lundi 28 novembre 2011

Mobile : Pas de « happy end » en vue pour Deutsche Telekom aux Etats-Unis

26/11 | 18:27 | Guillaume de Calignon

ATT a passé une provision de 4 milliards de dollars dans ses comptes, qui correspondent aux frais de rupture en cas de refus par les autorités de la fusion avec T-Mobile US, la filiale de l'allemand, plus petite et peu rentable.

G. DE C.
La probabilité que Deutsche Telekom se retrouve avec sa filiale américaine sur les bras augmente de jour en jour. Le rachat de T-Mobile US par ATT paraît en effet bien mal engagé. La semaine dernière, les deux opérateurs ont retiré leur dossier de demande d'homologation de l'opération auprès du régulateur des télécoms afin de se concentrer sur l'obtention du feu vert du Département de la Justice, qui se montre peu enclin à autoriser la fusion en raison de son impact potentiellement négatif sur la concurrence. De son côté, ATT a passé une provision de 4 milliards de dollars, correspondant aux éventuels frais de rupture de contrat que l'Américain devrait verser au groupe allemand en cas d'échec de l'opération. « Les chances que l'opération aille à son terme sont extrêmement faibles », résume un analyste financier.
Certes, un chèque de dédommagement d'un tel montant serait bienvenu pour Deutsche Telekom. Mais vendre T-Mobile US arrangerait bien l'allemand. D'abord parce que sa filiale américaine perd des clients. Environ un million d'abonnés avec un forfait, les plus rentables, ont quitté T-Mobile au cours de la dernière année. Pour relancer la machine, Deutsche Telekom a été obligé de lancer des offres low cost, beaucoup moins lucratives. Or, le groupe allemand est déjà le plus petit des quatre opérateurs mobiles présents sur l'ensemble du territoire américain, ce qui se ressent sur sa marge. Avec 33 millions de clients, sa marge brute d'exploitation a atteint 26,5  % au troisième trimestre. Verizon affiche, lui, une marge de 48  % pour 108 millions de clients et ATT, avec 100 millions de clients, dégage un profit équivalant à 43  % de son chiffre d'affaires.
« T-Mobile US seul n'a pas la capacité de dégager des profits supérieurs à son coût du capital à long terme, estime un analyste financier. Il est trop petit et doit encore investir lourdement, notamment en achetant des fréquences ». La filiale de Deutsche Telekom risque fort de continuer à jouer en seconde division outre Atlantique et d'afficher des marges inférieures à ses concurrents.
Des solutions sont envisageables, mais elles ne seront pas aussi favorables qu'un rachat par ATT. Sprint, le troisième opérateur mobile, fort de 53 millions de clients, pourrait être intéressé par une reprise de T-Mobile US. Mais il n'est pas sûr que les autorités américaines acceptent, et de toute façon, Sprint paierait moins cher qu'ATT. Des câblo-opérateurs comme Comcast ou Time Warner Cable pourraient aussi décider d'acquérir T-Mobile US pour lier leurs offres de télévision payante et d'Internet fixe à haut débit avec un forfait mobile, ce qui leur fait défaut aujourd'hui. Mais les synergies seraient moins importantes qu'une fusion entre deux réseaux mobiles. Bref, Deutsche Telekom est loin d'avoir réglé son problème américain.

 http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/tech-medias/actu/0201764252552-mobile-pas-de-happy-end-en-vue-pour-deutsche-telekom-aux-etats-unis-254519.php?xtor=EPR-1500-[la_une_matin]-20111128-[s=461370_n=3_c=304_]-409905656@1

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