Pour qu'une collaboration fonctionne, il est
nécessaire que toutes les parties s'entendent. Mais est-ce si facile que
ça en ligne ? Si l'on prend l'exemple de Wikipédia, on pourrait le
penser.
Près de 99% des articles sur l'encyclopédie libre
Wikipédia
sont rédigés en collaboration dite "douce" : c'est-à-dire sans
animosité entre les différents contributeurs concernant le contenu de
ces articles. Ceux-ci se contenteraient simplement de corriger des
erreurs mineures jusqu'à l'émergence d'un article consensuel, plutôt que
de se lancer dans des "guerres d'édition". Un signe révélateur pour les
chercheurs de l'
Université de technologies et d'économie
de Budapest que la collaboration est possible dans les nouveaux médias
sociaux, créant ainsi nombre d'opportunités pour le traitement de tâches
de taille et de complexité singulières. Pour en venir à une telle
conclusion les chercheurs ont
analysé
un échantillon de pas moins de 233 000 articles et pages de discussion
associées disponibles à la lecture en janvier 2010. Pour déterminer le
nombre d'articles sensibles, ceux-ci ont pris en compte deux critères
différents.
A la recherche des articles révoqués
Tout d'abord, la longueur des pages de discussion qui est révélatrice
d'un conflit lorsque celles-ci sont très fournies. Puis dans un second
temps, les chercheurs ont en effet analysé le nombre de révocations par
article. Une révocation étant le fait d'annuler la contribution d'un
auteur, soit un ajout soit un retrait. Ils sont partis du principe que
plus l'article a été remanié plus il est susceptible d'être controversé.
Mais cela ne suffisait pas : en effet, bien que les modérateurs de
Wikipédia essayent au mieux de limiter ce genre d'actions par un code de
conduite et des exclusions, certains articles sont « vandalisés » par
des internautes à l'aide de spam et de bot. Les articles
particulièrement lus étant des cibles propices, il n'est pas étonnant de
trouver des révocations fréquentes. Donc, pour affiner un peu plus la
recherche, ils se sont limités aux articles possédant une récurrence de
révocations concentrées sur 2 personnes. A partir de ces résultats, ils
ont découvert que sur les 233 000 articles de départ sélectionnés, moins
de 100 d'entre eux ne présentaient ces caractéristiques et donc
pouvaient s'apparenter à des "guerres d'édition".
Culture et autres évènements
Et parmi les similarités entre ces articles controversés, on retrouve
notamment les sujets sensibles, tels que l'homosexualité (en
particulier pour la page Wikipedia anglophone), la religion, les
conflits, comme c'est le cas avec la page sur les îles Liancourt Rocks,
un territoire réclamé aussi bien par la Corée que le Japon... Mais pas
seulement, les chercheurs ont également constaté des conflits sur des
sujets moins épineux comme la citrouille ou Benjamin Franklin. Et
ceux-ci diffèrent également en fonction des différentes cultures. Ainsi,
les pages espagnoles seraient particulièrement virulentes concernant
les articles en rapport avec le football. Et les Allemands ainsi que les
Hongrois n'utiliseraient pas du tout les pages de discussion pour
commenter les erreurs dans les articles. Enfin selon les chercheurs, la
majorité des "guerres d'édition" feraient leur apparition lorsqu'un
événement nouveau en rapport avec le thème de l'article surgirait plutôt
qu'en cas de désaccord avec le texte de départ.
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