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Le prototype de cheville-pied bionique conçu par une équipe de l’université du Michigan repose sur un système de tringlerie à câbles commandé par des servomoteurs et un boîtier électronique. L’intérêt de cette configuration est que la partie servomoteurs-boîtier peut être dissociée de la prothèse afin de l’alléger et de lui assurer une plus grande mobilité. © Michigan Technological University
Afin d’améliorer
la mobilité des prothèses de membres inférieurs, une équipe de
l’université américaine du Michigan travaille sur une cheville-pied
bionique d’un nouveau genre. Mêlant tringlerie à câbles et boîtier
électronique, elle parvient à s’approcher du mouvement naturel de la
cheville humaine. Mo Rastgaar, le professeur de génie mécanique à
l’origine de cette innovation, a dévoilé quelques détails à
Futura-Sciences.
Le 19/10/2013 à 09:32
- Par
Pour tester la mobilité de leur prothèse,
les chercheurs de l’université du Michigan ont conçu un tapis roulant
circulaire qui leur permet de simuler les contraintes qui s’exercent sur
une cheville lorsqu’un marcheur doit tourner. © Michigan Technological University
La cheville est un membre complexe dont l’articulation détermine l’aisance de la démarche et permet au pied de s’adapter aux terrains qu’il foule. Si les prothèses de membres inférieurs ont connu des progrès considérables ces derniers temps, jusqu’à pouvoir être contrôlées par la pensée,
elles n’offrent pas une grande mobilité au niveau du pied. C’est
précisément sur ce problème que se sont penchés des scientifiques du Michigan Technological University.
En collaboration avec un professeur de la clinique Mayo (à Rochester, au Minnesota), ils ont développé une prothèse
cheville-pied dont la mobilité s’approche de celle d’une articulation
naturelle. Une avancée importante qui pourrait contribuer à créer des
jambes bioniques qui amélioreraient la mobilité afin d’offrir plus d’autonomie. « Les personnes ayant perdu une jambe et qui portent une prothèse sont plus susceptibles de chuter que les personnes âgées »,
a expliqué à Futura-Sciences Mo Rastgaar, professeur adjoint de génie
mécanique à l’université du Michigan. C’est lui qui a mis au point la
prothèse cheville-pied, aidé d’un doctorant et du professeur Kenton
Kaufman, directeur du Biomechanics Motion Analysis Laboratory de la clinique Mayo.
Le prototype de cheville-pied bionique conçu par une équipe de l’université du Michigan repose sur un système de tringlerie à câbles commandé par des servomoteurs et un boîtier électronique. L’intérêt de cette configuration est que la partie servomoteurs-boîtier peut être dissociée de la prothèse afin de l’alléger et de lui assurer une plus grande mobilité. © Michigan Technological University
Un pied actionné comme une marionnette
« La spécificité de notre prothèse tient dans la cheville. Elle simule le mouvement
naturel et peut donc non seulement bouger la pointe du pied vers le
haut et le bas, mais aussi le faire pivoter sur les côtés. Cela permet
au marcheur de tourner plus facilement. C’est important, car le seul
moment où les gens marchent en ligne droite de façon prolongée est
lorsqu’ils se trouvent sur un tapis roulant », ajoute le professeur.
Le pied bionique
peut se mouvoir sur deux axes, pour bouger la pointe du pied vers le
haut ou le bas, et l’incliner à droite ou à gauche. L’articulation est
actionnée par une tringlerie qui utilise des câbles, eux-mêmes pilotés
par des servomoteurs sont commandés par un processeur. Des capteurs de pression sont placés sous la semelle
afin de détecter la manière dont la personne marche. Ils relaient
l’information au boîtier de commande qui ajuste en temps réel l’angle du
pied, afin d’assurer une démarche stable et plus naturelle. « Notre système à câbles est comparable à celui d’une marionnette dont le marionnettiste ajuste la longueur des cordes », s’amuse Mo Rastgaar, qui présente sa prothèse de cheville
dans une vidéo (les commentaires sont en anglais). Le chercheur n’a
cependant pas souhaité nous livrer plus de détails sur le fonctionnement
du système qui fait actuellement l’objet d’une demande de brevet.
Si l’usage d’une telle tringlerie peut sembler
rudimentaire, cela vise un but précis. Le boîtier de commande et les
servomoteurs peuvent être déportés plus haut sur le corps, par exemple
autour de la ceinture ou bien dans un sac à dos. Cela a l’avantage
d’alléger la prothèse
et de mieux répartir le poids. À partir de l’été prochain, l’équipe de
l’université du Michigan prévoit de poursuivre ses travaux à la clinique
Mayo pour améliorer ce prototype.