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Le premier prototype d’implant dentaire intégrant un accéléromètre, conçu par les chercheurs de l’université nationale de Taïwan. Le module électronique est coulé dans de la résine dentaire et relié à un récepteur externe par un microcâble. Mais l’équipe travaille déjà sur une nouvelle version dotée d’un émetteur Bluetooth 4.0 low energy. © Université nationale de Taïwan
Un groupe de
chercheurs taïwanais a testé un implant dentaire équipé d’un
accéléromètre et d’un système de transmission, capable de détecter
lorsque la personne boit, mange, fume ou tousse. Hao-hua Chu, chercheur à
l’université nationale de Taïwan, a expliqué à Futura-Sciences le
potentiel de cette innovation dans le domaine de la santé.
Le 12/08/2013 à 08:33
- Par
Chaque implant dentaire est doté
d'un accéléromètre incorporé, qui mesure 4,5 x 10 mm. L’un des
scientifiques a indiqué à Futura-Sciences qu’il serait envisageable
d’utiliser d’autres types de capteurs comme une microcaméra ou un
microphone. © José Braga, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0
Dans un avenir peut-être pas si lointain, votre
dentiste pourra savoir si vous avez abusé des sucreries, ou si vous ne
vous êtes pas correctement brossé les dents, grâce à une dent intelligente. Elle existe déjà sous la forme d’un prototype conçu par des chercheurs du Department of Computer Science and Information Engineering de l’université de Taïwan. Ces derniers ont mis au point un implant dentaire
doté d’un accéléromètre et d’un système de transmission des données,
qui sont ensuite analysées pour être classées en catégories d’activités.
Testée sur huit volontaires, la dent
intelligente parvient à détecter quatre activités orales avec un taux
de réussite de 93,8 % : quand une personne mange, boit, tousse ou mâche
un chewing-gum. « Ce capteur pourrait servir à surveiller notre activité orale », a expliqué à Futura-Sciences Hao-hua Chu, un des chercheurs de l’équipe.
Le prototype est pour le moment assez rudimentaire. Le capteur a été coulé dans de la résine dentaire
et relié par des microcâbles à un récepteur et une alimentation. Mais
les scientifiques indiquent que dans la perspective d’un usage grand
public, ils travaillent à une nouvelle version intégrant un transmetteur
sans fil Bluetooth.
Chaque individu ayant une configuration dentaire spécifique, il a fallu
paramétrer l’accéléromètre individuellement en utilisant la formule de
rotation vectorielle de Rodrigues. Ainsi, chaque capteur dispose de sa
propre matrice de rotation pour pouvoir transposer les données en
réduisant le niveau d’erreur que peut causer la position de l’implant.
Le premier prototype d’implant dentaire intégrant un accéléromètre, conçu par les chercheurs de l’université nationale de Taïwan. Le module électronique est coulé dans de la résine dentaire et relié à un récepteur externe par un microcâble. Mais l’équipe travaille déjà sur une nouvelle version dotée d’un émetteur Bluetooth 4.0 low energy. © Université nationale de Taïwan
Le smartphone comme coach diététique ?
Selon Hao-hua Chu, il est envisageable d’utiliser d’autres types de capteurs pour améliorer la précision de l’analyse. « Avec un microphone, nous pourrions enregistrer le son produit par la mastication afin de déterminer le type de nourriture. Avec une caméra ou un simple capteur photo, nous pourrions déterminer la couleur de l’aliment », nous a-t-il précisé.
Les données recueillies pourraient servir de base à des applications dans le domaine de la recherche, en nutrition et en santé. Mais les scientifiques de l’université de Taïwan envisagent aussi une utilisation grand public. « Il
serait possible de créer des applications mobiles pertinentes, en
combinant les données d’un capteur dentaire avec des informations
contextuelles. [...] On peut par exemple imaginer une application de diététique qui suit quand, où, et à quelle vitesse ou fréquence une personne se nourrit. »
De même, un médecin ou un diététicien suivrait l’hygiène alimentaire de
son patient en recevant les informations envoyées par son smartphone.
La sécurité, un enjeu crucial pour la dent intelligente
Sur le papier, l’idée séduit. Mais elle soulève
plusieurs problématiques, à commencer par la question de la sécurité.
Quid du rayonnement des ondes radio, de l’échauffement du module ou
d’une ingestion accidentelle ? « L’aspect sécurité est crucial et c'est notre principal défi sur lequel nous collaborons avec des experts médicaux, poursuit Hao-hua Chu. Le
module électronique doit être scellé avec précaution afin qu’il ne
cause pas de problème de santé s’il venait à être avalé par
inadvertance. En ce qui concerne le rayonnement, nous utilisons du Bluetooth 4.0 low energy qui est considéré comme sûr. »
Mais il faudra de toute façon en passer par des essais cliniques prolongés avant d’envisager une quelconque diffusion
commerciale. Interrogé à ce sujet, le chercheur a confirmé qu’il
envisageait bien un tel développement, mais n’a fixé aucun délai.