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Prototype de cellule solaire organique à base de petites molécules. © Institut Moltech-Anjou
L’enjeu actuel du
photovoltaïque est d’améliorer l’efficacité des cellules tout en
réduisant leur coût de production. Une des voies de recherche consiste à
remplacer le silicium par un matériau organique. Une étude montre que
l’intégration de cellules dont la synthèse est simple peut produire des
panneaux aussi efficaces que ceux en silicium.
Le 25/06/2013 à 10:31
- Par
Un panneau solaire rassemble les cellules
photovoltaïques reliées entre elles et montées en série et en parallèle.
Les cellules sont le plus souvent en silicium, cuivre, indium et
sélénium. Les recherches s'orientent de plus en plus vers les cellules
organiques dont la synthèse est simple. © Zigazou76, Flickr, cc by 2.0
Quelle est la molécule la plus simple capable de transformer l'énergie solaire en
électricité ? C’est une question que s'est posée une équipe de
l'Institut des sciences et technologies moléculaires d'Angers
(Moltech-Anjou). Les chercheurs ont montré que des molécules
très simples, produites en peu d'étapes avec de très bons rendements de
synthèse, peuvent devenir des alternatives crédibles aux molécules plus
complexes et aux polymères utilisés pour la fabrication de cellules solaires organiques.
Leurs travaux, publiés en ligne dans la revue Advanced Functional Materials et Chemistry : A European Journal (AFMC),
ont permis d'obtenir des molécules de faible poids moléculaire ayant un
rendement électrique supérieur à 4 %. Ils montrent ainsi que grâce à
l'optimisation de molécules simples, on pourra passer de la recherche
fondamentale à la production industrielle de dispositifs solaires
fabriqués à partir de molécules organiques.
Prototype de cellule solaire organique à base de petites molécules. © Institut Moltech-Anjou
Depuis les années 2000, une intense compétition
internationale vise à produire, à partir de molécules organiques, des
cellules solaires aux performances comparables à celles des cellules de silicium des
panneaux solaires commercialisés aujourd'hui. En effet, les cellules
photovoltaïques organiques devraient être moins chères à produire, et
pourraient en outre ouvrir de nouvelles applications.
Molécules trop complexes à synthétiser pour le photovoltaïque
Deux voies sont actuellement à l'étude dans le photovoltaïque organique, et la plus répandue repose sur l'utilisation de polymères.
Cependant, ces matériaux sont composés de chaînes macromoléculaires de
différentes longueurs, ce qui peut engendrer des problèmes de
reproductibilité de leurs propriétés électroniques. Une autre voie,
ouverte par la même équipe de l'Institut Moltech-Anjou en 2005 et
reprise depuis par de nombreux laboratoires, consiste à utiliser des
molécules organiques solubles de structure parfaitement définie. Cette
voie a permis d'obtenir récemment des rendements de conversion
électrique de plus de 7 %, proches de ceux des cellules à base de
polymères (8 à 9 %).
Cependant, ces molécules relativement complexes sont
difficiles à produire. Les plus performantes nécessitent jusqu'à 12
étapes de synthèse avec un rendement global inférieur à 0,10 %,
difficilement compatible avec une production à l'échelle industrielle.
Voilà pourquoi les chercheurs de l'Institut Moltech-Anjou ont décidé
d'intégrer dans la conception de nouvelles molécules les contraintes
propres à l'industrie en matière de rendement de synthèse, de coût et
de respect de l'environnement.
Rendement de 4 % avec des molécules bon marché
Le premier pas de leur démarche a consisté à rechercher les molécules les plus simples présentant un effet photovoltaïque intéressant.
Ils ont ainsi choisi de travailler sur une famille de molécules à base
de triarylamines, qui peuvent être synthétisées en peu d'étapes. Ils ont
ensuite cherché à optimiser certaines propriétés de ces molécules :
capacité d'absorption de la lumière,
niveaux d'énergie, stabilité ou encore mobilité des charges
électriques. À partir de ces structures minimalistes, ils ont réalisé un
travail d'ingénierie moléculaire en ajoutant, selon les besoins,
certains types de liaisons ou de groupements chimiques.
Ils ont ainsi développé des molécules de faible
masse moléculaire, dont le rendement de conversion électrique est
d'environ 4 %. C'est l'un des rendements les plus élevés obtenus avec
des molécules de structure aussi simple. Ces molécules peuvent être
synthétisées avec d'excellents rendements. Les recherches se poursuivent
afin d'améliorer à la fois les performances des cellules photovoltaïques et les procédés de synthèse. L'un des objectifs est de limiter l'utilisation de réactifs ou de solvants toxiques et de catalyseurs coûteux, afin que ces molécules puissent s'intégrer à des dispositifs photovoltaïques pouvant être fabriqués à grande échelle.