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Par Guy Hervier
Vous ajoutez un architecte et un pilote d’hélicoptère et vous avez une société spécialisée dans la numérisation de sites archéologiques en 3D grâce à l’utilisation de drones spécialisés.
Iconem est une jeune société créée il y a un an qui utilise des drones pour numériser en 3D des sites archéologiques. Les deux fondateurs, Yves Ubelmann, architecte, et Philippe Barthelemy, pilote d’hélicoptère, travaillent en collaboration avec l’INRIA, l’ENS et Microsoft Research afin de créer une activité pour la numérisation et l’interprétation du patrimoine archéologique. Iconem travaille aujourd’hui dans une dizaine de pays (l’Afghanistan, le Sultanat d’Oman, Haiti, l’Italie, l’Albanie…) pour des organismes internationaux comme l’UNESCO ou la banque mondiale ainsi que pour de nombreuses missions archéologiques.
Quelles technologies ?
L’innovation dans ce nouveau type de numérisation réside dans l’association de deux technologies :
- la conception de drones de type multicopter, dont les plans de vols peuvent être entièrement automatisés, permettant des prises de vues photographiques rapides et complètes de monuments complexes. Nos machines sont conçues et réalisées en interne pour répondre parfaitement aux besoins des acquisitions.
- la reconstruction 3d photogrammétrique qui permet de reconstituer un modèle 3D à partir d’une grande quantité d’images. Les algorithmes ont été développés par l’INRIA, avec lequel Iconem mène un partenariat pour adapter ces programmes à la reconstruction des sites archéologiques (très haute définition nécessaire) et aux besoins des archéologues pour l’exploitation de ces modèles.
Un outil d’archivage numérique
Iconem a tout d’abord travaillé en Afghanistan, avec la DAFA (délégation archeologique francaise en Afghanistan) et l’Unesco. Le site de MesAynak (au sud de Kaboul) sera complètement détruit dans quelques années car il est situé sur une mine de cuivre. Sur ce site de 2km² a été retrouvé une dizaine de monastères contenant des centaines de sculptures. La solution de numérisation d’Iconem a permis de relever en peu de temps toute l’étendue de ce vaste site, avec une très grande précision sur les monuments et les sculptures. Ce modèle constitue une véritable copie virtuelle conforme au réel.
En réalisant des numérisations chaque année (Iconem travaille annuellement sur le site depuis 2010), il est possible de reconstituer un modèle évolutif qui restitue chronologiquement l’avancée des travaux de fouilles sur ce site, pour retrouver toutes les étapes des travaux des archéologues.
Un outil d’investigation scientifique
Ces modèles virtuels peuvent également servir à centraliser toutes les données utiles à la compréhension du site. C’est pour cette application qu’Iconem travaille sur le site de Pompei, en collaboration avec l’ENS, l’INRIA et Microsoft Research. La villa de Diomede a été intégralement numérisée. Il est possible de superposer sur le modèle 3D les études et les interprétations des archéologues pour une meilleure visualisation, dans l’espace globale de la villa de l’ensemble de leurs travaux.
De la même manière, les anciennes archives photographiques ou dessinées peuvent être repositionnées sur le modèle 3d. Cela permet de retrouver, dans l’espace, les états de conservation anciens encore visibles sur ces documents mais actuellement disparus sur le site. On peut alors endéduire de façon précise les mécanismes d’évolution (dégradation et restauration) des structures archéologiques.
Un outil de partage des connaissances
Enfin, ces modèles photoréalistes permettent de créer des environnements immersifs dans lesquels le visiteur peut se promener librement. Cette possibilité prend un sens particulier dans le cas des sites inaccessibles au public comme c’est le cas pour l’Afghanistan. On redonne l’accès à un territoire éloigné ou dangereux, tant pour le grand public que pour la communauté scientifique des archéologues.
Iconem développe également un projet sur le site de Pompéi, dont l’avenir est assez incertain. « Le problème avec Pompéi, c’est que c’est tellement énorme qu’on a du mal à en avoir une vision précise », expliquait Yves Ubelmann à l’AFP. La technologie a en outre l’avantage d’être rapide. « C’est appréciable quand on intervient dans des régions compliquées politiquement, avec des tensions sécuritaires ».
« Là où on est le plus utile aujourd’hui, c’est là où l’archéologie est menacée, pour au moins garder la mémoire », résume le président d’Iconem.
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