mardi 5 juillet 2011

Bouygues Telecom casse les prix pour les mobinautes

05/07 07:00 Solveig Godeluck
Bouygues Telecom casse les prix pour les mobinautes
Seuls les opérateurs virtuels avaient jusqu'à présent réduit autant les prix des offres illimitées voix/SMS. Les mobinautes clients de B & You ne bénéficieront pas de l'accompagnement et du SAV classique de Bouygues. Ils ne s'engageront pas.
Ecrit par Solveig GODELUCK

Ne l'appelez pas Bouygues Telecom : c'est un forfait B & You. Le troisième opérateur a annoncé hier le lancement à partir du 18 juillet d'une offre mobile à prix cassé, sous une nouvelle marque. Pour 24,90 euros, les clients pourront passer des appels ou envoyer des SMS à volonté, ou se connecter à Internet en Wi-Fi. S'ils paient 36,90 euros par mois, ils auront en plus droit à 500 mégaoctets de connexion en mobilité (3G) et l'autorisation de téléphoner via Internet afin d'éviter de payer très cher les appels internationaux. Pour Stéphane Beyazian, analyste chez RJEE, le rabais total est de l'ordre de 50 % par rapport aux prix moyens (25 euros pour 135 minutes de communications). B & You se compare aux offres illimitées des opérateurs virtuels Numericable (25 euros pour les clients fixes), Virgin Mobile ou La Poste. Des tarifs bien plus bas que ceux pratiqués par Orange et SFR et même Bouygues Telecom, autour de 80-90 euros.
Et, pourtant, assure Frédéric Ruciak, directeur général adjoint de Bouygues Telecom, « l'économie générale de B & You est semblable à celle d'un forfait normal » : il n'est ni ruineux ni excessivement profitable pour l'opérateur. C'est possible, car le client ne s'engage pas, donc le groupe n'a pas non plus besoin de subventionner le terminal, vendu via Internet au prix de revient. Cela n'est pas seulement une concession à l'air du temps - l'Arcep et Bercy militent pour une réduction des durées d'engagement du consommateur. C'est aussi une belle économie : le coût d'acquisition dépassant généralement 200 euros pour « ferrer » un abonné, en comptant la formation des vendeurs et le marketing.
La cible : les jeunes urbains
La clef de ces prix réside dans la cible : entre 20 et 35 ans, plutôt urbains, et « autonomes » sur le Web. Les clients devront être capables d'aller chercher eux-mêmes de l'assistance sur les forums ou les réseaux sociaux... car ils n'auront pas accès au service après vente et à l'accompagnement classique de Bouygues Telecom. S'ils se présentent en boutique, ils se casseront le nez. Ils n'auront qu'une hot line et une foire aux questions sur le Web. B & You a déjà ouvert des comptes Facebook et Twitter, et compte labelliser des internautes « experts » capables d'aider les autres. Et si la cible n'était pas suffisamment claire, le groupe a posté une bande-annonce à l'adresse de ceux qui « font davantage confiance à leur appli météo qu'au ciel » : « Vous en savez plus, vous avez le pouvoir, vous payez moins », conclut la vidéo.
B & You pourrait intéresser les internautes très « autonomes » abonnés chez Free. L'opérateur fixe va se lancer dans le mobile vers janvier et cette attente crée de la fébrilité sur le marché. Caroline Lehericey, qui dirige l'équipe d'une vingtaine de collaborateurs chargée de la nouvelle marque, met en avant son « esprit start-up » : « Notre offre doit rester simple et pérenne, mais elle pourra évoluer en fonction des demandes. Nous fonctionnons nous-mêmes en autonomie, centrés sur nos clients. » Ils réclament déjà la possibilité de se servir de leur « smartphone » comme un modem : c'est envisageable, peut-être en option payante, souligne-t-elle.
B & You a un troisième atout pour maîtriser ses coûts : c'est la tarification de l'Internet mobile proportionnée à la consommation réelle. En effet, au-delà de 500 mégaoctets de données, au lieu de brider le débit pour limiter les téléchargements et les applications gourmandes, la connexion est carrément coupée, ce que testent déjà SFR et Orange. Le client reçoit quelques SMS d'alerte à l'approche du seuil fatidique. Il peut alors acheter des recharges 3G à 5 centimes le mégaoctet. Pour Edouard Barreiro, d'UFC-Que Choisir, B & You représente un vrai progrès. Il salue l'absence d'engagement. Surtout, il souligne l'écart de prix - 12 euros -entre la version Wi-Fi et la version 3G du même forfait : « Le marché révèle sa vérité. Le réseau 2G est déjà bien amorti et ne souffre pas de problèmes de capacités, ce qui permet d'offrir des prix bas pour la voix. En revanche, la 3G est plus rare, d'où le surcoût pour les données. » On commence à cerner le prix réel de l'Internet mobile.
SOLVEIG GODELUCK, Les Echos

http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/tech-medias/actu/0201486453673-bouygues-telecom-casse-les-prix-pour-les-mobinautes-189721.php?xtor=EPR-1500-[la_une_matin]-20110705-[s=461370_n=3_c=304_]-361033@1

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire