jeudi 21 juillet 2011

Ce diable de Steve Jobs

Par Philippe Delaroche (Lire), publié le 20/07/2011 à 14:30


Ce diable de Steve Jobs

Steve Jobs montre l'iPhone 4 au président russe Dimitri Medvedev lors de sa visite à Cupertino, le 23 juin 2010.

REUTERS

Souris en main, le créateur d'Apple a obstinément défriché le champ de l'informatique. Souvent envers et contre tous.

Après avoir contribué au succès de la micro-informatique, il a changé notre quotidien, pour le meilleur ou pour le pire, en répandant ces fruits de la technologie, imités depuis, qui ont nom iPod, iPhone, iPad. Mais comment le même homme a-t-il pu, à 21 ans, lancer une entreprise comme Apple alors que balbutiait la micro-informatique, devenir millionnaire à 25 ans à la faveur de l'entrée en Bourse, passer bientôt pour incompétent au point de se faire chasser à 30 ans par son conseil d'administration, pour, en définitive, et malgré l'échec entre-temps de la tentative de revanche qu'avait représentée NeXT, devenir dix ans plus tard un sauveur, jusqu'à être appelé à reprendre les commandes d'Apple ? Nourri de Bob Dylan et de contre-culture, Steve Jobs, explique Daniel Ichbiah dans cette biographie au rythme enlevé, qui fait pendant à un précédent portrait de Bill Gates, est doué d'un charisme et d'une force de conviction si exceptionnels que personne n'est capable de lui résister, à l'exception de Bill Gates, son frère ennemi.

Mais qu'importe ses accès d'autorité, de colère et un entêtement de fer qui, tour à tour, l'ont servi et desservi, le créateur d'Apple, souligne encore Daniel Ichbiah, a su tirer le meilleur parti de ses deux ressources majeures : celle d'un découvreur et d'un assembleur de talents, jointe à celle d'un visionnaire constamment porté par le désir de révolutionner le monde positivement, en prenant exemple plutôt sur Thomas Edison que sur Karl Marx, en y injectant du beau, de l'intelligence, du pacifique, du bien, du convivial. Sous ce dernier angle, pouvait-on s'attendre à autre chose de la part de celui qui a déclaré être prêt à échanger "toute la technologie contre un après-midi avec Socrate" ?

Daniel Ichbiah rend justice aux petits soldats qui, autour de Jobs, ont été les coauteurs du succès d'Apple : Steve Wozniak, le plus ancien de ses amis, concepteur de l'Apple II ; Andy Hertzfeld, de ceux qui mirent au point le premier Mac, etc. "Il n'y a que deux espèces de plans de campagne, estimait Napoléon, les bons et les mauvais. Les bons échouent presque toujours par des circonstances imprévues qui font souvent réussir les mauvais." Ainsi Steve Jobs n'aurait pu se rétablir avec autant d'éclat s'il n'avait pas racheté à George Lucas, presque distraitement et pour pas cher, le studio d'images de synthèse qui, après le triomphe de Toy Story, lui apporta la fortune. Paradoxe : à l'opposé de son comportement tatillon et cassant au sein d'Apple, Steve Jobs ne s'est jamais mêlé de la marche de Pixar, le studio dirigé par John Lasseter !

http://www.lexpress.fr/culture/livre/ce-diable-de-steve-jobs_1013585.html

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