A lire sur: http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/robotique/d/la-premiere-prothese-de-bras-robotisee-controlee-par-la-pensee_43369/#xtor=EPR-17-[QUOTIDIENNE]-20121215-[ACTU-la_premiere_prothese_de_bras_robotisee_controlee_par_la_pensee]
Par Marc Zaffagni, Futura-Sciences
Des chercheurs de la Chalmers University of Technology ont développé la première prothèse de bras robotique
complètement intégrée qui est reliée par des électrodes aux os, nerfs
et muscles du corps pour permettre à la personne de contrôler les mouvements par la pensée. Futura-Sciences a interrogé l’un des chercheurs.
Cet hiver, la première prothèse de bras robotique contrôlée par la pensée va être greffée sur un patient. L’opération aura lieu en Suède sous la supervision de la Chalmers University of Technology et de l’hôpital universitaire Sahlgrenska. La prothèse en question est complètement intégrée grâce à un implant
en titane greffé sur l’os. Des électrodes sont placées sur les nerfs et
les muscles restants et reliés à l’implant. Ils vont capter les signaux
électriques émis par le cerveau lorsque la personne veut effectuer un geste et transmettre les commandes à la prothèse robotisée via une interface neuronale.
« Notre technologie aide les personnes
amputées à contrôler un membre artificiel presque de la même manière
qu’un bras ou une main biologiques via les nerfs et les muscles
restants. Il s’agit d’un bénéfice énorme à la fois pour l’individu et
pour la société », a expliqué à Futura-Sciences Max Ortiz Catalan, doctorant à la Chalmers University of Technology à l’origine du projet.
Une technique de prothèse issue des années 1960
Les prothèses de membres contrôlées par des
impulsions électriques existent depuis les années 1960. Mais la
technologie, qui n’a quasiment pas évolué depuis, nécessite que tous les
mouvements soient préprogrammés, ce qui n’offre pas un contrôle très
intuitif. De plus, la technique conventionnelle qui consiste à utiliser
une emboîture qui fait l’interface entre les tissus restants et la
prothèse est jugée peu confortable par les utilisateurs.
C’est pourquoi les chercheurs suédois ont opté pour une autre technique, appelée ostéointégration,
qui a elle aussi été mise au point dans les années 1960, par Per-Ingvar
Brånemark, le père du professeur Rickard Brånemark qui supervise le
projet de prothèse contrôlée par la pensée. L’ostéointégration consiste à
implanter une tige en titane dans l’os amputé sur laquelle la prothèse viendra directement se fixer.
Dans
cette vidéo, on découvre le principe du système de contrôle de la
prothèse par des électrodes. Pour les besoins de la démonstration, elles
sont ici placées à l’extérieur sur la peau de l’avant-bras. Mais le
projet prévoit de les implanter directement sur les nerfs et les muscles
restants après une amputation
et de les relier à la prothèse dans laquelle se trouve l’interface
neuronale qui gérera le décodage des impulsions électriques captées par
les électrodes. La vidéo montre également l’extrême mobilité de la main
robotisée qui réplique les gestes humains avec une grande précision. © Chalmers University of Technology
Pour le patient, les avantages sont énormes, car la
prothèse est beaucoup plus maniable, mieux ajustée et peut être portée
toute une journée. Cette technique a d’abord été longtemps utilisée en chirurgie dentaire avant d’être appliquée à des membres amputés à partir des années 1990. L’équipe de la Chalmers University of Technology
a fait évoluer cette méthode en ajoutant des électrodes directement
reliées aux nerfs et aux muscles restants du membre amputé et connectés à
l’implant en titane.
Grâce à un algorithme dédié, une interface neuronale
intégrée dans la prothèse se charge de décoder les signaux électriques
émis par les nerfs et les muscles lorsque la personne veut bouger et
transmet les informations à la prothèse robotisée. Toutefois, comme le
souligne Max Ortiz Catalan, « l’utilisateur est libre de
faire toutes sortes de gestes, mais ceux-ci doivent d’abord être appris
par l’algorithme au moins une fois. Le système doit savoir qu’un certain type d’activité neuronale correspond à un certain mouvement ».
Première mondiale pour une prothèse contrôlée par la pensée
Outre le fait d’offrir un contrôle beaucoup plus
intuitif, cette innovation apporte également un retour à la personne,
qui perçoit les stimulus des électrodes. Cela lui permet de mieux «
sentir » la prothèse et de savoir par exemple la force qui s’applique
lorsqu’elle effectue un geste. La main artificielle robotisée
créée pour l’occasion est elle aussi une belle prouesse technique. Des
moteurs placés dans chaque doigt peuvent être commandés individuellement
ou simultanément.
La première opération pour implanter cette prothèse avec son interface de contrôle neuronale doit avoir lieu cet hiver, « au plus tard en mars », nous a précisé le chercheur. «
Si cette première opération est un succès, nous serons alors le premier
groupe de recherche au monde à faire des prothèses d'avant-bras
contrôlées par la pensée une réalité que les patients pourront utiliser
dans leur vie quotidienne et pas seulement dans un laboratoire », se réjouit Max Ortiz Catalan. Mais il reste prudent. «
Personne n’a jamais réalisé d’implantation de longue durée d’électrodes
sur des personnes amputées. Il y a donc un certain nombre de questions
scientifiques auxquelles nous allons répondre et nous adapterons le
système en fonction. »
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