Depuis le temps qu'elles font route vers le même
point, les quatre stars du Web ont fini par entrer en collision. En
présentant son service de musique, Google
marche sur les traces d'Apple, d'Amazon et de Facebook. Quatre acteurs
venus pourtant d'horizons bien différents. En toute logique stratégique,
chacun aurait dû se concentrer sur sa spécialité et cultiver patiemment
son petit monopole. Le commerce pour Amazon, les ordinateurs et
téléphones pour Apple, la recherche pour Google et les réseaux sociaux
pour Facebook.
Au lieu de cela, ils
prennent tous les quatre un malin plaisir à venir piétiner les
plates-bandes de leurs voisins. Ami historique d'Apple, Google s'est
invité dans la téléphonie, en challenger de l'iPhone. Puis il est venu
chatouiller Facebook dans les réseaux sociaux, avant de s'attaquer au
marché de la musique. Ces quatre-là ne tiennent pas en place et
illustrent à merveille l'effervescence entrepreneuriale de la côte Ouest
des Etats-Unis.
Pourquoi cette
agitation brownienne porteuse d'autant de risques que d'opportunités ?
Pour deux raisons. D'abord parce que tous les quatre savent que le
succès des stars de l'Internet peut être éphémère. Qui se soucie encore
d'AOL, de Yahoo! ou de MySpace ? Engagés dans une guerre de mouvement,
ils sont condamnés au mouvement permanent. Le Web est instable et
impatient.
Ensuite, parce que l'Internet
est un monde de flux et non de stock. Dans ce jeu là, il ne faut pas
détenir les gares ou les belles avenues, mais les carrefours qui
permettent de s'y rendre. Quitte, comme Amazon, à carrément inviter ses
concurrents sur son propre site.
C'est
la logique de la plate-forme. On a déjà connu cela avec Windows, puis
avec les annuaires comme Yahoo! et enfin avec le moteur de recherche de
Google. Le maître de l'aiguillage attire l'audience. Mais comme cela ne
suffit pas, il cherche désormais à l'emprisonner dans la toile de ses
services. Et l'émergence du « cloud computing » facilite la tâche en
compliquant le passage d'une plate-forme à une autre.
Chacun
fera son choix et pour une fois les fournisseurs de contenu échapperont
à la dictature du monopole. Maigre consolation car, dans ce monde comme
dans l'ancien, c'est celui qui distribue les cartes qui rafle la mise.
Et, malheureusement pour les Européens, ces quatre-là sont tous
Américains.
http://www.lesechos.fr/opinions/edito/0201749943616-google-et-la-guerre-des-plate-formes-250843.php?xtor=EPR-1500-[idees_debats]-20111118-[s=461370_n=9_c=901_]-409905656@1
http://www.lesechos.fr/opinions/edito/0201749943616-google-et-la-guerre-des-plate-formes-250843.php?xtor=EPR-1500-[idees_debats]-20111118-[s=461370_n=9_c=901_]-409905656@1
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