A lire sur: http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/robotique/d/en-video-une-blatte-telecommandee_41095/#xtor=EPR-17-[QUOTIDIENNE]-20120909-[ACTU-en_video_:_une_blatte_telecommandee__]
Par Jean-Luc Goudet, Futura-Sciences
Aux États-Unis, un laboratoire de robotique
présente un étrange résultat : une – vraie – blatte littéralement
pilotée à distance. Pour quoi faire ? Pour aller chercher des victimes
sous un éboulement, expliquent les chercheurs...
C’est la vision d’Alper Bozkurt, professeur d’ingénierie à l’université d’Etat de Caroline du Nord : « à terme, nous voulons réaliser un réseau de senseurs
utilisant les blattes pour collecter et transmettre des informations,
par exemple dans les restes d’un bâtiment écroulé après un tremblement de terre ». L’idée peut sembler puissamment originale.
Pourtant, des chercheurs ont déjà pensé à faire appel à des rats commandés par des électrodes ou, dans le cadre du projet Biotact, à des robots à moustaches. Sans oublier le programme Cyborg Beetle, soutenu par l’armée américaine, consistant à télécommander un scarabée en train de voler.
En envoyant des signaux électriques sur les fibres neurveuses à la base des antennes (à l’avant de l’animal) et des cerques (à l’arrière de l’abdomen), on provoque chez la blatte un mouvement réflexe dans la direction opposée. Avec un émetteur radio, on peut ainsi piloter l'insecte, avec deux commandes, « gauche » et « droite » (« L » et « R » dans la vidéo). © Electrical and Computer Engineering/YouTube
Une télécommande à deux boutons
L’idée de la blatte, finalement, tient debout... Comme l’explique Alper Bozkur, la réalisation d’un robot minuscule
est très délicate. Alors pourquoi ne pas utiliser les modèles très
réussis que la nature a concoctés après des millions d’années
d’évolution ? Solide, peu gourmande en énergie, disposant d’un nombre
étonnant de degrés de liberté, résistante à l’eau et aux chocs,
puissante pour sa taille, et même suffisamment opiniâtre pour ne
renoncer que rarement à une mission, la blatte ferait un excellent robot.
Et ils l’ont fait ! La blatte,
effectivement, suit la ligne tracée au sol sous l’impulsion d’une
véritable télécommande. Le dispositif est finalement assez simple.
L’animal, une blatte de Madagascar (Gromphadorhina portentosa), qui n’accuse que 0,7 g sur la balance, porte
sur son dos un petit circuit électronique. Un microcontrôleur, relié à
un récepteur, envoie des petits signaux électriques sur quatre
électrodes implantées sur les fibres nerveuses provenant, à l’avant des
deux antennes et, à l’arrière, des deux cerques (une paire d’appendices à
l’extrémité de l’abdomen).
La blatte équipée de son système de pilotage à distance. On voit les deux électrodes qui partent vers l'avant pour s'implanter à la base des antennes, tout près du ganglion cérébral. Deux autres sont reliées aux cerques, des appendices prolongeant l'abdomen. La pièce de monnaie est un « quarter », mesurant 24,26 mm de diamètre. © Electrical and Computer Engineering
La mise au point sera longue…
Ces deux commandes fonctionnent de la même manière. En stimulant les neurones
situés à la base d’une antenne, on fait croire à l’insecte que cet
appendice a bougé. La blatte en déduit qu’elle vient de toucher un
obstacle et tourne dans la direction opposée. Les cerques lui servent à
détecter les légers mouvements d’air,
signalant l’arrivée d’un danger, par exemple un prédateur. En envoyant
de ce côté une petite décharge électrique, on obtient le même résultat :
l’insecte se dirige dans l’autre direction. La blatte se pilote donc
avec deux boutons : « gauche » et « droite ». Bien sûr, la méthode reste
rudimentaire. Il manque par exemple les ordres « arrête » et « avance
»… Mais ces insectes travailleurs et obstinés ne font guère de pause
lorsqu’ils explorent un territoire.
Il reste aussi à réussir une commande généralisée
pour un essaim d’insectes et à équiper ces blattes de capteurs capables
d’envoyer des informations utiles. Les sauveteurs à la recherche de
victimes ensevelies n’auront pas de sitôt une boîte à blattes parmi leur
matériel…
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