jeudi 23 mai 2013

La RATP renie son projet de reconnaissance faciale

A lire sur:   http://www.linformaticien.com/actualites/id/29141/la-ratp-renie-son-projet-de-reconnaissance-faciale.aspx

En novembre dernier, la RATP lance un appel à projets pour développer un
système de péage par reconnaissance faciale. Face à la consternation générale, l’entreprise est revenue en arrière, prétextant que cette initiative n’avait pas été validée par sa hiérarchie. Retour sur ce métropédalage…

L’appel à projets, lancé par le département d’ingénierie des systèmes d’information (ING) de la RATP et datant du 30 novembre 2011, s’intitulait « Fourniture d’un outil de biométrie faciale ». Ont initié ou suivi ce projet : Jacques Bahadori, responsable produit « cartes à puce » à la RATP, ingénieur de formation (informatique, électronique et automatique), entré il y a 6 ans dans l’entreprise ; Francis Sykes, responsable de l’ingénierie tarif/collect, gérant une équipe de 70 personnes, travaillant à la RATP depuis plus de 10 ans ; ou encore Mathias Duhau, responsable du système billettique. Pourtant, à en croire la RATP, cet appel à projets n’avait pas été validé par la « hiérarchie ». L'entreprise de transports en commun parisienne a précisé, à Numerama, notamment, qu’ « une unité de la RATP a effectivement lancé cet appel à compétences pour un projet d’étude d’un nouveau concept de péage de transport public. Il s’agit d’une initiative non validée par la hiérarchie et qui ne correspond pas à la déontologie de l’entreprise. » Le projet a donc été abandonné. Pour combien de temps ?

Une base de données des fraudeurs

 
Extrait de l'appel à projets de la RATP « Fourniture d’un outil de biométrie faciale »
En substance, il s’agissait d’étudier « un nouveau concept de péage de transport public, sans barrière anti-fraude, capable d’une détection automatique du voyageur, en entrée et en sortie, sans ou avec présentation d’un objet communiquant. » Le voyageur, lors de son passage, est informé « par un signal lumineux et sonore » de la validité ou non de sa situation. Et afin de lutter contre la fraude, tout en permettant la fluidité du passage des voyageurs, l’appel à projets cherche à développer un « système de péage à base de reconnaissance faciale, permettant d’identifier le voyageur à l’entrée et à la sortie du réseau. » Ainsi, dans le cas où la personne n’est pas reconnue, le système enregistrerait sa signature biométrique dans une base de données de « fraudeurs ». La RATP voulait terminer ce projet d’ici la fin de l’année…
Cet appel a été lancé via l’association d’entreprises Pacte PME, qui se présentait comme organisateur de l'opération, mais depuis la médiatisation du scandale, le site a enlevé toute trace de ce projet sur son site. Systematic participait également au projet : cette société vise notamment à faire de l’Ile-de-France un territoire leader en terme d’innovation dans le domaine des systèmes complexes.

Panneaux espions... désactivés ?

Sorte de laboratoire de la biométrie, la RATP avait déjà provoqué la grogne de certains défenseurs de la vie privée et d'associations antipub. En effet, en 2008, des écrans publicitaires LCD étaient apparus dans les couloirs du métro parisien, intégrant des capteurs faciaux qui visaient à compter le nombre de passants qui les regardaient et repérer où se posait le regard. La CNIL avait été saisie par des associations antipub (Résistance à l’agression publicitaire, Souriez vous êtes filmés, Big Brother Awards, Robin des toits et Le Publiphobe) qui pointaient du doigt ces « panneaux espions » qui recueillaient des données biométriques.
La CNIL avait finalement donné raison à la RATP, dans un avis rendu en avril 2010, estimant que « les données ainsi collectées sont des données à caractère personnel dans la mesure où elles peuvent permettre d’identifier une personne ». Elle assure que ces données sont rendues anonymes « à très bref délai » et se réserve le droit d’effectuer des contrôles, notamment pour vérifier l’anonymat des données. Metrobus, la régie publicitaire de la RATP, devait cependant informer clairement le public.
Contacté par la rédaction, Métrobus affirme n'avoir jamais activé ces capteurs faciaux : « Ils sont en option, dans le dispositif, et ils n'ont jamais été activés, même au lancement. S'ils étaient activés, nous verrions passer des études sur les résultats de ces capteurs, or ce n'est pas le cas. » La reconnaissance faciale, les capteurs faciaux... ces technologies ne sont pas encore prêtes à être acceptées par l'opinion publique, malgré le manque de soutien de la CNIL. La seule question, malheureusement, est : « pour combien de temps ? ».

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