A lire sur: http://www.lemagit.fr/actualites/2240205636/Open-Data-le-Premier-Ministre-met-la-pression-sur-les-ministeres
Publié: 18 sept. 2013
En début de semaine, le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault a envoyé à tous les ministères une
circulaire, les poussant à davantage partager leurs données, nous apprennent nos
confrères des Echos. Comme un rappel à l’ordre, le Premier Ministre explique que l’Open Data
représente une «dimension importante de la "République exemplaire, de la modernisation de l'action
publique et du redressement économique », rappelant également que « le gouvernement
attache la plus grande importance à l'ouverture et au partage des données publiques »,
racontent encore nos confrères des Echos.
L’Open Data, qui correspond à la publication par les administrations d’un pays des données dites publiques, fait en effet partie du programme numérique de Jean-Marc Ayrault. Le Premier Ministre avait par exemple rappelé sa volonté d'ouvrir et de rendre disponibles les données publiques à l’occasion de l’inauguration de Futur en Seine, comme en témoigne cette vidéo. «L’Open Data est important pour nous. [...] Le gouvernement a demandé à toutes ses administrations et à tous les opérateurs publics de jouer le jeu», avait-il rappelé à l’époque.
Alors évidemment, toute initiative gouvernementale est saluée. Comme par exemple chez Data Publica, un pionnier du secteur en France, dont le Pdg François Bancilhon explique que "cette circulaire prouve que l'open data est un sujet pris très au sérieux au sommet de l'Etat et nous ne pouvons que nous en réjouir».
La France en retard
Il faut dire que deux ans après l’ouverture du portail gouvernemental de référence, Data.gouv.fr, l’Open Data peine encore à émerger dans le secteur public en France. «On est en retard par rapport aux pays anglo-saxons qui savent construire une administration autour de l’Open Data. On est en retard alors qu’on a tout de même les moyens», lance de son côté David Thoumas, le directeur technique de la société française OpendataSoft. Cette société développe une plate-forme technique clé en main permettant aux administrations et aux entreprises privées de mettre en place un outil de gestion des données et un portail Open Data.
Pour lui, dans les administrations françaises, «l’Open Data reste encore un outil très politique, avec une vraie pression sociale sur le sujet, alors que ce n’est plus du tout le cas dans les pays anglo-saxons». Les gouvernements américain et britannique sont en effet les pionniers du mouvement de l’Open Data, avec notamment l’ouverture de data.gov et data.gov.uk. Des portails qui ont inspirés de nombreux pays en Europe. «Il existe beaucoup de barrières à l’Open Data dans le secteur public [français, NDLR], comme les contraintes liées aux marchés publics, la guerre entre l'IT et les agents, ou encore entre les mairies et les collectivités», avance-t-il encore.
En France, il existe certes de bonnes initiatives, «portées par la bonne volonté d’agents». Mais force est de constater que l’on peut aujourd’hui les compter sur les doigts de la main. Même si depuis quelques années les projets se multiplient. Citons notamment les initiatives de Rennes, Bordeaux, Toulouse, Montpellier ou encore Paris, ainsi que de conseils généraux, comme celui du Loir-et-Cher, de la Gironde ou de la Saône-et-Loire (pour n’en citer que certains).
Des données peu exploitables par le grand public
Mais, commente David Thoumas, il faut reconnaître qu’aujourd’hui «les initiatives Open Data se bornent à publier un listing de données très peu structurées et surtout peu compréhensibles par le grand public». ce qui va à l'encontre de la mission première de transparence et d'ouverture à l’action citoyenne. Technologies de visualisation des données trop rares,projets éparses, ... L’information censée naître de ces données ne livre pas tout son potentiel. David Thoumas évoque également les coûts d’entrée élevés pour la réalisation d’un portail Open Data - un frein pour les collectivités de taille moyenne.
Rappelons également que les données aujourd’hui ouvertes par le secteur public en France et par les administrations sont le reflet de la réalité en matière de SI public. Des SI très ramifiés et très complexes, peu inter-connectés, où règne l'hétérogénéité, tant en matière d’applicatif que de formats. Bref, un environnement peu axé sur la donnée et qui n’en facilite pas la publication ni l’ouverture.
Si l’ouverture du portail de référence nationale data.gouv.fr avait permis de proposer un moyen de centraliser les données libérées, aujourd’hui, seulement 350 000 jeux de données y seraient référencés. En fait pas exactement nuance David Thoumas : selon lui ce chiffre correspond en fait à 3 500 jeux de données découpés, en plusieurs niveaux administratifs par exemple, ou encore par région. Et ce même David Thoumas de pointer du doigt le retard accumulé en matière de référencement des Open Data en France. Aujourd’hui, le portail national ne fédère pas automatiquement les initiatives au niveau local. «Un problème d’interopérabilité entre systèmes.» Mais le gouvernement, et notamment Etalab, travaille avec les acteurs du secteur à nouer des partenariats (OpenDataSoft en fait par exemple partie), qui visent à automatiser la publication des données sur le portail centralisé.
Ainsi, la France en serait plutôt à «la v1 de l’Open Data». Un peu à l’image du projet de l’Elysée qui, le même jour que l’envoi de la circulaire, a décidé d’ouvrir un espace Open Data sur son site Internet. Seules les données liées à la fréquentation du site et à la frise chronologique (l’agenda du Président) sont actuellement publiées.
Reste aussi à régler la question de la gratuité des données et leur réutilisation. Une question qui aujourd’hui n’a pas encore trouvé de vraies réponses. Nos confrères des Echos rapportent que le magistrat de la Cour des comptes Mohammed Trojette, s’est vu confier un rapport sur le sujet, et devrait apporter des éclairages en matière de redevance.
Certains organismes publics monétisent en effet leurs données à l’image de l’IGN ou encore de Météo France. Dans sa circulaire, Jean-Marc Ayrault appuie cette notion de gratuité, sauf pour certains opérateurs qui y ont adossé leur modèle économique.
Mais pour David Thoumas, «la donnée doit être gratuite et elle va finir par l’être. En revanche, il peut être intéressant de monétiser des services à valeur ajouté, liés par exemple «à la mise à disposition de ces données via des API, en temps réel». Des services qui demandent des investissements en termes d’infrastructure et de maintenance. Ce sera alors le début de l’Open Data v2 en France.
L’Open Data, qui correspond à la publication par les administrations d’un pays des données dites publiques, fait en effet partie du programme numérique de Jean-Marc Ayrault. Le Premier Ministre avait par exemple rappelé sa volonté d'ouvrir et de rendre disponibles les données publiques à l’occasion de l’inauguration de Futur en Seine, comme en témoigne cette vidéo. «L’Open Data est important pour nous. [...] Le gouvernement a demandé à toutes ses administrations et à tous les opérateurs publics de jouer le jeu», avait-il rappelé à l’époque.
Alors évidemment, toute initiative gouvernementale est saluée. Comme par exemple chez Data Publica, un pionnier du secteur en France, dont le Pdg François Bancilhon explique que "cette circulaire prouve que l'open data est un sujet pris très au sérieux au sommet de l'Etat et nous ne pouvons que nous en réjouir».
La France en retard
Il faut dire que deux ans après l’ouverture du portail gouvernemental de référence, Data.gouv.fr, l’Open Data peine encore à émerger dans le secteur public en France. «On est en retard par rapport aux pays anglo-saxons qui savent construire une administration autour de l’Open Data. On est en retard alors qu’on a tout de même les moyens», lance de son côté David Thoumas, le directeur technique de la société française OpendataSoft. Cette société développe une plate-forme technique clé en main permettant aux administrations et aux entreprises privées de mettre en place un outil de gestion des données et un portail Open Data.
Pour lui, dans les administrations françaises, «l’Open Data reste encore un outil très politique, avec une vraie pression sociale sur le sujet, alors que ce n’est plus du tout le cas dans les pays anglo-saxons». Les gouvernements américain et britannique sont en effet les pionniers du mouvement de l’Open Data, avec notamment l’ouverture de data.gov et data.gov.uk. Des portails qui ont inspirés de nombreux pays en Europe. «Il existe beaucoup de barrières à l’Open Data dans le secteur public [français, NDLR], comme les contraintes liées aux marchés publics, la guerre entre l'IT et les agents, ou encore entre les mairies et les collectivités», avance-t-il encore.
En France, il existe certes de bonnes initiatives, «portées par la bonne volonté d’agents». Mais force est de constater que l’on peut aujourd’hui les compter sur les doigts de la main. Même si depuis quelques années les projets se multiplient. Citons notamment les initiatives de Rennes, Bordeaux, Toulouse, Montpellier ou encore Paris, ainsi que de conseils généraux, comme celui du Loir-et-Cher, de la Gironde ou de la Saône-et-Loire (pour n’en citer que certains).
Des données peu exploitables par le grand public
Mais, commente David Thoumas, il faut reconnaître qu’aujourd’hui «les initiatives Open Data se bornent à publier un listing de données très peu structurées et surtout peu compréhensibles par le grand public». ce qui va à l'encontre de la mission première de transparence et d'ouverture à l’action citoyenne. Technologies de visualisation des données trop rares,projets éparses, ... L’information censée naître de ces données ne livre pas tout son potentiel. David Thoumas évoque également les coûts d’entrée élevés pour la réalisation d’un portail Open Data - un frein pour les collectivités de taille moyenne.
Rappelons également que les données aujourd’hui ouvertes par le secteur public en France et par les administrations sont le reflet de la réalité en matière de SI public. Des SI très ramifiés et très complexes, peu inter-connectés, où règne l'hétérogénéité, tant en matière d’applicatif que de formats. Bref, un environnement peu axé sur la donnée et qui n’en facilite pas la publication ni l’ouverture.
Si l’ouverture du portail de référence nationale data.gouv.fr avait permis de proposer un moyen de centraliser les données libérées, aujourd’hui, seulement 350 000 jeux de données y seraient référencés. En fait pas exactement nuance David Thoumas : selon lui ce chiffre correspond en fait à 3 500 jeux de données découpés, en plusieurs niveaux administratifs par exemple, ou encore par région. Et ce même David Thoumas de pointer du doigt le retard accumulé en matière de référencement des Open Data en France. Aujourd’hui, le portail national ne fédère pas automatiquement les initiatives au niveau local. «Un problème d’interopérabilité entre systèmes.» Mais le gouvernement, et notamment Etalab, travaille avec les acteurs du secteur à nouer des partenariats (OpenDataSoft en fait par exemple partie), qui visent à automatiser la publication des données sur le portail centralisé.
Ainsi, la France en serait plutôt à «la v1 de l’Open Data». Un peu à l’image du projet de l’Elysée qui, le même jour que l’envoi de la circulaire, a décidé d’ouvrir un espace Open Data sur son site Internet. Seules les données liées à la fréquentation du site et à la frise chronologique (l’agenda du Président) sont actuellement publiées.
Reste aussi à régler la question de la gratuité des données et leur réutilisation. Une question qui aujourd’hui n’a pas encore trouvé de vraies réponses. Nos confrères des Echos rapportent que le magistrat de la Cour des comptes Mohammed Trojette, s’est vu confier un rapport sur le sujet, et devrait apporter des éclairages en matière de redevance.
Certains organismes publics monétisent en effet leurs données à l’image de l’IGN ou encore de Météo France. Dans sa circulaire, Jean-Marc Ayrault appuie cette notion de gratuité, sauf pour certains opérateurs qui y ont adossé leur modèle économique.
Mais pour David Thoumas, «la donnée doit être gratuite et elle va finir par l’être. En revanche, il peut être intéressant de monétiser des services à valeur ajouté, liés par exemple «à la mise à disposition de ces données via des API, en temps réel». Des services qui demandent des investissements en termes d’infrastructure et de maintenance. Ce sera alors le début de l’Open Data v2 en France.
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