A lire sur: http://www.atelier.net/trends/articles/france-numerique-un-territoire-inegal_424692
Un rapport public pointe les disparités
de développement et d'investissement numérique selon la structure
géographique française.
Rédigé par Claudy LeBreton, le rapport
intitulé Les territoires numériques de la France de demain, remis à la
ministre de l'Egalité des Territoires et du Logement Cécile Duflot
entreprend la lourde et complexe tache de proposer aux acteurs publics
et privés un panorama détaillé et précis des défis de l'aménagement
territorial en matière de technologies numériques. Ce rapport fait suite
à l'engagement pris par le gouvernement de mettre en place d'ici 10 ans
le très haut débit partout en France. Cependant si un peu moins de 10%
du territoire français n'est pas aujourd'hui éligible, techniquement,
pour la mise en place du très haut débit, la réalité pratique voit, dans
l'accès au numérique, se creuser les inégalités déjà existantes,
géographiques comme sociologiques. Claudy Lebreton pose dès l'ouverture
l'importance du défi numérique, non comme un outil mais comme un facteur
essentiel à la révolution technologique en cours, "Ce que les penseurs
du Siècle des Lumières ont réussi avec le livre imprimé, nous devons
maintenant l'envisager pour le numérique."
Les inégalités numériques suivent les inégalités sociales
Si une politique publique d'investissement existe depuis le
début des années 90, l'approche jusque là s'est cantonnée à l'achat
d'équipement et la mise en place d'une infrastructure pouvant supporter
le haut débit. Or Il ne s'agit pas seulement de créer une structure
propice mais bien d'accompagner la transition numérique selon le député.
Le rapport pointe ainsi une réticence de la société française aux
transformations numériques, malgré la reconnaissance de leur utilité. Le
constat auprès des territoires renforce cette impression. Le nombre
d'internautes, en moins de 10 ans, s'est vu multiplié par 4, atteignant
aujourd'hui 41 millions en France, et déjà plus de 24 millions
d'utilisateurs mobiles. De même s'est opéré une évolution sociétale dans
l'importance prise par Internet comme outil, celui-ci étant maintenant
par exemple le 3e outil, selon les sondés, le plus utile dans la
recherche d'un emploi, à 63%, contre seulement 56% pour Pôle Emploi. Or
si 80% de la population y a accès, contre 14% en 2000, la répartition
n'est pas égale. Ce que Claudy Lebreton nomme l'e-exclusion creuse ainsi
un peu plus les trois grands fossés : générationnel d'abord puisque si
les digital natives sont pourvus, seuls 47% des 60-74 ans et 10% des
plus de 75 ans possèdent un ordinateur. Social de même avec 59% des
foyers disposant d'un revenu inférieur à 900€ ayant un accès propre,
culturel enfin ou la différence entre diplômés ou non est lourde, 93%
pour les études supérieures, à peine plus de 30% pour les non diplômés.
On retrouve cet écart dans la notion d'isolement, isolement social
d'abord montrant que 65% des plus isolés n'utilisent pas Internet, et
enclavement géographique. La carte du territoire montre ainsi 35 zones
sur la France entière, centrée autour des villes les plus importantes,
disposant d'un réseau cablé supérieur à 100mbits/s. La ligne Nord-Sud
est d'autant plus significative, mettant en lumière un vide numérique
entre Perpignan, Paris, et Lille.
"Le logiciel dévore le monde" Mark Andreesen
Or ce creusement des inégalités s'avère être une difficulté
majeure, économique aussi bien que sociale, pour la population
française. Là où le numérique, en abolissant les distances, permet un
désenclavement sensible, les bassins de vie ruraux, tout comme la
périphérie urbaine manquent encore d'infrastructure suffisante. De même
le manque d'accompagnement dans l'utilisation du numérique donne des
résultats inégaux, ainsi on retrouve dans l'apport du numérique une
reproduction sociale de l'héritage culturel, les plus aisés en apprenant
plus que les autres au sein même de la génération digitale. Le rapport
met ainsi en lumière l'impact potentiel des capacités numériques, depuis
la valorisation des atouts touristiques au soutien scolaire en passant
par la revitalisation des territoires isolés et de l'économie
résidentielle grâce au télétravail. Le numérique serait ainsi un atout
fort pour les territoires, en réduisant la pertinence des atouts
naturels ou démographiques, en dématérialisant la production, le besoin
de la "ville", au sens traditionnel du terme, perd de son importance.
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