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En 2013, il dit plutôt : « OK, je te laisse faire à ton rythme, mais nous allons fixer deux points d’étape avant l’arrivée ? »
Décodage : l’autorité s’est diluée, on parle aujourd’hui de colead comme on parle de cocréation. Les Y étouffent sous une autorité trop marquée et des horaires trop cadrés, d’autant plus que les tablettes et les portables permettent de travailler la nuit ou le week-end. Ce qui compte, n’est-ce pas le résultat ? Il faut donc les recadrer tout en douceur (ils réclament ce cadre), en employant la métaphore (point d’étape, randonnée, arrivée...) plus que l’injonction.
En 2013, il dit plutôt : « Je suis ému d’être là, devant vous, je rêvais de vous rejoindre ! J’ai vaguement l’impression que vous allez me mettre à l’épreuve... j’accepte le pari. »
Décodage : le discours référent du patron arrogant et gourou, c’est fini. De même que la langue de bois. On n’est plus le boss, on le prouve ! Rompus aux jeux vidéo, les Y aiment aussi la mise en récit, les épreuves. Il n’est pas interdit d’infuser une touche d’émotion et d’autodérision (la mise à l’épreuve du patron). Adeptes de la culture lol, ils apprécient cette distance par rapport à soi.
(1) Jeanne Bordeau, linguiste et coach, PDG de l’Institut de la qualité de l’expression, auteure de Le Langage des dirigeants : une métamorphose (éd. Boostzone).
Monique Dagnaud, sociologue, auteure de La Génération Y, entre transgression et subversion (coll. « Nouveaux Débats », Presses de Sciences Po).
17 octobre 2013
Les conseils de deux expertes pour manager les 18-30 ans
Par Sophie Carquain
Allergiques à
la langue de bois et à l’autorité, les 18-30 ans, nés avec le
numérique, ont bousculé les codes de l’entreprise. Pour les gérer, on
suit les conseils de deux expertes (1) en « Y management ».
En 2013, il dit plutôt : « Je vous propose un Paris-Sydney. Vous voulez y aller comment : paquebot, avion, kitesurf ? On va s’offrir une belle tranche d’adrénaline ! »
Décodage : le discours plat ne prend plus. Pour booster les neurones de son équipe, il faut user du storytelling, stimuler le cerveau gauche, celui des émotions. Un discours bien plus poétique qu’avant... « On est tous impliqués dans une histoire, comme dans un scénario de jeu vidéo. On va vibrer, pratiquer un voyage initiatique. Bosser, c’est marcher ensemble dans le désert. »
En 2013, il dit plutôt : « je ne te le cache pas, c’est trash (« pourri » en langage Y). Tu veux y aller ou pas ? »
Décodage : un discours cash, sans langue de bois, sans fioritures, c’est ce qu’ont apporté les Y à l’entreprise. Ils flairent la flatterie à 300 mètres et détestent le trémolo paternaliste. En revanche, le défi les éclate. Avec eux, il faut proposer sans imposer. D’où la tournure interrogative, même s’il s’agit bien souvent d’interrogation oratoire. Il est bien évident que, de toute façon, il va y aller.
Le boss veut stimuler son équipe
Il y a vingt ans, il disait : « Les objectifs sont clairs : je veux que l’on développe 20 % à l’export, que l’on gagne 30 % de CA. »En 2013, il dit plutôt : « Je vous propose un Paris-Sydney. Vous voulez y aller comment : paquebot, avion, kitesurf ? On va s’offrir une belle tranche d’adrénaline ! »
Décodage : le discours plat ne prend plus. Pour booster les neurones de son équipe, il faut user du storytelling, stimuler le cerveau gauche, celui des émotions. Un discours bien plus poétique qu’avant... « On est tous impliqués dans une histoire, comme dans un scénario de jeu vidéo. On va vibrer, pratiquer un voyage initiatique. Bosser, c’est marcher ensemble dans le désert. »
Le boss veut confier une mission touchy
Il y a vingt ans, il disait : « Il n’ y a que vous pour le faire. Mais vous ne le regretterez pas, mon petit Joseph. »En 2013, il dit plutôt : « je ne te le cache pas, c’est trash (« pourri » en langage Y). Tu veux y aller ou pas ? »
Décodage : un discours cash, sans langue de bois, sans fioritures, c’est ce qu’ont apporté les Y à l’entreprise. Ils flairent la flatterie à 300 mètres et détestent le trémolo paternaliste. En revanche, le défi les éclate. Avec eux, il faut proposer sans imposer. D’où la tournure interrogative, même s’il s’agit bien souvent d’interrogation oratoire. Il est bien évident que, de toute façon, il va y aller.
Le boss veut recadrer un Y sur son biorythme
Il y a vingt ans, il disait : « Il y a des règles, vous n’y échapperez pas, mon petit Joseph, vous ne pouvez plus arriver à 11 heures en bâillant. »En 2013, il dit plutôt : « OK, je te laisse faire à ton rythme, mais nous allons fixer deux points d’étape avant l’arrivée ? »
Décodage : l’autorité s’est diluée, on parle aujourd’hui de colead comme on parle de cocréation. Les Y étouffent sous une autorité trop marquée et des horaires trop cadrés, d’autant plus que les tablettes et les portables permettent de travailler la nuit ou le week-end. Ce qui compte, n’est-ce pas le résultat ? Il faut donc les recadrer tout en douceur (ils réclament ce cadre), en employant la métaphore (point d’étape, randonnée, arrivée...) plus que l’injonction.
La présentation du boss par lui-même
Il y a vingt ans, il disait : « HEC promotion 1982, j’ai fait un petit tour par Harvard. J’ai une vision, des convictions. »En 2013, il dit plutôt : « Je suis ému d’être là, devant vous, je rêvais de vous rejoindre ! J’ai vaguement l’impression que vous allez me mettre à l’épreuve... j’accepte le pari. »
Décodage : le discours référent du patron arrogant et gourou, c’est fini. De même que la langue de bois. On n’est plus le boss, on le prouve ! Rompus aux jeux vidéo, les Y aiment aussi la mise en récit, les épreuves. Il n’est pas interdit d’infuser une touche d’émotion et d’autodérision (la mise à l’épreuve du patron). Adeptes de la culture lol, ils apprécient cette distance par rapport à soi.
(1) Jeanne Bordeau, linguiste et coach, PDG de l’Institut de la qualité de l’expression, auteure de Le Langage des dirigeants : une métamorphose (éd. Boostzone).
Monique Dagnaud, sociologue, auteure de La Génération Y, entre transgression et subversion (coll. « Nouveaux Débats », Presses de Sciences Po).
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