samedi 19 novembre 2011

Google et la guerre des plate-formes

18/11 | 07:00 | PAR PHILIPPE ESCANDE
Ecrit par
Philippe ESCANDE
Philippe ESCANDE Editorialiste

Depuis le temps qu'elles font route vers le même point, les quatre stars du Web ont fini par entrer en collision. En présentant son service de musique, Google marche sur les traces d'Apple, d'Amazon et de Facebook. Quatre acteurs venus pourtant d'horizons bien différents. En toute logique stratégique, chacun aurait dû se concentrer sur sa spécialité et cultiver patiemment son petit monopole. Le commerce pour Amazon, les ordinateurs et téléphones pour Apple, la recherche pour Google et les réseaux sociaux pour Facebook.
Au lieu de cela, ils prennent tous les quatre un malin plaisir à venir piétiner les plates-bandes de leurs voisins. Ami historique d'Apple, Google s'est invité dans la téléphonie, en challenger de l'iPhone. Puis il est venu chatouiller Facebook dans les réseaux sociaux, avant de s'attaquer au marché de la musique. Ces quatre-là ne tiennent pas en place et illustrent à merveille l'effervescence entrepreneuriale de la côte Ouest des Etats-Unis.
Pourquoi cette agitation brownienne porteuse d'autant de risques que d'opportunités ? Pour deux raisons. D'abord parce que tous les quatre savent que le succès des stars de l'Internet peut être éphémère. Qui se soucie encore d'AOL, de Yahoo! ou de MySpace ? Engagés dans une guerre de mouvement, ils sont condamnés au mouvement permanent. Le Web est instable et impatient.
Ensuite, parce que l'Internet est un monde de flux et non de stock. Dans ce jeu là, il ne faut pas détenir les gares ou les belles avenues, mais les carrefours qui permettent de s'y rendre. Quitte, comme Amazon, à carrément inviter ses concurrents sur son propre site.
C'est la logique de la plate-forme. On a déjà connu cela avec Windows, puis avec les annuaires comme Yahoo! et enfin avec le moteur de recherche de Google. Le maître de l'aiguillage attire l'audience. Mais comme cela ne suffit pas, il cherche désormais à l'emprisonner dans la toile de ses services. Et l'émergence du « cloud computing » facilite la tâche en compliquant le passage d'une plate-forme à une autre.
Chacun fera son choix et pour une fois les fournisseurs de contenu échapperont à la dictature du monopole. Maigre consolation car, dans ce monde comme dans l'ancien, c'est celui qui distribue les cartes qui rafle la mise. Et, malheureusement pour les Européens, ces quatre-là sont tous Américains.

http://www.lesechos.fr/opinions/edito/0201749943616-google-et-la-guerre-des-plate-formes-250843.php?xtor=EPR-1500-[idees_debats]-20111118-[s=461370_n=9_c=901_]-409905656@1

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