A lire sur: http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/technologie-1/d/open-hardware-bientot-des-armes-a-feu-imprimables-en-3d_46217/#xtor=EPR-17-[QUOTIDIENNE]-20130504-[ACTU-open_hardware_:_bientot_des_armes_a_feu_imprimables_en_3d]
Le 3 mai 2013 à 10h22
Par Sylvain Biget, Futura-Sciences
Malgré l’idéal de libre partage qu’il véhicule, l’open hardware peut
aussi servir à fabriquer des armes à feu. Adepte à la fois de cette
philosophie et des armes, un jeune Américain compte publier, d’ici une
quinzaine de jours, l’ensemble des fichiers nécessaires à la
construction d’un véritable fusil d’assaut fonctionnel à partir d’une
imprimante 3D.
Les Maker Faire, ces rassemblements qui comptent de plus en plus d’adeptes pour promouvoir l’open hardware, sont en plein essor avec l’arrivée des imprimantes 3D et leur potentiel extraordinaire. La philosophie de l’open hardware consiste
à permettre à tout un chacun de se réapproprier gratuitement des
technologies, et même de les améliorer. Pour cela, l'outil
qu'affectionnent particulièrement ses partisans est l'imprimante 3D.
Avec elle, les exemples de réalisations spectaculaires ne manquent pas
depuis quelques années.
Ainsi, pour n'en citer que quelques-uns, dans le domaine médical, un implant imprimé en 3D a permis de remplacer 75 % du crâne d’un patient malade aux États-Unis. Dans le film Skyfall, le dernier James Bond, pour un bon réalisme mais un budget plus serré, c’est une réplique imprimée en 3D de l’Aston Martin DB5 qui a été détruite. Enfin, même l’Esa
compte utiliser des imprimantes 3D pour construire des abris lunaires.
Toutefois, plus près de nous et du quotidien, elles peuvent créer des
pièces identiques aux originales pour réparer diverses machines, plutôt
que de les remplacer par des neuves.


L’arme
en plastique est une réplique fonctionnelle de l'AR-15, autrement dit
la version civile d’une arme automatique de guerre de calibre 5,56 mm.
Elle a été réalisée à partir d’une imprimante 3D et ne compte qu’une
seule pièce métallique : le percuteur. © Defense Distributed, Wiki Weapon Project, DXL Liberty, YouTube
Wiki Weapon Project, l’open hardware au service des armes
D’emblée, l’open hardware semble promu par
des personnes plutôt pacifiques et affables. Mais voilà, comme il n’a
pour limites que l’éthique de chaque contributeur, la boîte de Pandore
peut rapidement se retrouver grande ouverte. Car, s’il est possible de
fabriquer tout ce que l’on peut imaginer avec les imprimantes 3D,
pourquoi en serait-il autrement pour les armes ?
Pour défendre cette cause, Cody Wilson, un jeune Américain, a fondé une association baptisée Defense Distributed, dont le but est de promouvoir l’open hardware pour la fabrication d’armes à feu. Il a regroupé ces travaux sous la dénomination Wiki Weapon Project.
Actuellement, la grande majorité des modèles et fichiers d’objets 3D prêts à imprimer sont rassemblés sur le site communautaire Thingiverse,
édité par le constructeur d’imprimantes 3D MakerBot. Or, ce dernier a
refusé de mettre à disposition les fichiers permettant de fabriquer une
arme à feu. C’est donc via un autre site collaboratif, appelé Defcad
et géré par Defense Distributed, que les amateurs potentiels peuvent
partager des plans d’armes et des fichiers SolidWorks généralement
employés pour réaliser des objets en relief. À partir de ces documents,
les internautes pourront créer toutes les pièces d’une arme grâce à une imprimante 3D et les assembler.
Une vraie arme de guerre… à fabriquer soi-même
Ces armes en plastique ne sont absolument pas des
jouets ni des répliques inoffensives, mais bien de véritables fusils
d’assaut dotés de chargeurs avec de vraies balles. Dans une vidéo postée
sur le compte YouTube de son association, Cody Wilson en fait même la
démonstration. Il a édité une réplique d’AR-15 (Armalite-15), un modèle civil du fusil d’assaut M16
employé par l’armée américaine depuis la guerre du Vietnam. L'arme
n'est pas au point : la crosse s’est brisée après seulement six coups de
feu. Elle était toutefois fonctionnelle et une seule de ses balles
suffit à donner la mort... Lors d’une démonstration précédente, un autre
Américain, se cachant derrière le pseudonyme de HaveBlue, était parvenu à tirer 200 cartouches de calibre 5,5 mm avec une arme de poing imprimée en 3D.
L’AR-15 de Cody Wilson est, quant à elle, simplement
conçue à partir de 12 pièces et d’un seul élément métallique : le
percuteur. Pour sa fabrication, l’imprimante 3D utilise un filament en thermoplastique ABS
(pour acrylonitrile, butadiène et styrène). Il s’agit du même type de
matériau employé pour la construction de certains éléments de
carrosserie de voitures actuelles. Un plastique robuste donc, mais susceptible de fondre si les tirs sont répétitifs.
Jusqu’à maintenant, les éléments d’arme disponibles sur le site ne suffisaient pas encore à imprimer une arme
entière en 3D. Mais aujourd’hui, Cody Wilson vient tout juste
d’expliquer que l’ensemble des fichiers permettant d’assembler ce fusil
d'assaut sera mis à disposition du public d’ici moins de deux semaines.
Des armes indétectables par les systèmes de sécurité
Il semble difficile pour le moment d’interdire à
Defense Distributed d’aller plus loin, puisque les autorités américaines
ont accordé à Cody Wilson une licence officielle de distributeur
d’armes à feu en janvier dernier. De plus, aux États-Unis, leur
fabrication pour un usage personnel est autorisée.
Malheureusement, les câbles Internet
ne s’arrêtent pas aux frontières américaines, et le contenu mortifère
de Defense Distributed pourrait être téléchargé et imprimé par n’importe
qui sur la planète. Reste à savoir si ce « n’importe qui » ne fera pas «
n’importe quoi » avec cette arme, aussi fragile soit-elle. Enfin,
dernier souci,
et non des moindres : créer une arme dont l’essentiel des pièces est en
plastique permet, lorsqu’elle est démontée, de la rendre indétectable
par les systèmes de contrôle et les portiques des aéroports.
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