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Alan Turing, à qui l'on doit notamment le test et la machine qui portent son nom, est l'un des pères de l'informatique. Depuis, de grands progrès ont été effectués en direction d'une électronique plus performante pour réaliser des ordinateurs dont la puissance de calcul finira par atteindre celle, supposée, du cerveau humain. © Daniel Rogers
Les ordinateurs
du futur utiliseront peut-être bientôt des puces à base de graphène et
fonctionnant selon les principes de l’optronique, si l’on en croit des
travaux de chercheurs du MIT, de la Columbia University et du IBM’s Thomas J. Watson Research Center.
En combinant les propriétés de la lumière et de l’électronique, ces
puces seront moins gourmandes en énergie et dissiperont moins de
chaleur, car ce seront des photons qui transporteront des données dans
et entre les puces.
Le 19/09/2013 à 17:47
- Par
Pour augmenter le rendement des
photodétecteurs utilisant un feuillet de graphène, des chercheurs ont
étudié ce dispositif. La lumière (les pics rouges) arrive sur le
détecteur à travers un guide d’onde en silicium gravé à la surface d'une
puce. Une couche de graphène (avec sa structure en nid d'abeilles
caractéristique) est déposée sur le guide d'onde. De chaque côté se
trouve une électrode en or. Mais le placement des électrodes est
asymétrique : cette stratégie devrait permettre le développement de
puces pour des ordinateurs fonctionnant selon les principes de
l'optronique. © MIT, Columbia University, IBM’s Thomas J. Watson Research Center
L’idée d’utiliser de la lumière au lieu de l’électricité pour réaliser des ordinateurs
rapides ne date pas d’hier. Elle a fait naître beaucoup d’espoirs qui
ont été déçus. Mais comme le prouve une récente publication dans Nature Photonics, les propriétés miracles du graphène sont peut-être sur le point de changer la donne.
On cherche depuis longtemps à réaliser des
photodétecteurs à base de graphène pour convertir des signaux optiques
en signaux électriques. En effet, des dispositifs en optronique construits
à base de graphène seront probablement plus faciles à concevoir, et
plus simples et moins coûteux à réaliser qu’avec d’autres matériaux
comme le germanium. Comme les électrons
se déplacent très vite dans le graphène, on peut espérer réaliser des
détecteurs et des modulateurs très rapides. Enfin, le graphène
permettrait de faire fonctionner ces dispositifs d’optronique avec une
gamme de fréquences plus large.
Le problème du rendement des photodétecteurs en graphène
Malheureusement, jusqu’à présent, le rendement du graphène en ce qui concerne la conversion des photons
en électrons dans un courant électrique était seulement de 2 %. Ce qui
était très insuffisant. On pouvait pallier ce problème de la même façon
qu’avec des dispositifs similaires à base de semi-conducteurs en soumettant un feuillet de graphène à une différence de potentiel. En effet, sans celle-ci, plusieurs des électrons rendus libres dans ces matériaux par la lumière sont en fait recapturés, ce qui explique le faible taux de conversion. Or, l’application
de cette différence de potentiel induit des perturbations dans les
photodétecteurs qui les rendent peu précis pour les applications
auxquelles on les destine.
Alan Turing, à qui l'on doit notamment le test et la machine qui portent son nom, est l'un des pères de l'informatique. Depuis, de grands progrès ont été effectués en direction d'une électronique plus performante pour réaliser des ordinateurs dont la puissance de calcul finira par atteindre celle, supposée, du cerveau humain. © Daniel Rogers
Des électrodes en or pour des photodétecteurs avec du graphène
Les chercheurs viennent de trouver une solution à ce
problème. Ils ont construit un dispositif dans lequel la lumière arrive
sur le détecteur à travers un guide d’onde en silicium, gravé dans la
surface d'une puce. Une couche de graphène est déposée au-dessus, perpendiculairement au guide d'onde. De chaque côté de la couche de graphène se trouve une électrode en or. Mais le placement des électrodes est asymétrique. L'une est plus proche du guide d'onde que l'autre. Rappelons que les électrons dans un métal, et aussi dans le graphène, sont un peu comme un gaz d’électrons libres dans un puits de potentiel.
Finalement, dans cette configuration, tout se passe
comme s’il y avait une différence de potentiel appliquée au graphène,
mais qui perturbe moins le signal lorsque l’ensemble du dispositif
fonctionne comme un photodétecteur. Cependant, il reste encore du chemin
à faire pour vraiment concurrencer les dispositifs en germanium, mais les chercheurs sont confiants.