A lire sur: http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/technologie-1/d/une-puce-electronique-rechargee-par-loreille-interne_42652/#xtor=EPR-17-[QUOTIDIENNE]-20121116-[ACTU-une_puce_electronique_rechargee____par_l_oreille_interne]
Par Sylvain Biget, Futura-Sciences
L'oreille interne
produit de l'électricité. Faiblement et irrégulièrement, mais cela
suffit à alimenter un circuit électronique peu gourmand, ce qui pourrait
être suffisant pour rendre des implants autonomes. Des chercheurs viennent de le montrer en équipant un cochon d'Inde d'un émetteur radio...
Des chercheurs du MIT, du Massachusetts Eye and Ear Infirmary (MEEI) et du Département des sciences et techniques de la santé
piloté par l’université Harvard et le MIT, ont travaillé sur une
étonnante source d'alimentation pour une puce électronique. Ce minuscule
émetteur radio est en effet alimenté en électricité avec les ressources
biologiques de l’oreille interne d’un mammifère, en l’occurrence un cochon d’Inde.
Les scientifiques savent depuis 60 ans que cette oreille interne renferme une véritable minicentrale de production électrique. Tout se passe au niveau de la cochlée,
aussi appelée limaçon. Le fonctionnement de cet élément, qui ressemble à
une coquille d’escargot, s'apparente à celui d’une batterie. Une pompe à
ions induit des différences de concentrations en ions sodium et potassium de part et d'autre d'une membrane, séparant l'endolymphe
de la périlymphe, générant ainsi une petite tension électrique, qui se
mesure en dizaines de millivolts. Toujours présente, bien que variable,
cette différence de potentiel sert à produire le signal nerveux
(électrique) envoyé sur le nerf auditif et modulé par les variations de
pression de la périlymphe, lesquels sont liées aux vibrations du tympan.
Dans la partie A, ce schéma de l’oreille interne permet d’identifier la cochlée (cochlea). La puce électronique (endoelectronics chip) est installée dans l'oreille moyenne (middle ear), là où se trouvent les osselets (ossicles). Les 2 électrodes viennent percer la fenêtre ronde (round window).
Le volet B montre l’intérieur de la cochlée avec les deux canaux
contenant la périlymphe et le canal cochléaire qui contient
l'endolymphe. Les différences de concentrations en ions sodium (Na+) et potassium (K+) génèrent une tension électrique de 70 à 100 mV, recueillie par les électrodes. © Nature
Une puce (faiblement) alimentée par l'oreille interne
Pour leur expérience, c’est à l'entrée de la cochlée
que les scientifiques ont posé des électrodes. Ils ont exploité cette
capacité à produire de l’électricité pour alimenter les composants
électroniques sans altérer l’audition.
Sur cette puce se trouvait un émetteur radio qui, pour cette
expérience, transmettait des informations sur les conditions chimiques
de l'oreille interne.
Pour consommer le moins d’énergie possible, le
dispositif a été placé à l’extérieur de l’oreille de l'animal. Ainsi,
les ondes pouvaient être émises sans avoir à traverser la peau.
L’énergie dégagée par l’oreille interne est très
faible, et de plus irrégulière. Plutôt que d'alimenter directement
l'émetteur radio, l'électricité générée est temporairement accumulée
dans un petit condensateur, dont la charge complète exige entre 40 secondes et 4 minutes.
Les tests sont concluants mais il faudra plusieurs années avant de pouvoir implanter
un dispositif électronique dans l’oreille interne d’un être humain.
D'après les chercheurs, ce type d'appareillage pourrait servir à
alimenter un implant cochléaire
ou un autre dispositif interne (mais il faudrait qu'il soit très peu
gourmand en électricité). La technique pourrait aussi permettre de
surveiller l'activité de l'oreille pour détecter un dysfonctionnement.
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