A lire sur: http://www.lemagit.fr/actualites/2240207501/Big-Data-des-metiers-et-des-formations-qui-inventent-le-mouvement-en-marchant-1ere-partie
Publié: 18 oct. 2013
Trois cursus, une bonne centaine d'engagés : le premier
bataillon français de futurs spécialistes du big data est en cours de constitution, via la
formation. Avec beaucoup plus de volontaires que d'élus dans chacun des cas. Signe d'un certain
empirisme caractérisant ce marché naissant, ces cursus proposés par HEC, Telecom ParisTech ou
l'éditeur SAS, sont montés avec des entreprises partenaires. Et répondent à des motivations
différentes. Pour quels débouchés-métiers précisément? (Ce sera l'objet d'une 2ème partie).
Pour le MBA
associant HEC Paris et IBM, la cible est celle de la stratégie d'entreprise. Soit, pour la
première promo – 55 futurs analystes business, décideurs ou consultants – que la formation
théorique et pratique (études de cas), entend préparer à une approche transverse, caractéristique
des projets big data. « Pour être profitable, une telle formation est destinée à des personnes
qui se sont déjà frottées à la vie de l'entreprise », souligne Josiane Gain, responsable des
relations universitaires d'IBM France. Le programme mise sur « une approche en T »,
rapprochant des profils techniques et des profils métiers, en l'occurrence plutôt marketing, pour
forger une compétence essentielle : la capacité « à identifier les nouvelles opportunités
de croissance liées à l'exploitation intelligente des données massives ». Plutôt des Chief
Data Officers en puissance, donc, familiarisé avec l'outillage (au sens large) big data fourni
par IBM, que des data scientists. Bien que HEC assortisse la présentation de ce nouveau
cursus de la perspective de développer « sur les prochaines années » une série de cours
sur la modélisation, l'extraction de données, l'analytique prédictive, les outils de web analytics
et de visualisation des données. Aidée en cela par la puissance de feu de Big Blue qui déploie ce
genre de collaboration dans une centaine de pays.
Un panel d'industriels demandeurs
Autant de composantes que l'on retrouve, d'ailleurs, au menu du master
spécialisé (Ms) de Telecom ParisTech qui accueille sa première promo de 30 étudiants. Mais
cette fois, en misant sur l'acquisition d'un socle de connaissances
techniques concernant l'ensemble de l'infrastructure de projets big data (architecture de systèmes
répartis, technologies d'informatique décisionnelle avancée, sécurisation, etc). Le propos
est clairement l'entraînement de data scientists. « A l'interface de l'informatique et
des mathématiques appliquées», résume Stéphan Clémençon, professeur de l'Institut Mines-Télécom,
responsable du montage de ce nouveau Ms. Le fait que ce dernier, passé par Carnegie Mellon, soit
également à l'origine d'une chaire
d'enseignement-recherche (avec huit doctorants) sur le thème « machine-learning for big
data » n'est pas neutre. Cette spécialité étant la composante incontournable de l'analyse
prédictive et autres débouchés de l'algorithmie avancée). L'atout-clé pour le master: la
contribution d'un panel d'industriels particulièrement demandeurs (Safran, EADS, Thales, Capgemini,
SAS, IBM, Criteo, Liligo, ainsi que PSA, BNP Paribas pour la chaire). De quoi fournir un « fil
rouge » au volet pratique de la formation, avec des projets réalisés parallèlement aux cours,
autour d'une problématique industrielle. Et comme pour le MBA d'HEC, la première session du Ms a
suscité un afflux de candidatures : aussi bien des ingénieurs tout juste diplômés, des
statisticiens et matheux, que des informaticiens candidats à une reconversion professionnelle.
Trois fois plus que ne peut en accueillir un Master spécialisé. Un cursus qui, en plus du
décloisonnement entre disciplines scientifiques et technologiques, doit faire la part à des aspects
peu familiers aux jeunes scientifiques (juridique, économétrie, conduite du changement, etc). Mais
bonne nouvelle : forte de cette expérience de pluridisciplinarité, l'école d'ingénieurs
prépare un programme de CES (certificat
d'études spécialisés, formation courte diplômante, recours au e-learning) ouvert dès le
printemps 2014 à la formation continue pour la montée en compétences sur le thème big data.
Cette pluridisciplinarité, partant d'un bagage scientifique solide,
a certes la préférence des initiés. Tel Elias
Baltassis, issu du sérail des mathématiques appliquées, patron du pôle big data du Boston
Consulting Group après avoir dirigé le développement en Europe d'Opera Solutions, éditeur
new-yorkais de solutions d'analyse prédictive des données : « derrière le terme de data
scientist, il n'y a pas que des compétences de data miner ou de statisticien sur fond de
mathématiques appliquées. Sur le volet informatique, les technologies évoluent tellement vite que
si vous ne les maîtrisez pas vous-mêmes, vous perdez le fil ». Et d'ajouter : «la
meilleure façon, et probablement la seule pour former les compétences voulues, à l'échelle voulue
par ce marché que l'on dit déjà pénurique, est d'amener ceux qui sont déjà très calés en
mathématiques et statistiques à s'intéresser aux nouvelles méthodes et solutions informatiques
propres au big data. Ou l'inverse, mais c'est beaucoup plus difficile ».
Un contexte d'immersion totale
C'est, dans une certaine mesure, le choix que fait l'éditeur SAS,
spécialiste de l'informatique décisionnelle, avec le Spring Campus, formation intensive
d'un mois suivie d'un stage de cinq mois au sein d'entreprises partenaires. Un cursus proposé de ce
fait à des étudiants en fin de cycle (master 2, licence 3). Pour l'éditeur et les entreprises
d'accueil, il s'agit de préparer des professionnels maîtrisant la chaîne des technologies de
business analytics. Et ce, dans un contexte d'immersion totale, « en relation avec les
besoins d'un métier, pour s'entraîner à tirer partie de l'analyse des données », souligne Ariane
Liger-Belair responsable du programme académique de SAS France. Une approche expérimentale, en
quelque sorte, qui tranche avec l'approche classique des données rangées dans des bases, et qui
caractérise la « culture de la donnée » que sont appelés à représenter les
« pro » du big data au sein de l'entreprise. Les deux orientations fonctionnelles
proposées à la promo 2013 du SAS Spring Campus sont révélatrices : la gestion du risque, capitale
pour le milieu bancaire et financier ; la connaissance client, indispensable aux formes
évoluées du pilotage du marketing. Les vingt étudiants formés en avril dernier (retenus parmi
quelque 250 postulants) et sortant de stage en ce mois d'octobre sont d'ores et déjà assurés d'un
emploi. Le recueil des candidatures
pour la seconde promo (début de cursus en avril 2014) est ouvert jusqu'à la fin octobre.
Quant au volet technique et l'écosystème des outils de traitement
des flux de données, la rapidité d'évolution est telle que seul un arsenal de formations courtes
(deux à trois jours autour d'Hadoop par exemple) et une bonne dose de pragmatisme et de mise en
pratique au fil des projets, peuvent satisfaire le besoin de montée en compétences. Pour quels
métiers précisément ? En dépit du fait que ces projets relèvent le plus souvent d'une
organisation instable « faite pour durer le temps de répondre à un besoin business », un
structuration de ces métiers se dégage (ce que nous aborderons dans la 2e partie).
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