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Le 3 mai 2013 à 08h37, Par Laurent Sacco, Futura-Sciences
Le graphène est souvent présenté comme le matériau miracle de l'électronique du futur, assurant la pérennité de la loi de Moore. Mais les semi-conducteurs classiques n'ont pas dit leur dernier mot, comme le prouve un travail récent sur le germanane.
Le transistor a été inventé le 23 décembre 1947 par
John Bardeen, William Shockley et Walter Brattain. Il s’agissait
d’obtenir un composant électronique plus petit et plus pratique que les tubes à vide
qui demandaient une dizaine de secondes de chauffage, généraient une
consommation importante et nécessitaient une source de tension élevée
(plusieurs centaines de volts). Ce fut un succès, et les trois chercheurs des Bell Labs reçurent le prix Nobel de physique en 1956 pour cette découverte.
Les premiers transistors (de l’anglais transfer resistor, résistance de transfert) étaient basés sur le germanium. Mais rapidement, ce fut le silicium qui remplaça ce semi-conducteur. De nos jours, on mise beaucoup sur le graphène
pour l’obtention d’une nouvelle génération de composants électroniques
plus petits et plus rapides encore. L’Union européenne l’a bien compris
en finançant des projets de recherche sur ce matériau miracle
qu’est le graphène. Malheureusement, on est encore loin d’une
utilisation commerciale de dispositifs électroniques avec celui-ci, car
il y a de nombreux obstacles.


Des feuillets de germanane observés au microscope. L'image est en fausses couleurs. © Elisabeth Bianco et al., ACS Nano
Des transistors du futur en graphène ou en germanane ?
De plus, des chercheurs de l’université d’État de l’Ohio viennent de publier dans ACS Nano
un article qui montre que le graphène pourrait bien, par un étonnant
retour des choses, être concurrencé par le germanium. Probablement
inspirés par des cousins du graphène, à savoir le graphane ou le fluorographène,
les chimistes ont annoncé qu’ils étaient parvenus à créer en quantité
suffisante ce que l’on appelle du germanane, un matériau basé (comme son
nom l’indique) sur du germanium. En pouvant cette fois-ci mesurer
correctement ses propriétés électriques, ce matériau s’est révélé
prometteur, à l’instar des premiers transistors.
Joshua Goldberger, professeur adjoint de chimie à
l’université d’État de l’Ohio, a commenté son travail et celui de ses
collègues en ces termes : « La plupart des gens pensent que
le graphène est le matériau électronique de l'avenir. Mais le silicium
et le germanium sont toujours les matériaux
du présent. Ils ont bénéficié de 60 ans de recherches consacrées à
l'élaboration de techniques pour fabriquer des puces avec eux. Donc,
nous avons recherché de nouveaux matériaux à base de silicium et de
germanium avec des propriétés avantageuses, mais que l’on peut obtenir à
moindre coût que le graphène et en utilisant la technologie existante
».
Du germanane dans des cellules photovoltaïques ?
Cela s’est avéré payant, puisque les feuillets de germanane conduisent les électrons 10 fois plus vite que dans le silicium et 5 fois plus vite que dans le germanium. De plus, il a le potentiel de permettre des cellules photovoltaïques 100 fois plus minces.
Pour l’obtenir, les chercheurs ont d’abord créé un sandwich de couches monoatomiques de germanium avec des atomes de calcium entre les couches. Avec du germanium pur, les tentatives de clivage pour obtenir l’équivalent des feuillets de graphène à partir du graphite
se seraient soldées par des échecs, car les feuillets isolés auraient
été très instables. Le sandwich a ensuite été plongé dans de l’eau pour
éliminer les atomes de calcium et permettre qu’ils soient remplacés par
des atomes d’hydrogène.
Le germanane obtenu est encore plus stable chimiquement que le silicium traditionnel. Il ne s'oxyde pas à l'air et à l'eau. Cela rend le germanane facile à travailler avec des techniques classiques de fabrication de puces.
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