lundi 28 janvier 2013

Google, Hadopi : le Midem lorgne le tiroir-caisse

A lire sur:  http://www.zdnet.fr/actualites/google-hadopi-le-midem-lorgne-le-tiroir-caisse-39786653.htm#xtor=EPR-100
 
Business : Hadopi, taxe Google... La visite d'Aurélie Filippetti au Midem de Cannes a été l'occasion pour l'industrie du disque de faire passer ses doléances. Avec un leitmotiv : faire payer les autres.

Le marché international du disque et de l'édition musicale (Midem) se termine demain à Cannes, mais a déjà livré l'essentiel de sa pensée sur deux questions majeures de l'actualité : l'éventuelle redistribution de la valeur créée par Google grâce à l'indexation des contenus, et le piratage des biens culturels.Les professionnels de la musique ont fait part de leurs doléances directement à Aurélie Filippetti, la ministre de la Culture et de la Communication, venue ce week-end leur rendre visite à quelques pas de la Croisette.
60% de pertes en une décennie
Le plus gros front a été ouvert face à Google. Dans le cadre des discussions en cours entre le géant et les éditeurs de presse, la musique ne veut pas être en reste. Elle réclame elle aussi une "rémunération compensatoire".
Aux mêmes demandes les mêmes causes : pour l'industrie réunie au Midem, Google opère un "transfert de la valeur" en monétisant par de la publicité les contenus qu'il indexe.
Sur Europe 1, le président de Warner Music France, Thierry Chassagne, a résumé la position des industriels : "On demande que les Google, que les fournisseurs d'accès, puissent à un moment donné être taxés et que ce soit reversé au profit de la création française." Un "besoin d'être aidés" lancé en appel à Aurélie Filippetti.
Ce besoin d'air s'explique, encore et toujours, par la chute des revenus de l'industrie loin d'être compensée par le numérique. Et alors que Chassagne estime la perte "sur les 8-9 dernières années" à près de 60%, d'autres se sont largement engraissés sur la transition, et sur les contenus produits par les industriels, explique-t-il.
"Ces gens ont complètement bénéficié de nos contenus pour attirer des internautes chez eux." Ces gens sont "les Google", donc, mais aussi les FAI. Alors que Thierry Chassagne les cite nommément, la question a été posée à David El Sayegh, directeur général du Snep, par l'Expansion : "Les FAI font-ils également partie des intermédiaires techniques visés par cette rémunération que vous demandez ?" demande le journaliste. "Ce n'est pas exclu," répond le directeur général du Snep.
Ask Google
Presse, musique... C'est à se demander si Google et les FAI ne devraient finalement pas reverser une quote-part à toutes les industries ayant une présence en ligne. Sur ce point, l'argumentation de David El-Sayegh est pour le moins étonnante.
Dans l'Expansion, il explique que la musique doit bénéficier d'une rémunération compensatoire avant d'autres, car "tous les secteurs ne s'appauvrissent pas." Il semble donc rejeter la perte de bénéfices en grande partie sur Google, ce qui est ambigu.
La musique reproche-t-elle à Google de gagner de l'argent en indexant ses contenus, ou d'appauvrir le secteur ? La première proposition est la bonne, à en croire les différents intervenants... Qui n'hésitent pour autant pas à entretenir la confusion.
Pour Aurélie Filippetti, difficile de s'engager sur un terrain aussi glissant. La ministre a préféré renvoyer à la mission Lescure. "Concernant la musique, il n'est pas sûr qu'il faille calquer ce que nous sommes en train d'élaborer concernant la presse. Ce sont deux questions assez différentes sur le principe."
Hadopi : "Pas beaucoup de répression"
Et de rappeler qu'il fallait attendre les conclusions de la mission dirigée par Pierre Lescure, attendues pour le premier trimestre. David El-Sayegh a d'ailleurs tenu lui aussi à déconnecter l'enjeu pour la presse de celui de l'industrie musicale, estimant que la réflexion des maisons de disque était antérieure.
Sur un autre front, le Midem a été l'occasion de tirer l'inévitable - maigre - bilan de l'Hadopi. Selon le journaliste du Figaro Benjamin Ferran, la principale proposition de l'industrie consiste à demander le remplacement de la coupure d'Internet (ultime sanction de la riposte graduée) par "une contravention automatique de 140 euros."
Alors que beaucoup se plaignent d'une visée essentiellement répressive de l'Hadopi, l'industrie de la musique semble trouver ce volet "raté". Dans une interview aux Echos, Thierry Chassagne se lamente qu'il "n'y a pas eu beaucoup de répression. Cette partie de la mission est ratée. Si on considère que télécharger est illégal, il faut sanctionner, ce n'est pas une nouveauté. Je pense qu'il faut plutôt un système d'amendes proportionnées." Et évidemment automatiques...

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