mardi 5 juillet 2011

Une découverte japonaise pourrait bouleverser le marché des terres rares

04/07 14:55 mis à jour le 05/07 à 10:24 Yann Rousseau 3commentaires
Une découverte japonaise pourrait bouleverser le marché des terres rares
Des chercheurs affirment qu'ils ont découvert de gigantesques réserves de terres dans des boues couvrant le fond de l'océan Pacifique près d'Hawaï et de Tahiti. La Chine contrôle actuellement plus de 90 % du commerce mondial de ces substances métalliques nécessaires à la fabrication d'iPads, d'éoliennes ou d'écrans plats.
Ecrit par Yann ROUSSEAUCorrespondant à Tokyo

A plus de 3.000 mètres au fond de l'océan Pacifique, des scientifiques japonais ont fait, l'an dernier, une découverte qui pourrait potentiellement bouleverser le marché mondial des terres rares, aujourd'hui contrôlé à plus de 90 % par la Chine.
Lundi 4 juillet, Yasuhiro Kato, un chercheur de l'Université de Tokyo a confirmé pour la première fois, dans une étude publiée par le journal « Nature Geoscience », que son équipe d'experts avait réussi à identifier dans des boues prélevées au fond de l'océan Pacifique de gigantesques quantités de gadolinium, lutetium, terbium et autre dysprosium qui sont des éléments clefs de la production d'écrans plats, d'iPads, de voitures hybrides ou d'éoliennes.
Des réserves 1.000 fois supérieures à celles déjà recensées
Après avoir multiplié les analyses sur 78 sites, situés entre 3.000 et 6.000 mètres de profondeur dans des eaux internationales autour d'Hawaï et à l'est de Tahiti, les chercheurs japonais estiment que le sous-sol du Pacifique contiendraient potentiellement des réserves de terres rares 1.000 fois supérieures à celles actuellement recensées dans le monde.
Selon une récente étude américaine, la terre n'abriterait, pour l'instant, en surface que 110 millions de tonnes de ces métaux rares. Dans son article, Yasuhiro Kato évoque, lui, un volume sous-marin proche des 100 milliards de tonnes. Sur les zones les plus riches, assure-t-il, l'exploitation des sédiments sur une surface de 5 kilomètres carrés suffirait à couvrir un an de demande mondiale.
Les autorités japonaises encouragent depuis l'an dernier leurs industriels à réduire leur consommation de terres rares et leurs scientifiques à trouver des sources d'approvisionnement hors de Chine, où les groupes nippons sourcent pour l'instant 97 % de leurs besoins.
Tokyo se rappelle avec angoisse que le pouvoir communiste chinois avait organisé en septembre 2010, en pleine crise diplomatique entre les deux géants asiatiques, un embargo sur les exportations de ces substances métalliques vers l'archipel. Si cette interruption, que n'a jamais reconnu Pékin, n'avait pas bouleversé le travail des usines nippones, elle avait poussé plusieurs gouvernements en Asie et en Occident à revoir leur propre stratégie d'approvisionnement.
En mars dernier, la France avait elle-même lancé les travaux d'un Comité pour les Métaux Stratégiques (COMES). Un mois plus tard, Tokyo avait entamé la construction de bâtiments et d'un quai sur l'ile d'Okinotori, située tout au sud de l'archipel, pour faciliter des missions de recherche sous-marine de terres rares dans les fonds entourant l'atoll.
Des réserves sous-marines facilement exploitables
Les chercheurs de l'équipe de Yasuhiro Kato assurent que les réserves sous-marines peuvent être assez facilement exploitées. D'énormes quantités de sédiments devraient être remontées en surface sur des bateaux usines pour être rincées dans des bains d'acide isolant les substances rares.
« En quelques heures nous pourrions extraire 80 % à 90 % des terres rares de ces boues », assure le géologue, qui ne se prononce toutefois pas, dans son étude, sur la rentabilité d'une telle exploitation. Il laisse entendre que plusieurs pays devraient s'associer pour financer ce type de travaux.
Lundi, les analystes du secteur semblaient d'ailleurs estimer que plusieurs années seraient nécessaires avant que ces nouvelles mines n'impactent réellement le marché mondial de terres rares.
Avant de lancer une quelconque exploitation dans les eaux internationales, l'équipe japonaise rappelle encore que les chercheurs devront obtenir l'aval de l'Autorité internationale des Fonds Marins, dépendante de l'ONU.
YANN ROUSSEAU, CORRESPONDANT À TOKYO A.P.

http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/finance-marches/actu/0201486327170-une-decouverte-japonaise-pourrait-bouleverser-le-marche-des-terres-rares-189531.php?xtor=EPR-1500-[la_une_matin]-20110705-[s=461370_n=3_c=306_]-361033@1

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