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Chroniques
Toutes les sciences s'informatisent à marche
forcée, avec de forts impacts dans les labos publics et industriels. Ce
mouvement a été initié par la physique et l'astronomie, traditionnelles
consommatrices de calcul et créatrices d'instruments numériques, et par
la météorologie. Il a ensuite gagné les sciences naturelles, autrefois
peu mathématisées : la géologie, pour le sous-sol, la climatologie, pour
l'atmosphère et les océans, puis la biologie et la médecine. Les images
sont reconstruites et analysées automatiquement, en imagerie médicale
comme en agronomie avec la télédétection par satellite. Les instruments
physico-numériques ou bio-numériques comme les accélérateurs de
particules, les IRM ou les séquenceurs ADN produisent un flot
gigantesque de données, aux frontières des possibilités de stockage et
de calcul. La simulation fine de phénomènes complexes se généralise :
turbulence, combustion, fatigue et rupture de matériaux, croissance des
plantes, dynamique de nos organes ou de la biochimie cellulaire, etc.
Et, bien sûr, Internet est devenu l'outil de base pour l'échange
d'informations et la publication. Souvent, il s'agit de résoudre les
équations fournies par les mathématiques appliquées, ce que seule
l'informatique peut faire. Leur complexité implique de plus en plus des
recherches de pointe combinant analyse numérique, imagerie et géométrie
algorithmique, par exemple pour fusionner différentes imageries du
cerveau (scanner, IRM...) en tirant parti de leurs caractéristiques
complémentaires. Mais l'algorithmique moderne fournit aussi de nouveaux
outils de modélisation directe non fondés sur les équations, comme pour
modéliser le vol coordonné de compagnies d'oiseaux.
Partout,
le jeu ne se limitera plus au simple calcul numérique sous-traité à des
ingénieurs informaticiens. Pour être efficaces, les scientifiques du
futur devront dès le début intégrer les concepts et les façons de faire
de l'informatique moderne. Devrai-je préciser que cela ne pourra se
faire que par une formation réelle, qui est hélas loin d'être en place ?
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