A lire sur: http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/informatique/d/luminar-lordinateur-qui-veut-se-cacher-dans-une-lampe_43173/#xtor=EPR-17-[QUOTIDIENNE]-20121206-[ACTU-luminar__l_ordinateur_qui_veut_se_cacher_dans_une_lampe]
Par Jean-Luc Goudet, Futura-Sciences
Vissé à la place d’une ampoule sur une lampe, un ordinateur
miniature pourvu d’une ou deux caméras et d’un picoprojecteur pourrait
transformer la table en clavier-écran. Ce LuminAr, imaginé au MIT,
s’inscrit dans une longue tendance vers des interfaces dématérialisées,
proches de la robotique.
Sur le bureau de Natan Linder trône une lampe
métallique à bras articulé, plutôt désuète à première vue. Elle est
pourtant des plus perfectionnées, intégrant à la place de l’ampoule un
circuit électronique complexe d’où émergent
deux objectifs. Cet engin peut projeter une image sur le bureau ou tout
objet placé dessous, tandis qu’une caméra filme la scène. C’est LuminAr, un projet d’une équipe du MIT Media Lab (États-Unis). Natan Linder et ses collègues travaillent sur des interfaces « fluides », si l’on en croit l’intitulé de leur équipe, le Fluid interfaces group.
La caméra repère les mouvements, par exemple les doigts qui viendraient désigner des lettres ou des icônes dont l’image est projetée sur le bureau. L’électronique intégrée comporte un processeur ARM de la famille SnapDragon, produit par Qualcomm. Pour l’instant, le logiciel
d’analyse n’est pas contenu dans la lampe, mais une liaison sans fil
permet au prototype d’utiliser des programmes tournant sur un ordinateur
conventionnel.
LuminAr,
un circuit électronique à brancher à la place d'une ampoule électrique.
Une caméra permet par exemple de repérer les mouvements de doigts qui désignent des lettres dont l’image est projetée sur le bureau. © DR
LuminAr, une autre façon d'utiliser un ordinateur
À quoi sert LuminAr ? Les applications évoquées sont
très variées. LuminAr pourrait aider à remplir une fiche d’inscription
aussi bien qu’à choisir un objet dans un catalogue. Il pourrait aussi
fonctionner comme un scanner, la caméra saisissant l’image d’un document
présenté sous l’œil de la lampe. L’équipe a également testé la visiophonie. « LuminAr transforme toute surface en un système interactif », explique l’équipe, qui décrit son prototype comme un outil de réalité augmentée.
Cette étude s’inscrit bien dans la lignée des travaux du MIT Media Lab,
dont l’objet est d’imaginer des applications de nouvelles technologies
pour le quotidien. Ici, pas de technologies révolutionnaires :
l’électronique existe, les logiciels aussi et l’équipe a testé deux systèmes d’exploitation, une version de Linux et une autre d’Android. La lampe elle-même est conventionnelle, puisque LuminAr se fixe effectivement comme une ampoule !
Le projecteur affiche l'image sur le bureau. LuminAr pourrait aussi servir de scanner ou de visiophone. © Fluid interfaces group
De l'ordinateur au robot avec LuminAr
Le groupe de Natan Linder se place également dans cette tendance lourde qui fait évoluer l’informatique vers la robotique. L’idée initiale du bureau virtuel est d’ailleurs loin d’être nouvelle. En 1991, au sein de l’Europarc (Xerox), Pierre Wellner présentait le Digital Desk, un « bureau numérique
» constitué d’un vidéoprojecteur, d’une caméra et d’un système
d’analyse d’images. Vingt ans plus tard, la technologie commence à
permettre ce genre de réalisation, qui fait évoluer l’ordinateur sur le
plan physique.
L’équipe du Media Lab veut maintenant ajouter un
petit moteur au bras de la lampe, pour que LuminAr puisse suivre des
gestes ou mieux cibler des documents placés sur la table. On retrouve là
une idée concrétisée sur le QB1, ordinateur articulé d’Ozwe, imaginé par Frédéric Kaplan.
Au micro de Futura-Sciences, ce spécialiste de robotique et d’interface
expliquait pourquoi souris et clavier ne sont toujours pas remis en
cause. « Lorsque l’on invente de nouvelles interfaces,
il faut essayer d’arriver à des systèmes qui aient un potentiel aussi
grand que la combinaison souris-clavier-interface graphique. » Pour lui, il faut que la machine ait une certaine intimité avec son utilisateur et que l’ordinateur, à l’image du robot, « apprenne à vivre dans notre monde. »
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