A lire sur: http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/internet/d/lenfant-et-les-ecrans-le-rapport-de-lacademie-des-sciences_44207/#xtor=EPR-23-[HEBDO]-20130125-[ACTU-l_enfant_et_les_ecrans_:_le_rapport_de_l_academie_des_sciences]
AFP - Paris
Dans son rapport L’enfant et les écrans,
qui vient d’être publié, l’Académie des sciences se penche sur
l’utilisation des outils informatiques par les enfants et émet quelques
recommandations. En substance, il ne faut pas considérer les enfants
comme des génies des technologies ni comme des victimes potentielles,
mais les adultes doivent les accompagner dans cet apprentissage
aujourd’hui indispensable et bénéfique.
Les nouvelles technologies peuvent réserver beaucoup de bonnes choses à nos enfants, à condition que l'usage des écrans
en tout genre soit adapté à chaque tranche d'âge, encadré par les
parents et les enseignants puis autorégulé, estiment des experts de
l'Académie des sciences. « On voit trop souvent les aspects
négatifs, les inquiétudes que les écrans suscitent, mais il existe aussi
beaucoup d'aspects positifs », a souligné mardi Jean-François Bach, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences, en présentant à la presse le rapport L'enfant et les écrans.
Cet avis de l'Académie des sciences est le fruit de
deux ans de travail intégrant les enseignements d'un grand nombre de
recherches dans les domaines de la neurobiologie, de la pharmacologie,
de la médecine ou de la psychologie. L'Académie des sciences y formule
26 recommandations, passant en revue les dangers potentiels des
nouvelles technologies pour le cerveau
et le psychisme, sans pour autant négliger tous les bénéfices que les
enfants peuvent en retirer si elles sont maniées à bon escient. « En tant que médecin, si je propose une recommandation et pas un traitement, c'est bien que le malade ne va pas si mal », sourit Serge Tisseron, psychiatre et psychologue coauteur du rapport.
Pour l'Académie des sciences, il est avant tout nécessaire de prendre conscience de la révolution de cette culture numérique et des bouleversements qu'elle induit sur le fonctionnement de notre cerveau. « L'intelligence numérique pourrait être plus fluide, plus rapide et multitâche que la culture littéraire » classique, plus lente mais plus profonde, explique Olivier Houdé, psychologue spécialiste du développement de l'enfant. Mais ces deux cultures ne sont pas incompatibles, et si nos enfants « apprennent à jongler avec les deux, à les combiner, ils feront des merveilles » dont les générations précédentes seraient incapables, estime-t-il.
L'enfant et les écrans :
un avis de l'Académie des sciences sur l'usage des outils informatiques
par les plus jeunes et les recommandations pour les parents et les
enseignants. Le texte intégral est consultable sur le site Web de l’académie des sciences. © Académie des sciences
Ne pas interdire mais accompagner l’usage des écrans
Pour que cette adaptation aux écrans, particulièrement rapide à l'échelle de l'évolution humaine, se fasse au mieux, « il faudrait une pédagogie adaptée à tous les âges, en fonction de la maturation du cerveau et du développement cognitif »,
insiste Olivier Houdé. Même chez les bébés de moins de deux ans, les
experts de l'Académie se refusent à préconiser une interdiction
d'écrans. « On ne veut pas pasteuriser l'environnement numérique des enfants », explique Olivier Houdé.
On peut donc éduquer les enfants aux écrans dès le
plus jeune âge à condition d'éviter une exposition passive, comme les
laisser seuls devant la télévision, sans expliquer et dialoguer avec eux
sur les images qu'ils reçoivent. « Pour le bon développement du cerveau, le principe doit rester celui de formes de stimulation très variées, numériques et non numériques », indique le rapport.
Plus tard, il faut aider les enfants à distinguer
nettement le virtuel du réel, à acquérir la distanciation nécessaire
pour devenir capables de s'autoréguler. Quant aux jeux vidéo en général,
s'ils peuvent déboucher sur des excès parfois pathologiques, ils améliorent aussi les capacités d'attention visuelle, la flexibilité et la prise de décision rapide.
Risque de développer une pensée « zapping »
Revers de la médaille de ces jeux et d'Internet, ils risquent de développer une pensée « trop rapide et superficielle »
(un effet « zapping ») et de créer un désintérêt pour tout ce qui n'est
pas numérique. Pour Serge Tisseron, la première erreur à éviter est de « considérer que nos enfants ont les technologies numériques dans le sang » et les laisser se débrouiller. « Sinon, on arrive à la situation catastrophique actuelle où trop d'enfants découvrent les technologies numériques tout seuls », au prix de douloureuses erreurs, estime-t-il. Il ne faut pas non plus considérer les enfants « comme des petits êtres à protéger », mais plutôt les prendre comme « des partenaires, avec des capacités et des désirs », recommande le psychiatre.
Serge Tisseron souhaite enfin mettre en avant les nombreux aspects créatifs et socialisants des nouvelles technologies, pas seulement les dérives. « Il y a des pratiques excessives pathologiques mais pas toutes, loin de là. »
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