A lire sur: http://www.pcinpact.com/news/79632-chute-prepaye-anomalie-ou-simple-logique-choses.htm
Comparatif avec les autres pays du monde
Dans une poignée
d'années, le marché mobile a de fortes chances d'être méconnaissable par
rapport à celui que l'on a connu ces dernières années. La faute à Free
Mobile, mais aussi aux réactions des opérateurs historiques. Et s'il est
trop tôt pour annoncer la mort des MVNO, le marché du prépayé est plus
que menacé, son déclin amorcé au début des années 2000 connaissant une
forte accélération depuis l'an passé. Un retournement de situation
intéressant qu'il convient de comparer au reste du monde.
Avec (Source : ARCEP)
À
ce jour, plus précisément au 31 mars 2013, le prépayé représente en
France 23,5 % des clients, soit une baisse d'environ cinq points en deux
ans et de vingt-cinq points en 12 ans, le prépayé étant l'égal du
forfait à cette époque. En quinze mois, ce marché a tout bonnement perdu
2,3 millions de clients. Une chute gigantesque qui semble loin d'être
terminée et qui pourrait bientôt ramener ce marché à son niveau de l'an
2000 en quantité de lignes (13,8 millions de clients), sachant qu'en
pourcentage, nous sommes déjà à des niveaux historiquement bas. Une
anomalie dans le monde ? Oui et non.
Dans
les pays en voie de développement (hors émergents), les forfaits sont
quasi inexistants. Souscrire à un forfait implique généralement d'avoir
un compte banque et des revenus stables, ce qui n'est pas le cas de la
plupart des habitants de ces pays. Le prépayé est donc le roi et les
clients jonglent entre plusieurs cartes SIM, qu'ils rechargent quand ils
en ont besoin et surtout quand ils le peuvent. Bien entendu, un
développement économique rapide peut inverser cette tendance.
100 millions de clients aux États-Unis, inexistant au Japon
Du
côté des pays développés, les forfaits ont logiquement plus de succès.
Néanmoins, le prépayé a encore une importance non négligeable. Aux
États-Unis, où les forfaits mobiles sont parfois très onéreux, le
prépayé est même en croissance, au point de devenir une base solide du
marché, ce qui n'était pas le cas il y a quelques années. L'an passé, le
nombre de clients au prépayé a même dépassé pour la toute première fois
la barre des 100 millions
outre-Atlantique, preuve de son dynamisme. Cela reste inférieur aux
forfaits, mais la croissance de ce marché est parfois inférieure au
prépayé, signe que ce dernier prend de l'importance.
Quant au Canada, le prépayé est en déclin
contrairement aux USA. Il faut dire que le prépayé n'a jamais été bien
important, les offres étant peu alléchantes sauf exception et la
concurrence étant risible dans ce pays. Le prépayé ne représente ainsi
que 15 % du marché aujourd'hui. Le cas du Canada n'est cependant pas
unique à travers le monde. Comme vous pouvez le voir dans le graphique
ci-dessous, si le prépayé est la base des marchés mobiles indonésien,
vietnamien, indien, philippin, et même chinois et malaisien, a
contrario, à Taiwan et plus encore au Japon et en Corée, le prépayé est
inexistant. Et en Europe ?
Il existe de très fortes disparités en Asie au sujet du prépayé. (Source : Roaholdings.com.)
Forza Italia
En Europe, les situations sont variables. En Italie
par exemple, le prépayé représente 80 % du marché mobile. Cela explique
ainsi pourquoi notre voisin dispose d'un taux de pénétration
extrêmement élevé, de nombreux Italiens jonglant entre plusieurs offres
prépayées. L'Italie, contrairement à la France à partir du début des
années 2000, n'a donc pas délaissé le prépayé au profit des forfaits.
Notez pour le petit cours d'histoire que c'est l'Italie qui a inventé en
1975 les cartes d'appels prépayées, celles destinées aux cabines
téléphoniques. Le succès du prépayé sous sa forme mobile n'est donc pas
si surprenant.
En Espagne,
le prépayé est stable depuis plus de 10 ans (en quantité), alors que
les forfaits ont fortement progressé. Ainsi, alors que le nombre de
lignes prépayées était encore supérieur aux forfaits en 2004,
aujourd'hui, ce marché ne représente plus que 38 % du secteur. Mais la
crise actuelle en Espagne ne devrait pas faire régresser plus encore le
prépayé, qui reste donc encore très important de l'autre côté des
Pyrénées.
L'Allemagne et le Royaume-Uni restent encore attachés au prépayé
Si
l'on va plus au nord et à l'est, les données changent à nouveau. En
Allemagne par exemple, le prépayé connait un grand succès avec encore 56
% du marché (en 2011). Des statistiques montraient que les offres
prépayées étaient majoritaires chez les plus jeunes (14-19 ans) et les
plus vieux (60 ans et plus), ce qui n'est pas une si grande surprise.
Les autres, à savoir ceux entre 20 et 59 ans, optaient pour les deux
tiers d'entre eux pour les forfaits. Mais le poids démographique des
plus âgés étant ce qu'il est, cela permet ainsi au prépayé de dominer
son sujet, et cela a toutes les chances de perdurer encore de longues
années.
Outre-Manche, du côté de nos amis britanniques, si l'on se base sur les données de l'Ofcom
(leur équivalent de l'ARCEP), on remarque que le prépayé représentait
encore 50,8 % du marché au dernier trimestre 2011. Depuis, les forfaits
ont repris légèrement le dessus, avec 52,9 % du marché a dernier
trimestre 2012, avec un recul de 1,5 million de lignes prépayées en un
an. La chute est donc moins marquée qu'en France, et en pourcentage, la
différence reste abyssale.
Une anomalie, mais pas illogique
Globalement,
dans le monde entier, le prépayé demeure le forfait de base pour la
plupart des clients mobiles. Si l'on s'intéresse uniquement aux pays
développés en Occident et en Asie, les données sont plus variables, mais
en Europe de l'Ouest, nous pouvons bien nous rendre compte que la
France est en « avance » par rapport à ses grands voisins. En douze ans,
le prépayé sera passé en France de 50 à 20 % du marché environ, ce qui
est une anomalie vis-à-vis des autres pays développés, hormis l'Espagne
qui a enregistré une forte chute de ce secteur depuis 2004. Mais cet
effondrement va aussi dans la logique des choses. En effet, les marchés
dans le monde entier n'ont rien d'uniforme. Le succès ou l'échec d'un
type d'offre varie énormément selon les politiques mises en place par
les opérateurs dans chaque pays, ainsi qu'en fonction de l'économie
locale. Cela explique ainsi les disparités immenses entre le Japon et
l'Indonésie, ou encore entre la France et l'Italie.
Avec
la généralisation des offres quadriplay, aux tarifs très alléchants
depuis le fameux Ideo de Bouygues Telecom, les forfaits mobiles sont
plus abordables et intéressants. Rajoutez l'offre à 2 euros de Free
Mobile et les réactions de ses concurrents, et le prépayé a vu son
intérêt s'effondrer ces dernières années. Comme le premier graphique
publié dans cet édito le montre parfaitement, la chute du prépayé n'est
pas liée à Free Mobile ni même à Ideo, mais est une tendance forte
débutée dès l'année 2002. Le recul de ce marché a toutefois ralenti ces
dernières années pour s'accélérer à nouveau depuis l'an passé. Cela
semble donc désormais inéluctable, devant le très faible intérêt des
offres prépayées, ces dernières sont vouées à demeurer un marché de
niche. Des millions de personnes devraient ainsi encore céder aux
sirènes des offres sans engagement à moins de 10 euros voire à moins de 5
euros par mois lors des prochains trimestres. De quoi faire tomber la
part du prépayé à moins de 15 voire 10 % à moyen terme.
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