A lire sur: http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/informatique/d/ibm-invente-les-premiers-circuits-nanophotoniques-bon-marche_43539/#xtor=EPR-23-[HEBDO]-20121228-[ACTU-ibm_invente_les_premiers_circuits_nanophotoniques_bon_marche]
Par Sylvain Biget, Futura-Sciences
Relier des connexions optiques ultrarapides à des processeurs
ou des mémoires classiquement électroniques : c'est une voie de
recherche activement explorée. IBM vient de présenter une étape majeure :
la réalisation d'un circuit « nanophotonique » exploitant les standards
de fabrication des semiconducteurs actuels. De quoi accélérer les serveurs et les supercalculateurs, voire, un jour, les ordinateurs personnels.
Depuis plus d’un demi-siècle, l’électron règne en maître sur le transport des données au sein des systèmes informatiques. À l’avenir, le photon pourrait bien lui voler la vedette. En effet, la lumière, avec sa fréquence plus élevée, permet des débits plus grands, elle ne génère pas d’interférence
magnétique, pas de chaleur et n'impose qu'une faible consommation.
Fonctionnant de pair avec des processeurs rapides classiques, des
circuits optiques pourraient acheminer les données à des vitesses
extraordinaires et révolutionner l'informatique, du supercalculateur au
simple ordinateur personnel.
Mais si le concept de liaisons photoniques
date de la fin des années 1960, les technologies restaient jusqu’à
maintenant à l’état de prototypes, trop imposants ou trop coûteux pour
être déployés au niveau industriel.
Les laboratoires d’IBM viennent peut-être de trouver une solution. Big Blue vient en effet de présenter une « révolution technologique » (sic) lors de la conférence IEEE International Electron Devices Meeting à
San Francisco (États-Unis). La prouesse réside dans le fait que pour
réaliser ce circuit interfaçant l'optique et l'électronique, IBM
n'utilise que les procédés de production standard des semiconducteurs
avec une finesse de gravure de 90 nm. Le circuit n’est donc pas
beaucoup plus compliqué à fabriquer qu’un semiconducteur standard.
Ce
circuit nanophotonique est le fruit de 10 ans de recherche chez IBM.
Cette illustration montre le cube de silicium de 0,5 mm de côté. Il
intègre tous les éléments constituant un émetteur-récepteur. Sur le
flanc gauche se trouve le photodétecteur optique (en rouge). Le
modulateur (qui modifie à la demande le signal lumineux) est placé sur
la partie droite du cube (en bleu). © IBM Labs
Une puce nanophotonique pour combiner photons et électrons
Concrètement,
la prouesse à laquelle sont parvenus les ingénieurs d'IBM est
d'assembler dans un même cube de silicium de 0,5 mm de côté, à la fois
un photodétecteur en germanium, un modulateur et un multiplexeur en longueur d'onde.
Cet ensemble permet donc de disposer d'un émetteur-récepteur bon marché
pouvant transmettre des données à des vitesses très élevées.
Dans
ce composant, les circuits nanophotoniques sont interconnectés sur neuf
étages avec des transistors classiques grâce à un maillage de fils
métalliques. Avec ce système, la puce parvient à combiner les signaux
optiques et les électrons avec très peu de latence.
Avec cet assemblage, un seul émetteur-récepteur peut
développer des débits multiplexés de 25 Gb/s (environ 3 Go/s) sur
quatre canaux. L’avantage : en plus de transmettre le signal à très haut
de débit, il n’y a plus besoin de le convertir en courant électrique. Un atout important pour les infrastructures des datacenters, où les serveurs doivent faire transiter des données sur de longues distances.
Dans son communiqué, IBM explique que grâce à la
finesse de gravure du silicium, il est possible de disposer d'un module
de 5 mm x 5 mm doté de 50 émetteurs-récepteurs. Ainsi, la bande passante
peut atteindre 1,2 Tb/s, soit 150 Go/s. Le fait d’utiliser un processus
industriel classique pour concevoir ce émetteur-récepteur représente la
plus grande avancée. Elle prouve que la technologie pourrait être
exploitée de façon opérationnelle pour être déployée en grande quantité à
faible coût. On pourrait bien trouver ce type de technologie dans les
équipements des datacenters, puis dans les ordinateurs domestiques d'ici
quelques années.
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