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Le numérique nous renvoie-t-il aux Temps Modernes... de Chaplin?
A lire sur: http://www.usinenouvelle.com/article/le-numerique-nous-renvoie-t-il-aux-temps-modernes-de-chaplin.N186809
Par Emmanuelle Delsol -
Publié le
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"Avec les outils du numérique, dans les centres d'appel, les agents
lisent sur un écran des dialogues pré-écrits pour eux, leurs pauses pipi
sont minutées, ... Ce sont les nouveaux Temps Modernes !" A la
provocante évocation par Christian Mathorel, secrétaire général CGT
telecoms, au film de Charlie Chaplin sorti en 1936, Guy Mamou-Mani,
président du Syntec numérique n'a pu réprimé un soupir... "La discussion
était pourtant bien partie, sur la vision du numérique, et vous nous
faites revenir dans la réalité!" a-t-il regretté.
Cette conversation entre Christian Mathorel et Guy Mamou-Mani a eu lieu à l'occasion d'une table ronde du forum Big Tent Paris, organisé par Google
ce lundi 26 novembre. Le sujet : "l'industrie européenne sera-t-elle
sauvée par le numérique ?" Et forcément, la discussion était plutôt
partie sur le ton du "numérique, c'est fantastique." Et effectivement,
comme le sujet est loin d'être au premier plan en France, tous les
arguments qui risquent de freiner son développement sont contrariants...
« Plutôt que de renationaliser les hauts-fourneaux, investissons dans
le numérique, » a même lancé plein d'enthousiasme Guy Mamou-Mani. Et de
plus en plus d'études prouvent que le numérique (qu'il s'agisse du
secteur ou du moyen) est source de croissance pour les états, source de
performance des entreprises, y compris industrielles (www.usinenouvelle.com/article/le-numerique-atout-de-performance-pour-les-industriels-aussi.N186722), et donc sources d'emplois.
Pour autant, faut-il se voiler la face ? Faut-il en
particulier nier la dégradation des conditions de travail et la
destruction d'emploi liées au numérique ? C'est bel et bien lui qui
permet, dans les call centers, une automatisation des tâches peu
humaines. Que dire de la disponibilité permanente des cadres, en
particulier, depuis l'arrivée des smartphones, sujet de stress? Stress
lié aussi à l'efficacité en temps réel exigée par les entreprises en
contact permanent avec leurs employés.
On pourrait même évoquer les conditions de travail dans le monde du numérique,
même si la situation est un peu plus complexe : dans le monde
merveilleux d'Internet, les salles de gym, la nourriture et les boissons
gratuites à volonté, les espaces de jeux sont aussi des moyens de
garder les employés le plus longtemps possible sur leur lieu de travail.
L'an dernier, des employés d'Amazon
se sont plaints des cadences mais aussi d'une chaleur de l'ordre de
38°C dans certains entrepôts... et cela se passait aux USA...
Inutile d'aller plus loin en rappelant le plan de suppressions de postes chez Alcatel-Lucent, ceux de SFR
et Bouygues Telecoms, les fermetures de boutiques chez The Phone House,
ou l'impossible transfert de compétences entre les secteurs industriels
historiques qui dégraissent et le numérique qui recrute... c'est encore
un autre sujet.
Alors certes, Christian Mathorel use d'une rhétorique attendue de la
part de la CGT : "toute révolution doit conduire au progrès social,» qui
peut perturber les adeptes du numérique habitués à parler croissance et
accélération. Pour autant, et sans remettre en cause l'importance
d'aller de l'avant, faut-il éluder sa question : « quelle est
aujourd'hui la véritable finalité du numérique?" Cette troisième
révolution industrielle est inévitable et attendue. Et elle n'a aucun
intérêt à rejouer les Temps Modernes.
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