2022.
Consciente des lacunes du modèle économique autour de la fibre optique (accentué par les difficultés financières des opérateurs), la ministre plaide désormais pour un mix technologique où coexisteront fibre optique, 4G et VDSL2.
Solutions complémentaires
Une vision qui est d'ailleurs validée par l'Arcep, le régulateur des télécoms. "Même si l'accès de tous, à terme, au FTTH doit être notre horizon, il est nécessaire de recourir à des technologies comme à des solutions économiques complémentaires pour répondre au mieux aux besoins variés de chaque territoire. La multiplication des solutions techniques et économiques permettant d'aller vers le très haut débit rend de plus en plus nécessaire une efficace coordination entre les projets de montée en débit et les projets FTTH", a déclaré son président Jean-Ludovic Silicani.
La perspective d'une France fibrée de bout en bout passe donc à la trappe. Réalisme économique ou erreur stratégique ? Limiter la fibre optique aux zones denses et très denses n'apparait-il pas comme un coup d'épée dans l'eau puisque l'ADSL est confortable dans ces zones ? La faiblesse des abonnements FTTH illustre ce constat.
Par ailleurs, les alternatives proposées par le gouvernement pour le reste du territoire risquent de ne pas tenir toutes leurs promesses.
Le déploiement de la 4G prendra également du temps et les opérateurs couvriront d'abord les zones rentables même si les investissements sont inférieurs à ceux pour la fibre. Quant à son adaptation pour l'Internet fixe dans les zones reculées, son efficacité doit être validée. Souvenons-nous de l'échec du WiMax.
Le VDSL2 de son côté présente des atouts mais aussi pas mal de contraintes. Cette technologie est économique car elle permet à moindre coûts de booster le réseau cuivre classique (utilisé pour l'ADSL) et le hisser à 50 Mb/s théoriques en exploitant les infrastructures existantes.
Pour autant, cette technologie n'offre des débits supérieurs à l'ADSL que sur de courtes distances. Au-delà d'un kilomètre entre le NRA et la prise terminale, le gain devient négligeable. Le VDSL2 est donc finalement peu pertinent dans les zones reculées qui seraient pourtant la cible de cette technologie...
Comme l'explique Pierre Col, notre bloggueur spécialisé dans les réseaux : "À mes yeux, la difficulté posée par le VDSL2 pour la France vient de ce que, pour faire simple, c'est une bonne solution pour les villes, mais pas pour les campagnes. L'autorisation du VDSL2 pourrait effectivement permettre aux opérateurs de basculer à moindre coût une bonne partie des clients citadins, pour des investissements faibles.
VDSL2 : une fausse bonne idée ?
Mais alors, une fois le marché du très haut débit ainsi « écrémé », quelle sera la volonté et l'intérêt des grand opérateurs d'aller déployer la fibre en zones rurales ? Et ce même si le VDSL2, qui leur aura coûté moins cher que la fibre pour le développement en zone urbaine, leur procurerait une marge de manœuvre plus importante pour financer en partie un tel investissement ?".
Ainsi, les "défenseurs du très haut débit rural , parmi lesquels les collectivités concernées, s'opposent au VDSL2, et militent pour un changement d'infrastructure avec un passage aussi rapide à la fibre optique plutôt qu'une prolongation de la durée de vie des bonnes vieilles lignes téléphoniques en cuivre".
Les opérateurs plaident évidemment pour une montée en puissance du VDSL2 bien moins douloureuse pour leur bilan. Reste un dernier problème : le VDSL2 n'est toujours pas autorisé et les retards s'accumulent.
Rappelons que l'Arcep a confié, depuis 2002, à un comité d'experts indépendants, le soin d'émettre des avis sur les technologies nouvelles demandées par les opérateurs, notamment le VDSL2.
Le régulateur précise donc qu'"à l'issue de l'ensemble de ces travaux, le comité sera amené à rendre librement un avis sur l'introduction du VDSL 2 et pourrait accompagner cet avis des prescriptions techniques appropriées. Les travaux du comité doivent donc se poursuivre sereinement et sans précipitation, afin de s'assurer que cette nouvelle technologie ne va pas détériorer les services existants".
"L'achèvement des études en cours sur le VDSL dépendra de la nature des problèmes qui pourront être rencontrés au cours des expérimentations. Nous pouvons simplement espérer que ces travaux seront conclus début 2013. Cette étape franchie, et sous réserve que l'avis du comité soit positif, France Télécom disposera alors d'un délai de 6 mois pour autoriser l'utilisation de cette nouvelle technologie par les opérateurs dégroupeurs. Le rendez-vous est donc au début de l'automne 2013", explique Jean-Ludovic Silicani.
Les communes proposent d'autres solutions
Enfin, la vision du gouvernement semble s'opposer à celle des communes qui plaident pour un passage à la fibre. Yves Rome, président de l'Avicca, l'Association des Villes et Collectivités pour les Communications électroniques et l’Audiovisuel en appelle à l'Etat et aux opérateurs.
"Je ne sous-estime pas la difficulté qu’il y a pour chacun à réunir le financement de ces investissements. Mais il ne s’agit pas d’un puits sans fond. Toutes les études récentes ont montré qu’investir dans les réseaux de communications électroniques était porteur de développement et d’activité", explique-t-il.
Et d'avancer d'autres solutions pour parvenir à boucler le financement des investissements. "Il faut organiser les flux pour financer cette transition, les mutualiser. De nombreux mécanismes sont possibles pour cela. Il suffit d’un euro sur chaque abonnement mensuel, en moyenne, soit 4% de la facture actuelle, pour construire le réseau du XXIe siècle. Qui peut penser que c’est trop, que c’est impossible ?"
Et d'ajouter : "Comme pour l’électricité, nous devrions instaurer une contribution au service public des communications électroniques, et pas seulement pour le Très haut débit, pour pallier les carences de déploiement du mobile aussi."
Autres pistes proposées par l'Avicca, la mise en place d’offres activées communes aux réseaux d’initiative publique (RIP), ou un mécanisme d’extinction du cuivre qui constitue la solution la plus radicale mais peut-être la plus efficace pour faire émerger une vraie France du très haut débit.
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