A lire sur: http://www.zdnet.fr/actualites/byod-les-differentes-jurisprudences-en-france-39794929.htm
Sommaire : S’il n’existe pas encore
de loi dans la plupart des pays du monde, y compris en France, encadrant
le BYOD, des jurisprudences abordant de près ou de loin le sujet ont
néanmoins émergé ces dernières années.
Si de nombreuses entreprises hésitent
encore à passer au tout BYOD, c’est pour beaucoup pour une raison de
sécurité, mais aussi pour des questions juridiques. En effet, il
n’existe pas concrètement de loi sur ce sujet fort épineux, par
conséquent, les entreprises peuvent craindre un procès de la part de
leurs salariés si elles venaient à aller trop loin dans leurs appareils
personnels.
Outre-Atlantique, selon l’avocate Garance Mathias interrogée par Osiatis, une entreprise a été condamnée l’an passé pour avoir effacé « l’intégralité des données, professionnelles et personnelles », du salarié, alors que ce dernier était sur le départ. La société a ainsi été condamnée « à réparer le préjudice, car le matériel contenait notamment des photos personnelles d’un proche disparu ».
Et en France ? Nous savons depuis 2006 que
si l’entreprise délivre un matériel à l’employé, les règles sont
simples. La Cour de cassation a ainsi parfaitement précisé que « les
dossiers et fichiers créés par un salarié grâce à l'outil informatique
mis à sa disposition par son employeur pour l'exécution de son travail
sont présumés, sauf si le salarié les identifie comme étant personnels,
avoir un caractère professionnel de sorte que l'employeur peut y avoir
accès hors sa présence ».
Mais pour le BYOD, tout se complique. En 2001, alors que le BYOD était quasi inexistant (hormis pour les PC portables), la Cour de cassation expliquait déjà que « attendu
que le salarié a droit, même au temps et au lieu de travail, au respect
de l'intimité de sa vie privée ; que celle-ci implique en particulier
le secret des correspondances ; que l'employeur ne peut dès lors sans
violation de cette liberté fondamentale prendre connaissance des
messages personnels émis par le salarié et reçus par lui grâce à un
outil informatique mis à sa disposition pour son travail et ceci même au
cas où l'employeur aurait interdit une utilisation non professionnelle
de l'ordinateur. »
S’il ne s’agit pas ici de BYOD, cela peut
néanmoins tout à fait s’appliquer à cette pratique. Le secret des
correspondances privées vaut pour tout et le BYOD n’est évidemment pas à
exclure de cette logique.
Plus proche de nous, en mai 2012,
le sujet du BYOD est déjà bien plus proche, sans pour autant être nommé
et spécifié. La Cour de cassation, encore elle, s’est en effet penché
sur le cas d’une salariée licenciée pour avoir enregistré des
conversations au sein de son entreprise, ceci à l’aide de son dictaphone
personnel. Alors qu’elle était absente, son employeur a découvert
l’objet du délit et l’a immédiatement utilisé afin de savoir ce qui y
était enregistré.
Or selon l’arrêt rendu le 23 mai 2012 par la Cour de cassation, « l’employeur
ne pouvait procéder à l’écoute des enregistrements réalisés par la
salariée sur son dictaphone personnel en son absence ou sans qu’elle ait
été dûment appelée ». Par conséquent, l’employeur ne pouvait donc
utiliser cet argument pour licencier son employé. Pour le cas d’un
smartphone ou d’une tablette apporté au travail, cela signifie donc
qu’un patron ne peut en aucun cas les regarder à l’insu de son employé, à
moins bien sûr que l’aspect professionnel des documents soit
parfaitement identifié. Cette décision montre surtout que même à
l’intérieur d’une entreprise, un appareil personnel reste personnel. Un
point majeur pour le BYOD.
Mais une autre décision risque de compliquer plus encore la compréhension du BYOD. En février 2013, la Cour de cassation a considéré qu’une clé USB personnelle, « dès
lors qu’elle est connectée à un outil informatique mis à la disposition
du salarié par l’employeur pour l’exécution du contrat de travail,
étant présumée utilisée à des fins professionnelles, l’employeur peut
avoir accès aux fichiers non identifiés comme personnels qu’elle
contient, hors la présence du salarié ».
D’un côté, l’employeur ne peut donc
accéder au dictaphone personnel de l’employé, de l’autre, il est
possible de lire sa clé USB personnelle, même hors de sa présence, ceci
du fait de sa connexion à un outil informatique appartenant à
l’entreprise. Pour le BYOD, la question est ici fort intéressante. Un
smartphone, une tablette tactile ou même un PC portable apporté par un
salarié a en effet des chances d’être relié à un moment ou un autre à
d’autres appareils ou tout simplement au réseau Wi-Fi interne de
l’entreprise. Comment cela peut-il être considéré ? C’est bien là toute
la question.
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