A lire sur: http://www.lemagit.fr/economie/2013/02/27/bertrand-diard-afdel-creer-la-filiere-big-data-francaise-cest-maintenant-ou-jamais/
Le 27 février 2013 (19:12) - par Reynald Fléchaux
Interview avec Bertrand Diard, Pdg de Talent et chargé par le
gouvernement de définir les grandes lignes de la très précieuse filière
Big Data en France. Il revient sur les enjeux de cette filière et de la
nécessité de prendre ce train du Big Data.
Chargé
par le gouvernement de réfléchir à la création d’une filière Big Data
en France dans le cadre de l’Afdel (Association française des éditeurs
de logiciels, NDLR), Bertrand Diard, le Pdg de l’éditeur Talend, revient
sur les grandes orientations de son projet, qui doit être
officiellement remis à la ministre de l’Economie numérique Fleur
Pellerin dans les prochaines semaines. Pour le jeune Pdg de l’éditeur
Open Source, et également administrateur de l’association, la France a
une fenêtre d’opportunité sur ce sujet. Mais cette fenêtre va très vite
se refermer, compte tenu de l’afflux d’argent vers le secteur du Big
Data.
LeMagIT : Dans quel contexte s’inscrit cette mission sur la création d’une filière Big Data en France ?
Bertrand Diard : Quand Fleur Pellerin est arrivée au gouvernement, elle a consulté différents dirigeants de l’industrie du logiciel, dont je faisais partie, sur les prochaines technologies de rupture. Le constat est cruel : la France a raté plusieurs bouleversements majeurs, Internet, le Cloud, les moteurs de recherche, le mobile… Or, dans les technologies, si nous n’arrivons pas à nous positionner en avance sur la Silicon Valley, nous sommes pénalisés par nos capacités financières plus réduites. Qui plus est, tout retard au démarrage démultiplie les besoins d’investissement afin de combler l’écart.
LeMagIT : En janvier, Fleur Pellerin a confié à l’Afdel une mission – que vous présidez – pour préciser les contours d’une future filière Big Data à Paris, dans le cadre de Paris Capitale du numérique. Quelles sont les principales recommandations de l’Afdel à ce jour ?
B.D. : Même si ces recommandations ne sont pas encore finalisées, et n’ont pas été présentées officiellement à la ministre, quelques idées se dégagent déjà. D’abord sur la cible de la filière. Il faut constater que la France arrive déjà un peu tard sur les infrastructures de support, où Hadoop semble s’imposer comme un standard et où une société comme Cloudera a déjà levé quelque 160 M$, ou sur l’intégration. Nous recommandons donc de cibler les applications qui viendront supporter les métiers, applications qui aujourd’hui n’existent pas. C’est une opportunité considérable.
LeMagIT : Quels sont les leviers que vous imaginez pour créer ces sociétés spécialisées dans l’applicatif Big Data ?
B.D. : Nous avons imaginé un écosystème avec 6 composantes. Des fondations : universités, laboratoires de recherche, l’intégration du Big Data dans la formation permanente. La mise en place d’un guichet unique facilitant la création d’entreprises, au sein de Paris Capitale du numérique. Des infrastructures via des accords de partenariat permettant aux start-up d’accéder gratuitement pendant leur incubation à des environnements Cloud, des logiciels d’infrastructure et à l’accompagnement technique d’ingénieurs issus des grands intégrateurs hexagonaux comme Capgemini, Atos ou Bull. La création de passerelles avec des structures capables d’accompagner les créateurs d’entreprise dans la commercialisation de leurs produits et le marketing. La mise sur pied d’un fonds d’investissement dédié, à parité public-privé. Ce fonds recevant, c’est le sixième pilier de la stratégie, une gouvernance dédiée, mélangeant elle aussi les profils issus du public et du privé et complétée par un « advisory board ».
LeMagIT : Quel serait l’investissement que devrait consentir l’Etat ?
B.D. : Dans nos recommandations, nous proposons que l’Etat investisse 150 M€. S’il le fait, je garantis l’apport des 150 M€ complémentaires, issus d’entreprises ou de fonds à la recherche d’investissements dans le Big Data. Par mes contacts, je sais que nous pourrons tenir cet objectif. Sur la période 2013-2018, nous disposerions ainsi de 300 M€ ; si on considère que chaque start-up nécessite 1 à 3 M€ en amorçage, la France aurait alors à disposition un outil pour créer 100 start-ups sur le créneau. Avec un vrai potentiel de retour sur investissement. Si on considère qu’une start-up sur dix réussira, et atteindra en 4 ou 5 ans les 50 M€ de chiffre d’affaires, nous avons calculé que la création de valeur atteindrait 2,6 Md€. Et que ces 10 éditeurs créeraient environ 5 000 emplois. Si la France parvient à ces résultats, elle sera dans le bon wagon au niveau international. Probablement juste derrière la Silicon Valley.
LeMagIT : Où en êtes-vous de vos discussions avec le cabinet de la ministre ?
B.D. : Nous sommes en phase d’itération sur ce projet, le ministère est très réceptif sur le sujet. Nous espérons présenter nos recommandations finalisées à la ministre dans les prochaines semaines. Il faut aller vite : soit nous parvenons à mettre sur pied cette filière dans les 6 mois qui viennent, soit la France aura raté ce nouveau train.
LeMagIT : Dans quel contexte s’inscrit cette mission sur la création d’une filière Big Data en France ?
Bertrand Diard : Quand Fleur Pellerin est arrivée au gouvernement, elle a consulté différents dirigeants de l’industrie du logiciel, dont je faisais partie, sur les prochaines technologies de rupture. Le constat est cruel : la France a raté plusieurs bouleversements majeurs, Internet, le Cloud, les moteurs de recherche, le mobile… Or, dans les technologies, si nous n’arrivons pas à nous positionner en avance sur la Silicon Valley, nous sommes pénalisés par nos capacités financières plus réduites. Qui plus est, tout retard au démarrage démultiplie les besoins d’investissement afin de combler l’écart.
LeMagIT : En janvier, Fleur Pellerin a confié à l’Afdel une mission – que vous présidez – pour préciser les contours d’une future filière Big Data à Paris, dans le cadre de Paris Capitale du numérique. Quelles sont les principales recommandations de l’Afdel à ce jour ?
B.D. : Même si ces recommandations ne sont pas encore finalisées, et n’ont pas été présentées officiellement à la ministre, quelques idées se dégagent déjà. D’abord sur la cible de la filière. Il faut constater que la France arrive déjà un peu tard sur les infrastructures de support, où Hadoop semble s’imposer comme un standard et où une société comme Cloudera a déjà levé quelque 160 M$, ou sur l’intégration. Nous recommandons donc de cibler les applications qui viendront supporter les métiers, applications qui aujourd’hui n’existent pas. C’est une opportunité considérable.
LeMagIT : Quels sont les leviers que vous imaginez pour créer ces sociétés spécialisées dans l’applicatif Big Data ?
B.D. : Nous avons imaginé un écosystème avec 6 composantes. Des fondations : universités, laboratoires de recherche, l’intégration du Big Data dans la formation permanente. La mise en place d’un guichet unique facilitant la création d’entreprises, au sein de Paris Capitale du numérique. Des infrastructures via des accords de partenariat permettant aux start-up d’accéder gratuitement pendant leur incubation à des environnements Cloud, des logiciels d’infrastructure et à l’accompagnement technique d’ingénieurs issus des grands intégrateurs hexagonaux comme Capgemini, Atos ou Bull. La création de passerelles avec des structures capables d’accompagner les créateurs d’entreprise dans la commercialisation de leurs produits et le marketing. La mise sur pied d’un fonds d’investissement dédié, à parité public-privé. Ce fonds recevant, c’est le sixième pilier de la stratégie, une gouvernance dédiée, mélangeant elle aussi les profils issus du public et du privé et complétée par un « advisory board ».
LeMagIT : Quel serait l’investissement que devrait consentir l’Etat ?
B.D. : Dans nos recommandations, nous proposons que l’Etat investisse 150 M€. S’il le fait, je garantis l’apport des 150 M€ complémentaires, issus d’entreprises ou de fonds à la recherche d’investissements dans le Big Data. Par mes contacts, je sais que nous pourrons tenir cet objectif. Sur la période 2013-2018, nous disposerions ainsi de 300 M€ ; si on considère que chaque start-up nécessite 1 à 3 M€ en amorçage, la France aurait alors à disposition un outil pour créer 100 start-ups sur le créneau. Avec un vrai potentiel de retour sur investissement. Si on considère qu’une start-up sur dix réussira, et atteindra en 4 ou 5 ans les 50 M€ de chiffre d’affaires, nous avons calculé que la création de valeur atteindrait 2,6 Md€. Et que ces 10 éditeurs créeraient environ 5 000 emplois. Si la France parvient à ces résultats, elle sera dans le bon wagon au niveau international. Probablement juste derrière la Silicon Valley.
LeMagIT : Où en êtes-vous de vos discussions avec le cabinet de la ministre ?
B.D. : Nous sommes en phase d’itération sur ce projet, le ministère est très réceptif sur le sujet. Nous espérons présenter nos recommandations finalisées à la ministre dans les prochaines semaines. Il faut aller vite : soit nous parvenons à mettre sur pied cette filière dans les 6 mois qui viennent, soit la France aura raté ce nouveau train.
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