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Le 22 mai 2013 à 16h53
Par Laurent Sacco, Futura-Sciences
Un nouveau matériau magnétique à base de graphène vient d’être synthétisé par des physiciens espagnols. Il pourrait avoir des applications intéressantes en spintronique, l’électronique du futur.
L’Union européenne a récemment décidé d'accorder un financement important à des projets de recherche sur le matériau miracle qu’est le graphène. Ce n'est guère étonnant, car beaucoup de chercheurs misent sur le graphène
pour l’obtention d’une nouvelle génération de composants électroniques
plus petits et plus rapides. Si l’on est encore loin d’une utilisation
commerciale de ces dispositifs électroniques, les obstacles à surmonter
étant nombreux, on dispose déjà de plusieurs pistes prometteuses.
L'une d'elles repose sur l'emploi du graphène pour fabriquer des matériaux à destination de la spintronique. Rappelons qu'il s'agit d'une électronique qui ne se contente pas de manipuler des électrons à l'aide de la charge électrique élémentaire qu'ils portent, mais exploite aussi leur moment cinétique intrinsèque, le spin.
À droite, une illustration de molécules de tétracyano-p-quinodiméthane ou TCNQ (en jaune) sur un substrat
composé de graphène (structure noire en nid d’abeille) et de ruthénium
(sphères en gris clair). Sur l'image de gauche, ces molécules sont
observées à l'aide de la pointe d'un microscope à effet tunnel. © IMDEA, Nanoscience
De la spintronique avec du graphène
Le graphène pourrait conduire à une révolution dans
le domaine des matériaux magnétiques, comme celle découlant des travaux
du prix Nobel de physique Albert Fert.
Or, justement, un groupe de physiciens de l’IMDEA Nanoscience Institute, de l’université autonome et de l’université complutense de Madrid vient de publier un article dans Nature Physics
au sujet de la synthèse d’un nouveau matériau magnétique à base de
graphène. Ce n’est en effet pas la première fois que l’on fabrique un
tel matériau. L’un des découvreurs du graphène, André Geim, était déjà parvenu à cet exploit qui fait rêver bon nombre de laboratoires de la planète.
Des molécules organiques magnétisées
Dans le cas présent, les physiciens du solide ont
commencé par faire croître un film ultraparfait de graphène sur la
surface d’un cristal de ruthénium. L’opération s’est déroulée dans une
chambre à ultravide, et s’est poursuivie par le dépôt de molécules
organiques (tétracyano-p-quinodiméthane, ou TCNQ) qui se comportent
ordinairement comme des semi-conducteurs à très basses températures dans certains composés.
En cherchant à les observer au microscope à effet tunnel
à la surface du film de graphène, les chercheurs ont eu la surprise de
constater que les molécules s’étaient régulièrement déposées. Bien plus,
elles étaient entrées électroniquement en interaction avec le substrat
en graphène-ruthénium, de sorte qu’un ordre magnétique associé au TCNQ
émergeait.
Bien que le graphène n’interagisse pas directement
avec les électrons dans ces molécules, des investigations théoriques
ultérieures ont révélé que des transferts de charges entre le substrat
et les molécules de TCNQ devaient bel et bien produire un ordre
magnétique à longue distance. Qui peut prédire l'avenir d'un tel
matériau pour la nanotechnologie ?
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