A lire sur: http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/biologie-3/d/des-cellules-souches-pour-creer-des-organes-par-impression-3d_44469/#xtor=EPR-23-[HEBDO]-20130208-[ACTU-des_cellules_souches_pour_creer_des_organes_par_impression_3d]
Par Janlou Chaput, Futura-Sciences
Le bioprinting, ou l’impression
de tissus humains, pourrait prendre un nouveau tournant. Pour la
première fois, des scientifiques ont réussi à construire une imprimante
3D capable de déposer des cellules souches embryonnaires humaines sans les détruire ni leur faire perdre leur pluripotence. De quoi susciter les plus gros fantasmes, comme la régénération d’organes entiers.
Le progrès passe parfois par la combinaison de différentes technologies. L’impression 3D
permet depuis quelques années de fabriquer des objets en empilant une à
une des couches de résine ou de plastique. Certains biologistes ont
alors eu l’idée de remplacer le plastique par des cellules, afin de
créer des structures organiques.
De premiers succès ont déjà été obtenus. Par
exemple, en novembre dernier, des scientifiques ont utilisé cette
méthode pour recréer du cartilage.
Le résultat, injecté chez des souris, était parfaitement fonctionnel.
D’autres expériences similaires ont été réussies, y compris avec des cellules souches embryonnaires (CSE) de rongeurs.
Ces cellules sont particulières car elles sont
pluripotentes, c’est-à-dire qu’elles ont la capacité de se différencier
en n’importe quel tissu de l’organisme. On les trouve aussi chez l’Homme
et on les a d’ailleurs testées en impression 3D. Cependant, elles sont
plus fragiles que celles retrouvées chez la souris et n’ont pas tenu le choc.
Des cellules souches embryonnaires survivent à l’impression 3D
Des scientifiques de l’Heriot-Watt University
d'Édimbourg (Écosse) annoncent cependant avoir probablement réussi à
outrepasser le problème. Leur système, décrit dans la revue Biofabrication,
a épargné la quasi-totalité des cellules souches humaines tout en leur
permettant de garder leurs propriétés intrinsèques, celles qui nous
intéressent en médecine régénérative.
Voici l'imprimante 3D conçue par les scientifiques. Grâce à son système de valves et d'air comprimé, elle permet aux cellules souches embryonnaires de survivre au jet d'encre. © Will Shu, Biofabrication
La machine est pilotée par ordinateur. Elle dispose de deux encres biologiques : l’une contient les cellules souches dans un milieu de culture servant à les alimenter, quand l’autre ne contient que ce milieu.
Grâce à un système à air comprimé contrôlé par
l’ouverture ou la fermeture d’une microvalve, les quantités déposées
sont extrêmement précises. Ainsi, les auteurs peuvent déposer uniquement
cinq cellules s’il le faut. Grâce à la superposition des couches, ils
ont obtenu des gradients de concentration en CSE. Les cellules se
regroupent alors en amas sphériques dont la taille est parfaitement
contrôlée.
Des organes artificiels ? C'est encore un peu tôt
Un jour après l’opération, plus de 95 % des CSE
étaient encore vivantes, et 89 % des cellules résistaient, encore 48 h
plus tard. L’utilisation d’un marqueur a par ailleurs révélé qu’elles
n’avaient pas perdu leur pluripotence. La preuve que le concept fonctionne.
Nous sommes tout de même encore loin de la création d’organes complexes par des imprimantes 3D, même si de la peau et du tissu musculaire ont déjà pu être mis au point. Pourquoi ? Un foie, un cœur ou encore un rein
demandent un système vasculaire important qu’on ne peut encore fournir,
même si certains laboratoires travaillent à l’élaboration de vaisseaux sanguins artificiels.
Cependant, même si ce fantasme n’est pas encore à
portée de main, des tissus artificiels fabriqués rapidement et à moindre
coût pourraient servir à imiter des organes, afin de tester l’effet de molécules médicamenteuses. L’opportunité de limiter les essais pharmacologiques menés sur les animaux. Pour le moment, les techniques de bioprinting
sont encore à leurs prémices mais les avancées laissent supposer qu’un
jour les imprimantes 3D biologiques feront partie de l’équipement de
base des laboratoires de biologie cellulaire.
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