A lire sur: http://www.lemagit.fr/actualites/2240207379/Big-Data-La-France-doit-encore-sajuster
Publié: 17 oct. 2013
«Changer le PH de l’eau de l’aquarium pour que les poissons grandissent et finissent par aller à
la mer». Cette phrase très imagée de François Bourdoncle, le directeur technique d’Exalead,
prononcée lors du salon Big Data Expo (qui se tient à Paris jusqu’au 17 octobre) pourrait résumer à
elle seule l’objectif que doit remplir la très attendue filière du Big Data en France, souhaitée
par Fleur Pellerin, la ministre déléguée à l’Economie numérique, en janvier dernier. La
ministre a confié à Bertrand Diard, le PDG de Talend, une mission de réflexion et d’état des lieux
dans
le cadre de l’Afdel pour faire éclore cette filière. Bref, rendre le terrain français fertile
pour les entreprises et l’ensemble de l’écosystème Big Data en France.
Et la tâche semble plutôt ardue, nous rappelle les intervenants d’une table ronde. En fil rouge, une tendance se dégage toutefois : il faut permettre aux usages de s’installer et il est nécessaire de changer les mentalités dans les entreprises françaises, pour qu’elles comblent le retard pris sur leurs homologues américaines. Ou encore, évitent d’aller s’installer aux Etats-Unis, faute d’un écosystème propice à leur développement en France, rappelle en substance ce même François Bourdoncle.
Car si la France est aujourd’hui réputée pour son terrain d’ingénieur, la qualité de sa formation, et que quelques grands comptes ont mis en place des projets clés liés à l’exploitation de données Big Data - comme c’est le cas par exemple de la SNCF -, force est de reconnaître qu’il existe encore de nombreux freins, reconnaissent l’ensemble des intervenants d’une table ronde.
«Les US se sont lancés sans vraiment savoir ce qu’ils vont y trouver», résume Didier Mamma, directeur pour la France des activités data & technologies chez SAP, indiquant que certains usages commencent véritablement à transformer les modèles. Seulement voilà, il y a un décalage (comprendre une barrière) culturel entre les entreprises françaises et le reste du monde dans leur approche de l’innovation. Dans l’Hexagone, «le taux d’acceptation à l’échec est bas et cela constitue ainsi une résistance à l’innovation, alors qu’aux US, on ne se pose pas la question et on investit».
«En France, nous sommes encore au stade des early adopters, où le ROI doit encore être démontré», souligne également Adrien Schmidt, de la société Squid Solutions. Surtout note-t-il, «les entreprises n’ont pas conscience du patrimoine de leurs données». On comprend que l’accompagnement des entreprises en France n’est pas une mince affaire.
«La bataille ne sera pas sur l’infrastructure, mais bien sur les usages et dans le développement de nouveaux modèles économiques. En France, il y a des choses à mettre en place», lance encore Didier Mamma. Le Big Data constitue une vraie «rupture», souligne quant à lui Bertrand Diard et la France a l’opportunité de se frayer un chemin sur l’échiquier mondial des usages. Là où tout n’est finalement pas encore bien défini. Mais l’Hexagone doit composer avec son marché, qui n’a pas la taille d’un marché US, ni la même capacité d’investissement.
Pour François Bourdoncle, il s’agira également d’orienter les travaux d’abord sur la régulation et d’aborder «toute la question du volet législatif» en matière de ré-utilisation des données, afin de faciliter, sans lever toute forme de contrôle, l’usage des données, ce «pétrole» du Big Data, comme l’indique Eric Menard de l’Afdel. «On peut faire en sorte que les entreprises françaises marchent bien en France et pas qu’aux Etats-Unis», lance encore François Bourdoncle, soulignant tout l’enjeu derrière cette filière Big Data en France pour les fournisseurs de technologies.
Equilibrer la concurrence
Au regard de la très faible participation (quasi-absence) de start-up Big Data lors de cet événement parisien, on comprend que des ajustements semblent en effet nécessaires. Comme le pense d’ailleurs, Laurent Bel, de la société Armadillo, spécialisée dans les technologies de base de données qu'il qualifie de "post-relationnelles" - comprendre NoSQL - et de stockage persistant. «J'aimerais que les pouvoirs publics français prennent conscience qu'il existe des sociétés innovantes, qui ont aujourd’hui des problèmes : on voit des concurrents américains qui, de leur côté, lèvent des millions de dollars [MongoDB, début octobre, NDLR]. Nous sommes frontalement concurrents, avec une démarche plus généraliste et avec une valeur supplémentaire. Par exemple, MongoDB verrouille leurs données, ce que nous ne faisons pas. Mais nous sommes très peu visibles et disposons de peu d'accès en termes d'accès au financement. Un grand private equity m'a suggéré tout à l'heure de partir aux Etats-Unis», commente-t-il. «L'Etat français peut-il prendre conscience qu'il existe une filière d'entreprise performantes et innovantes et qu'il faudrait des financements concrets ?»
Certes, certaines sociétés, spécialisées dans les services marketing, commencent à sentir une progression dans les projets. La société Soft Computing par exemple, un prestataire de services numériques tournés vers le marketing, qui a constaté le début d’un frémissement. «Depuis deux ans on investit [dans le Big Data], mais nous n’avons pas rencontré de clients en 2012», note Gilles Venturi, son directeur général. «En début d’année, c’était encore le cas. Des appels d’offres sont apparus en mars-avril, et ça s’accélère à la fin de l’année» pour les budgets de l’année prochaine. «Ca décolle mais ce n’est que le démarrage», constate-t-il.
Sans forcément souhaiter une transformation par l’Etat du secteur, Gilles Venturi, pense que des ajustements peuvent être effectués dans la formation des Data Miners et des statisticiens. Mais plus encore, il pointe du doigt - lui aussi - la régulation en matière de protection des données, plus stricte en France qu’aux Etats-Unis par exemple. Un frein pour le développement des activités : il s’agirait alors de «sur-réguler aux US ou de dé-réguler en France» pour se battre avec les mêmes armes. Il pointe enfin du doigt ce qu’il qualifie de «concurrence déloyale» des organismes publics, comme le CNRS et l’IGN qui revendent leurs données «hors de prix». L’heure est bien à la transformation, mais il reste du terrain à défricher.
Et la tâche semble plutôt ardue, nous rappelle les intervenants d’une table ronde. En fil rouge, une tendance se dégage toutefois : il faut permettre aux usages de s’installer et il est nécessaire de changer les mentalités dans les entreprises françaises, pour qu’elles comblent le retard pris sur leurs homologues américaines. Ou encore, évitent d’aller s’installer aux Etats-Unis, faute d’un écosystème propice à leur développement en France, rappelle en substance ce même François Bourdoncle.
Car si la France est aujourd’hui réputée pour son terrain d’ingénieur, la qualité de sa formation, et que quelques grands comptes ont mis en place des projets clés liés à l’exploitation de données Big Data - comme c’est le cas par exemple de la SNCF -, force est de reconnaître qu’il existe encore de nombreux freins, reconnaissent l’ensemble des intervenants d’une table ronde.
«Les US se sont lancés sans vraiment savoir ce qu’ils vont y trouver», résume Didier Mamma, directeur pour la France des activités data & technologies chez SAP, indiquant que certains usages commencent véritablement à transformer les modèles. Seulement voilà, il y a un décalage (comprendre une barrière) culturel entre les entreprises françaises et le reste du monde dans leur approche de l’innovation. Dans l’Hexagone, «le taux d’acceptation à l’échec est bas et cela constitue ainsi une résistance à l’innovation, alors qu’aux US, on ne se pose pas la question et on investit».
«En France, nous sommes encore au stade des early adopters, où le ROI doit encore être démontré», souligne également Adrien Schmidt, de la société Squid Solutions. Surtout note-t-il, «les entreprises n’ont pas conscience du patrimoine de leurs données». On comprend que l’accompagnement des entreprises en France n’est pas une mince affaire.
«La bataille ne sera pas sur l’infrastructure, mais bien sur les usages et dans le développement de nouveaux modèles économiques. En France, il y a des choses à mettre en place», lance encore Didier Mamma. Le Big Data constitue une vraie «rupture», souligne quant à lui Bertrand Diard et la France a l’opportunité de se frayer un chemin sur l’échiquier mondial des usages. Là où tout n’est finalement pas encore bien défini. Mais l’Hexagone doit composer avec son marché, qui n’a pas la taille d’un marché US, ni la même capacité d’investissement.
Pour François Bourdoncle, il s’agira également d’orienter les travaux d’abord sur la régulation et d’aborder «toute la question du volet législatif» en matière de ré-utilisation des données, afin de faciliter, sans lever toute forme de contrôle, l’usage des données, ce «pétrole» du Big Data, comme l’indique Eric Menard de l’Afdel. «On peut faire en sorte que les entreprises françaises marchent bien en France et pas qu’aux Etats-Unis», lance encore François Bourdoncle, soulignant tout l’enjeu derrière cette filière Big Data en France pour les fournisseurs de technologies.
Equilibrer la concurrence
Au regard de la très faible participation (quasi-absence) de start-up Big Data lors de cet événement parisien, on comprend que des ajustements semblent en effet nécessaires. Comme le pense d’ailleurs, Laurent Bel, de la société Armadillo, spécialisée dans les technologies de base de données qu'il qualifie de "post-relationnelles" - comprendre NoSQL - et de stockage persistant. «J'aimerais que les pouvoirs publics français prennent conscience qu'il existe des sociétés innovantes, qui ont aujourd’hui des problèmes : on voit des concurrents américains qui, de leur côté, lèvent des millions de dollars [MongoDB, début octobre, NDLR]. Nous sommes frontalement concurrents, avec une démarche plus généraliste et avec une valeur supplémentaire. Par exemple, MongoDB verrouille leurs données, ce que nous ne faisons pas. Mais nous sommes très peu visibles et disposons de peu d'accès en termes d'accès au financement. Un grand private equity m'a suggéré tout à l'heure de partir aux Etats-Unis», commente-t-il. «L'Etat français peut-il prendre conscience qu'il existe une filière d'entreprise performantes et innovantes et qu'il faudrait des financements concrets ?»
Certes, certaines sociétés, spécialisées dans les services marketing, commencent à sentir une progression dans les projets. La société Soft Computing par exemple, un prestataire de services numériques tournés vers le marketing, qui a constaté le début d’un frémissement. «Depuis deux ans on investit [dans le Big Data], mais nous n’avons pas rencontré de clients en 2012», note Gilles Venturi, son directeur général. «En début d’année, c’était encore le cas. Des appels d’offres sont apparus en mars-avril, et ça s’accélère à la fin de l’année» pour les budgets de l’année prochaine. «Ca décolle mais ce n’est que le démarrage», constate-t-il.
Sans forcément souhaiter une transformation par l’Etat du secteur, Gilles Venturi, pense que des ajustements peuvent être effectués dans la formation des Data Miners et des statisticiens. Mais plus encore, il pointe du doigt - lui aussi - la régulation en matière de protection des données, plus stricte en France qu’aux Etats-Unis par exemple. Un frein pour le développement des activités : il s’agirait alors de «sur-réguler aux US ou de dé-réguler en France» pour se battre avec les mêmes armes. Il pointe enfin du doigt ce qu’il qualifie de «concurrence déloyale» des organismes publics, comme le CNRS et l’IGN qui revendent leurs données «hors de prix». L’heure est bien à la transformation, mais il reste du terrain à défricher.
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