A lire sur: http://www.pcinpact.com/news/77191-edito-pourquoi-offres-legales-ne-comblent-elles-pas-public.htm
Il y a douze ans donc, aux États-Unis (en 2002 en France), des offres légales de musique majeures ouvraient leurs portes. Il ne s'agissait pas des toutes premières offres - eMusic existait depuis la fin des années 90 par exemple - mais Rhapsody et surtout iTunes ont de façon évidente permis au marché de se développer. Mais toutes ces offres étaient franchement imparfaites à l'époque.
Concrètement, que demandaient (et demandent toujours) les internautes ?
Globalement, le marché légal de la musique en ligne a fait d'immenses progrès ces dernières années, bien qu'il existe encore des problèmes d'interopérabilité, pour Linux notamment, avec certains services. Mais à quel prix ces progrès ont-ils été réalisés ! La patience est certainement la vertu la plus importante parmi les internautes avides de ne pas succomber à une consommation illégale. Qui plus est, tout n'est pas encore parfait, loin de là. Le Tumblr JvoulaisPasPirater le prouve régulièrement (surtout pour la vidéo à la demande il est vrai), et le titre du dernier article des Inrocks sur le sujet n'appelle à aucun commentaire : Pourquoi le piratage est encore indispensable en France en 2013.
Mais pourquoi le secteur de la musique est-il encore critiqué ? La lenteur de développement du secteur en ligne est liée à plusieurs facteurs. Nous pouvons notamment citer le trop grand nombre d'acteurs (majors, labels indépendants, multiples représentants d'ayants droit), impliquant de nombreuses et longues négociations. Néanmoins, il faut noter les récentes avancées dans ce domaine, en atteste l'accord avec Google au mois de novembre dernier portant sur un très grand nombre de territoire et un immense catalogue de 5,5 millions de titres.
Et nous pouvons aussi bien sûr parler de la frilosité des acteurs du marché, ainsi que leur incapacité à cerner les besoins des internautes. En 2007, alors que la fin des DRM faisait déjà débat et que le catalogue en ligne était de 2 millions de titres (un nombre élevé pour l'époque), Pascal Nègre affirmait par exemple ceci lors d'une entrevue : « Maintenant on nous trouve un nouvel argument qui est le problème des DRM. Bon. On en trouvera un troisième. » À cette époque, nous nous demandions alors si ce troisième problème ne pouvait pas être la qualité de l'encodage des morceaux.
Alors que les problèmes et besoins en matière de musique étaient déjà clairement tous définis au début des années 2000, il a donc fallu entre 5 et 10 ans pour que les acteurs majeurs du secteur en prennent conscience, chaque problème prenant plusieurs années pour être plus ou moins résolus. Et la vidéo ? Le secteur existe tout de même depuis plus de sept ans en France, CanalPlay et TF1Vision ayant été lancés fin 2005.
Néanmoins, nous ne pouvons que louer l'essor des offres de streaming illimitées, dès lors que les tarifs de téléchargement à l'unité (ou même en lot) ne sont aujourd'hui pas du tout en adéquation avec la réalité. Dès lors qu'une simple location unique d'un film peut coûter jusqu'à 4,99 € voire plus (et pour 48h), ou encore qu'une série complète de 12 épisodes coûtent en location près de 24 € (1,99 € x 12), il y a de quoi se poser de sérieuses questions sur la logique des plateformes de vidéos. Le futur de la vidéo à la demande (VàD ou VoD) passe ainsi de façon évidente par l'illimité (SVOD).
Autres défauts majeurs des offres de vidéo similaires à la musique (aujourd'hui ou dans le passé), l'interopérabilité et la qualité des vidéos. D'un côté, si certains acteurs font tout pour être disponibles sur un maximum de plateforme, il reste malgré tout des problèmes énormes pour quiconque est sur un OS autre que Windows ou Mac OS X (ou iOS). Quant à la qualité de compression, s'il existe parfois des contenus dits HD, de très fortes améliorations peuvent encore être réalisées.
Mis en place afin de protéger les producteurs (majors et chaînes de télévision), ce système, qui peut paraître légitime, empêche les plateformes souhaitant faire de la VoD illimitée de proposer du contenu récent. Alors qu'aux USA, Netflix offre des films et des séries de quelques mois à peine (Hunger Games y est déjà disponible par exemple), en France, il faut se contenter de films de 2009/2010 dans le meilleur des cas. Pour les films plus récents, il faut nécessairement passer par de la VoD unique, souvent à 4,99 € (ou 2,99 € avec le Pass Duo de VideoFutur).
Bonne nouvelle toutefois, la chronologie des médias pourrait être revue par la Mission Lescure. Et certaines plateformes, telles Netflix et Dailymotion, n'ont pas caché leurs souhaits de voir des évolutions importantes s'opérer afin d'investir en France.
Enfin, si cela ne suffisait pas, la même logique touche le marché du livre et de la BD : catalogue limité (et en lente expansion), DRM à foison, interopérabilité parfois inexistante et tarifs pas toujours compétitifs sont ainsi les principales caractéristiques de ce marché. Les principaux acteurs du secteur de l'édition sont toujours incapables de faire correspondre leurs offres aux besoins des consommateurs, à l'instar de la musique dans le passé et de la vidéo aujourd'hui. L'histoire se répète donc, et personne ne s'en émeut. La Hadopi et la lutte contre le piratage ont ainsi de beaux jours devant elles. Rendez-vous dans 10 ans pour un nouveau constat.
Pour pousser au piratage ?
La question mérite d'être posée tant le sujet
dure depuis de longues années, avec le « piratage » en toile de fond,
parfait bouc émissaire de secteurs qui ne savent ni se renouveler ni
s'adapter. Alors que certains marchés évoluent à très grande vitesse sur
internet, les offres légales de musiques, de vidéos ou encore de livres
peinent à combler toutes les attentes du public. Des désirs pourtant
connus de très longue date.
Des années pour combler des besoins définis dès le départ
Il y a une dizaine d'années, si parler d'offres légales de films, de séries ou encore de livres électroniques n'était pas vraiment d'actualité, la musique, elle, était déjà au cœur des débats. La mort de Napster en 2001 cumulée au lancement d'iTunes Music Store et de Rhapsody la même année outre-Atlantique, à l'essor d'autres outils de P2P peu de temps après, à l'explosion du haut débit et au pic historique (en 2002) pour le secteur musical, ont plus que jamais placé l'offre légale de musique au centre des discussions.Il y a douze ans donc, aux États-Unis (en 2002 en France), des offres légales de musique majeures ouvraient leurs portes. Il ne s'agissait pas des toutes premières offres - eMusic existait depuis la fin des années 90 par exemple - mais Rhapsody et surtout iTunes ont de façon évidente permis au marché de se développer. Mais toutes ces offres étaient franchement imparfaites à l'époque.
Concrètement, que demandaient (et demandent toujours) les internautes ?
- Un catalogue large comprenant aussi bien des artistes des majors que des artistes bien moins connus, issus des labels indépendants, qu'ils soient locaux ou étrangers
- Aucun DRM
- Une interopérabilité complète et donc un large choix de fichiers
- Une qualité maximale pour les fichiers compressés, voire aucune compression si possible
- Des tarifs qui paraissent justes et compétitifs par rapport aux autres formats
Des améliorations flagrantes, mais au prix d'une longue patience
Aujourd'hui, entre les services de téléchargement (d'iTunes à Qobuz) et de streaming (Deezer, Spotify, etc.), le public a-t-il de quoi être comblé, après plus de 10 ans d'attente pour certains ? Oui et non. Tout dépend des besoins de chacun. Pour certains, le catalogue fourni par les plateformes - 26/28 millions sur iTunes - sera suffisant. D'autres noteront des absences, du fait de la volonté des labels voire des artistes eux-mêmes de n'être disponibles que sous format CD. On en compte encore un certain nombre dans ce cas aujourd'hui. Que ce soit l'interopérabilité ou encore la qualité des titres proposés, il y a eu d'importantes progressions réalisées ces dernières années, même en streaming. Les puristes peuvent certes y avoir à redire pour 99 % des plateformes, mais pour le grand public, la question ne se pose pas. Par contre, concernant les tarifs, le fait que certains albums au format CD soient moins chers qu'en numérique laisse toujours songeur, d'autant que la qualité CD est meilleure.Globalement, le marché légal de la musique en ligne a fait d'immenses progrès ces dernières années, bien qu'il existe encore des problèmes d'interopérabilité, pour Linux notamment, avec certains services. Mais à quel prix ces progrès ont-ils été réalisés ! La patience est certainement la vertu la plus importante parmi les internautes avides de ne pas succomber à une consommation illégale. Qui plus est, tout n'est pas encore parfait, loin de là. Le Tumblr JvoulaisPasPirater le prouve régulièrement (surtout pour la vidéo à la demande il est vrai), et le titre du dernier article des Inrocks sur le sujet n'appelle à aucun commentaire : Pourquoi le piratage est encore indispensable en France en 2013.
Mais pourquoi le secteur de la musique est-il encore critiqué ? La lenteur de développement du secteur en ligne est liée à plusieurs facteurs. Nous pouvons notamment citer le trop grand nombre d'acteurs (majors, labels indépendants, multiples représentants d'ayants droit), impliquant de nombreuses et longues négociations. Néanmoins, il faut noter les récentes avancées dans ce domaine, en atteste l'accord avec Google au mois de novembre dernier portant sur un très grand nombre de territoire et un immense catalogue de 5,5 millions de titres.
Et nous pouvons aussi bien sûr parler de la frilosité des acteurs du marché, ainsi que leur incapacité à cerner les besoins des internautes. En 2007, alors que la fin des DRM faisait déjà débat et que le catalogue en ligne était de 2 millions de titres (un nombre élevé pour l'époque), Pascal Nègre affirmait par exemple ceci lors d'une entrevue : « Maintenant on nous trouve un nouvel argument qui est le problème des DRM. Bon. On en trouvera un troisième. » À cette époque, nous nous demandions alors si ce troisième problème ne pouvait pas être la qualité de l'encodage des morceaux.
Alors que les problèmes et besoins en matière de musique étaient déjà clairement tous définis au début des années 2000, il a donc fallu entre 5 et 10 ans pour que les acteurs majeurs du secteur en prennent conscience, chaque problème prenant plusieurs années pour être plus ou moins résolus. Et la vidéo ? Le secteur existe tout de même depuis plus de sept ans en France, CanalPlay et TF1Vision ayant été lancés fin 2005.
Capture trouvée sur le Tumblr J'voulais Pas Pirater.
Le marché de la vidéo n'a pas retenu les leçons de la musique
Les problématiques pour les vidéos sont souvent équivalentes à celles du secteur musical. Pour obtenir un bon catalogue, il faut négocier avec un très grand nombre d'acteurs, certains étant en plus réfractaires à proposer leurs contenus, de peur d'être piratés. Ainsi, même un géant comme Netflix est loin d'avoir un catalogue idéal et ne peut donc combler parfaitement les consommateurs. Aujourd'hui, soyons clair, aucune offre légale de vidéos sur le marché ne peut contenter une grande majorité d'internautes, même dans les pays où ces offres sont le plus développées.Néanmoins, nous ne pouvons que louer l'essor des offres de streaming illimitées, dès lors que les tarifs de téléchargement à l'unité (ou même en lot) ne sont aujourd'hui pas du tout en adéquation avec la réalité. Dès lors qu'une simple location unique d'un film peut coûter jusqu'à 4,99 € voire plus (et pour 48h), ou encore qu'une série complète de 12 épisodes coûtent en location près de 24 € (1,99 € x 12), il y a de quoi se poser de sérieuses questions sur la logique des plateformes de vidéos. Le futur de la vidéo à la demande (VàD ou VoD) passe ainsi de façon évidente par l'illimité (SVOD).
Autres défauts majeurs des offres de vidéo similaires à la musique (aujourd'hui ou dans le passé), l'interopérabilité et la qualité des vidéos. D'un côté, si certains acteurs font tout pour être disponibles sur un maximum de plateforme, il reste malgré tout des problèmes énormes pour quiconque est sur un OS autre que Windows ou Mac OS X (ou iOS). Quant à la qualité de compression, s'il existe parfois des contenus dits HD, de très fortes améliorations peuvent encore être réalisées.
La chronologie des médias, un boulet supplémentaire au pied
En somme, le marché de la VoD ne semble rien avoir appris des déboires du secteur musical et répète donc inlassablement les mêmes erreurs. Et nous pouvons d'ailleurs nous demander pourquoi. Pire encore, non seulement il ne profite pas de l'expérience de la musique, mais le marché de la vidéo en ligne en France a un boulet au pied et est castré légalement par la chronologie des médias.Mis en place afin de protéger les producteurs (majors et chaînes de télévision), ce système, qui peut paraître légitime, empêche les plateformes souhaitant faire de la VoD illimitée de proposer du contenu récent. Alors qu'aux USA, Netflix offre des films et des séries de quelques mois à peine (Hunger Games y est déjà disponible par exemple), en France, il faut se contenter de films de 2009/2010 dans le meilleur des cas. Pour les films plus récents, il faut nécessairement passer par de la VoD unique, souvent à 4,99 € (ou 2,99 € avec le Pass Duo de VideoFutur).
Bonne nouvelle toutefois, la chronologie des médias pourrait être revue par la Mission Lescure. Et certaines plateformes, telles Netflix et Dailymotion, n'ont pas caché leurs souhaits de voir des évolutions importantes s'opérer afin d'investir en France.
Enfin, si cela ne suffisait pas, la même logique touche le marché du livre et de la BD : catalogue limité (et en lente expansion), DRM à foison, interopérabilité parfois inexistante et tarifs pas toujours compétitifs sont ainsi les principales caractéristiques de ce marché. Les principaux acteurs du secteur de l'édition sont toujours incapables de faire correspondre leurs offres aux besoins des consommateurs, à l'instar de la musique dans le passé et de la vidéo aujourd'hui. L'histoire se répète donc, et personne ne s'en émeut. La Hadopi et la lutte contre le piratage ont ainsi de beaux jours devant elles. Rendez-vous dans 10 ans pour un nouveau constat.
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