Par Janlou Chaput, Futura-Sciences
Une puce sans fil et programmable capable
de délivrer des médicaments à l’intérieur du corps vient de réussir les
premiers tests cliniques chez l’Homme. Huit patientes souffrant d’ostéoporose ont pu en profiter. Une première mondiale qui ouvre des perspectives conséquentes !
L’ostéoporose est une pathologie
qui se caractérise par la fragilisation du squelette à cause d’une
diminution de la masse osseuse. Il existe des traitements contre cette
maladie, fréquente chez les femmes ménopausées, parmi lesquels le teriparatide, une molécule analogue à la parathormone, stimulant la formation osseuse.
Malheureusement, seul un patient sur quatre suit
scrupuleusement la posologie du traitement, et cela se répercute
inéluctablement sur l’efficacité de la thérapie. En cause notamment, la douleur provoquée par l’injection sous-cutanée au niveau de l’abdomen que les personnes malades doivent pratiquer une fois par jour.
C’est notamment pour résoudre ce problème que des chercheurs du MIT et l’entreprise MicroCHIPS
ont mis au point une puce sans fil et programmable, intégrée
directement dans le corps du patient, capable de délivrer les doses
quotidiennes de médicaments. Les tests cliniques
effectués sur huit Danoises âgées de 65 à 70 ans ont montré qu’il y
avait autant de sécurité et d’effets bénéfiques que l’injection
traditionnelle. Les résultats sont publiés dans Science Translational Medicine.
Une efficacité comparable à l’injection sous-cutanée de teriparatide
Pour l’ensemble des sujets, l’implantation de la puce (dimensions : 5 cm × 3 cm) s’est déroulée sous anesthésie
locale et a duré moins de 30 minutes. Elle consiste en une vingtaine de
puits contenant chacun 600 nanolitres de principe actif, et fermés par
une fine couche de titane ou de platine.
Grâce à un minuteur ou une télécommande sans fil, un léger courant
électrique est appliqué sur un ou plusieurs puits, faisant fondre le
couvercle de métal et libérant ainsi le médicament dans l’organisme.
L'ostéoporose est une maladie fréquente. Elle résulte d'un déséquilibre dans l'activité des ostéoblastes, cellules synthétisant l'os par rapport aux ostéoclastes, des cellules qui dégradent le tissu osseux. Souvent, cette pathologie apparaît avec l'âge et surtout après la ménopause chez les femmes, à cause de la chute des taux hormonaux. Sur cette radio, une colonne vertébrale présentant des multiples fractures dues à l'ostéoporose. © Glitzy queen00, Wikipédia, DP
Malheureusement, dans ce genre de configuration, le système immunitaire a tendance à encapsuler les éléments étrangers dans une vésicule de collagène.
L’expérience consistait donc à s’assurer que le teriparatide allait
franchir cette barrière et effectivement rejoindre la circulation. Les
paramètres pharmacocinétiques montrent bel et bien que les résultats
sont tout à fait comparables, et même un peu meilleurs dans le cas de la
puce, que pour l’injection sous-cutanée.
Pour évaluer l’efficacité du traitement, les
chercheurs ont relevé les taux de plusieurs molécules, dont PN1P, un
biomarqueur de la formation osseuse et CTX, qui révèle quant à lui
l’intensité de la résorption des os. Pour tous ces paramètres, la puce fait aussi bien que la méthode conventionnelle.
Une puce prototype avant d’autres bien plus efficaces
Pour l’heure, les tests n’ont été menés que sur une
période d’un mois, après que le dispositif a été laissé durant deux mois
dans l’organisme afin qu’il s’accoutume au matériel médical et qu’il
synthétise la barrière de collagène. Mais les analyses montrent que la
puce a une viabilité d’au moins un an. Et MicroCHIPS est en train
d’élaborer des implants capables de contenir assez de réservoirs pour tenir aussi longtemps.
Ces résultats dépassent le cadre de l’ostéoporose.
Si cette pathologie a été choisie ici comme modèle, les chercheurs
envisagent d’élargir leur champ d’action aux maladies cardiovasculaires,
aux scléroses multiples, au cancer et à la douleur chronique. Avant probablement de revoir à la hausse leurs ambitions.
Il se dit même qu’ils travaillent sur la mise au point d’une puce dotée d’une véritable pharmacopée. Équipée de capteurs pour détecter les changements métaboliques anormaux, comme la glycémie,
elle pourrait administrer le principe actif qui convient. Cela relève
encore de la science-fiction. Mais à la vitesse à laquelle se
développent les technologies, ce futur n’est peut-être pas si lointain.
http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/medecine/d/une-puce-programmable-delivre-les-medicaments-dans-lorganisme_36871/#xtor=EPR-17-[QUOTIDIENNE]-20120220-[ACTU-une_puce_programmable_delivre_les_medicaments_dans_l_organisme]
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